Mission: extraordinaire rencontre ( Fe historiques)

Le moment est venu de gonfler le ballon sur la rive près du fleuve sous l'oeil curieux des autres résidents.

Ordre de passage:

Louis: Tu racontes les derniers préparatifs, tes craintes, tes espoirs, etc.

Achille: idem

Commode...?

Richard idem; tu sais comment clôturer...

Bonne idée ou pas, Louis s’était flanqué un mal de chien avec cette aiguille plantée en force dans son doigt. Achille avait exactement réagi comme prévu et volé à son secours. Pourquoi avait-il insisté pour lui faire avaler de la lave en fusion à nouveau était une bonne question. Au moins était-il débarrassé de la couture, c’était déjà ça de gagné. De plus, l’empereur les avait désertés ce dont Louis ne pouvait que se réjouir.
Lassé du bavardage entre Burton et le héros, vaincu par une journée trop riche en événements, l’ex-roi de France avait senti ses paupières s’alourdir et s’était endormi.
C’est Richard qui le réveilla en douceur pour lui signaler qu’il fallait manger :

Votre majesté, le dîner est prêt.

Merci, Constant, répondit-il dans un demi-sommeil avant de revenir à la triste réalité.

Pourtant une nouvelle le mit en joie : le ballon était terminé. Louis ne le crut qu’à moitié mais désira par lui-même vérifier l’ouvrage. A première vue, l’assemblage semblait correct mais toutes les coutures et collages seraient inspectés soigneusement. Pas question de risquer une fuite en cours de route.
Après s’être gavé de volailles rôties à point, le trio alla présenter ses requêtes au champignon. Burton réclama eau et des machins dans des boîtes en fer qu’il appelait conserves. Achille et lui demandèrent de la viande boucanée, de la bière et quelques instruments en apparence innocents : lames de fer, harpon, cordes.
La nacelle qui devait les supporter était depuis longuement assemblée ainsi que les filins destinés à la coupler au ballon.
La remplir leur demanda encore deux journées de quêtes puis vint le moment d’y installer brûleur et lest. Avant tout, Burton insista pour faire un essai à vide, quitte à tout perdre. Ce fut comme magique ! Très rapidement, sous les yeux ahuris de Louis, d’Achille, et de beaucoup de monde, l’enveloppe flasque s’était gonflée, arrondie pour devenir… gigantesque. Des amarres clouées au sol retenaient l’engin paré au décollage. Puisque ça tenait, Burton décida l’embarquement des provisions et passagers. Il passa le premier.
Où tout cela allait-il les mener ? Louis s’en remettait entièrement au Britannique. Le but visé était la porte entrevue dans son coma. Etait-ce une utopie ? Même si c’était le cas, autant tenter de s’échapper du coin où l’on semblait décidé à les fixer.

Bon cher Louis. Il ne lui serait jamais assez reconnaissant de cette amitié. Un peu bizarre parfois, vu qu'il se contentait de le malmener et aiguiller son esprit déjà assez vif mais enfin, on pouvait dire qu'ils s'entendaient assez bien. Avec Richard, l'affaire tournait autrement, pragmatique au plus haut point, l'anglais restait irréductible dans sa façon d'être...très britannique!

Commode avait eu la brillante idée de disparaitre de leur horizon immédiat, Grand bien lui en fasse. cas contraire, Achille était presque sûr d'avoir dû avoir recours à la force brute...et en ça, il était imbattable, même pour un empereur romain!

Faire des provisions! Il laissa Richard se charger de la liste de choses à demander au champignon. Sir Burton avait largement démontré ses aptitudes!
Le guerrier se prêta placidement à obéir ( pour une fois!) les ordres qu'on lui donnerait et ainsi, ils se virent largement servis en lames de fer, qu'il se chargea de transformer en armes...sait on jamais ce qui attend des glorieux explorateurs dans un monde inconnu? Homme de guerre, Achille se sentait démuni sans un bon glaive ou une lance. Il savait ses mains capables de vaincre un ennemi, mais il fallait aussi compter avec des dangers à distance...ainsi, dédaignant les conseils de Louis quant aux flèches, il s'arrangea pour avoir un arc convenable et...des flèches.

Le prince grec dut s'avouer surpris en voyant l'œuvre de ses doigts étripés se gonfler glorieusement. Richard avait fait un bon travail avec son fameux brûleur, encore heureux qu'il ne se soit pas grillé. La chose marchait à point voulu. On embarqua armes et provisions . Une petite foule de badauds émerveillés et sûrement un peu envieux, s'attroupait pour suivre les derniers préparatifs.

Richard monta le premier, Louis le suivit et Achille ferma la marche. L'homme fort du groupe avait sa mission. C'était lui qui couperait les cordes les retenant à terre. Ils se lançaient aveuglement à l'aventure, poursuivant le rêve de Louis. Une porte. De la trouver...où les mènerait elle? Quoiqu'il en soit, tout serait mieux que cet endroit exigu.

Tu dis quand, Richard!

Au signal donné, il abattit le glaive confectionné en vitesse, certainement pas l'œuvre parfaite d'Héphaïstos, mais effectif tout de même, puisqu'il trancha les cordages sans hésitation, leur permettant de s'élever...

Voler! Atteindre les cieux. N'était ce pas celui là le grand rêve de l'homme?

Dieux miséricordieux, accordez nous la grâce d'atteindre notre but. Sachez que nous ne voulons en aucun cas vous égaler...seulement trouver une sortie!

Chacun prie comme il peut, il estimait que les Dieux de l'Olympe seraient assez sages pour interpréter de la meilleure façon...tant que le fourbe d'Apollon ne s'y mêle pas...

Tout se déroulait à merveille. Sans rechigner aux ordres que distribuait Burton, chacun, à tour de rôle alla au champignon quémander les provisions.
Tout un barda fut récolté. Achille se chargea de confectionner des glaives et ne put s’empêcher de réclamer arc et flèches. Sir Richard aurait bien désiré un fusil mais savait que ce serait refusé. Néanmoins, outre les denrées alimentaires et un peu de matériel, il obtint une colle spéciale dont il avait pris connaissance avec sa lecture approfondie du manuel d’instruction de vol en Montgolfière. Quoiqu’il ne l’avouât pas aux autres, sa plus grande terreur (outre celle de faire flamber l’enveloppe ou de s’écraser contre la falaise par mauvais vent) était de voir le ballon perdre de l’étanchéité.
Tous ses préparatifs, évidemment, ne passèrent pas inaperçus. Difficile de dissimuler tout ce bazar d’autant que le meilleur endroit pour décoller était la rive du fleuve.
Des questions avaient fusé ; Burton les détourna en prétendant qu’il s’agissait d’une expérience. Des petits malins comprirent qu’une réelle tentative d’évasion était en train de se produire. S’ils voulaient en être ils s’abstinrent de le dire, sans doute persuadé que Richard allait tout faire cramer.
Le gaz fuit, Burton l’enflamma ce qui déclencha des oh et des ah à la fois surpris et ravis voire… inquiets.
Inquiet, c’est lui qui le devenait. Richard flairait la concupiscence de certains badauds. Le trio possédait un bel équipement et des provisions, de quoi déjà attiser la convoitise. L’enveloppe majestueuse se gonfla très rapidement à la satisfaction du Britannique qui murmura :

On accélère l’embarquement. Louis, viens.

Il le tira presque dans la nacelle maintenant retenue au cordage ficelé au pieu dans le sol.
Achille n’attendit pas son commandement pour monter à bord mais des mains se tendirent pour l’en empêcher.
La foule réagissait. Menaçants ou suppliants plusieurs voulurent se joindre à eux.

Achille !! beugla Burton qui augmentait le débit du gaz. Coupe_ Coupe_ tout.

Tant pis si des mains y passaient avec l’amarre, il fallait ficher le camp et vite.
Libérée de ses entraves la Montgolfière s’éleva rapidement.

Post MJ

Merci d'avoir suivi.

Seconde partie: vous avez donc décollé avec de petits inconvénients.

Louis: tu racontes tes impressions sur ce vol inédit.

Richard: tu manoeuvres ce truc comme tu peux

Achille tu essayes d'aider, tu donnes tes impressions puis j'interviendrai avec Eole...

Tout s’était bien déroulé jusqu’à l’embarquement. Là, Louis n’avait pas été sans remarquer une certaine nervosité de la part de Richard ce qui, de la part de ce flegmatique, était assez surprenant.
D’une poigne vigoureuse, il hissa le monarque à bord. Puis l’ex-monarque ne comprit à moitié rien de ce qui se passa. Des gens se mirent à crier :

C’est gentil, ils nous disent au revoir, s’émut Louis dans un premier temps.

Temps qui ne dura guère que quelques seconde avant qu’une sorte d’émeute éclate. S’accrochant à Burton, il avait demandé, étranglé :

Ils veulent nous massacrer ou quoi ?

Mais le britannique n’en avait rien à cirer de ses états d’âme ; il le repoussa vivement au point que le digne postérieur du XIVème se retrouva an fond de la nacelle ; coincé entre les tonneaux de boissons et autres vivres. Il voulu rouspéter de ce vil traitement mais déjà la situation empirait. Richard s’occupait fébrilement du brûleur tandis que, quasi désespéré, il ordonnait à Achille enfin à bord :

Coupe ! Coupe tout !

*Tout quoi ? Pas des têtes quand même ?*

Le résultat fut une sensation hautement désagréable. Louis sentit son estomac descendre puis remonter. Le brûleur faisait un bruit d’enfer ; il n’entendait que des bribes des échanges verbaux entre Richard et le héros Grec.
Afin de restaurer un peu de sa dignité, l’ancien roi de France, pataugea un peu avant de se redresser sur ses pieds. Le spectacle que captèrent ses yeux dépassait l’entendement.

Maaaaaamaaaaaaannnnnnnnnnnn !

Tout rapetissait à vue d’œil, la foule levait le poing dans leur direction et ils grimpaient, grimpaient…
Ils étaient au-dessus du fleuve et, là, le teint de Louis vira au vert tendre. Un haut-le-cœur le submergea.
Sans qu’il puisse le retenir, son estomac se vida par-dessus bord. Secoué de nausées, des larmes lui inondant les paupières, Louis se penchait de plus en plus dangereusement vers l’extérieur.
Il entendit un cri mais ne sut réagir. A demi groggy, il se sentit tiré en arrière puis perdit carrément conscience.

Si la situation avait été autre Achille aurait ri des commentaires du Roi Soleil. Il n'y avait que lui pour en faire des pareils. Penser que la foule massée là gueulait pour leur souhaiter un bon voyage ressemblait beaucoup à Louis, décidément en manque d'acclamation ces derniers temps.
Par contre supposer qu'on voulait les massacrer était déjà une idée plus proche de la réalité. En effet, la foule mouvante commençait à se montrer ouvertement agressive et ne semblait pas disposée à les laisser filer comme si rien. Quelques audacieux essayèrent même de se lancer à l'abordage de la nacelle. Achille dut faire valoir la force pour les repousser et se hisser lui même à bord. L'exhibition du glaive grossier eut pour effet de soulever un grondement rageur de la part de ceux qui restaient.

*Ça tourne à la pagaille!*

L'ordre de Richard fusa, désespéré.

Coupe! Coupe tout!

Il y comptait bien. Sans aucune envie d'envoyer des têtes rouler ou de priver quelqu'un de ses mains, il dut appliquer d'abord quelques coups bien sentis aux malappris qui s'accrochaient aux cordages, dégageant ainsi le terrain. Le brûleur grondait furieusement. Le moment était venu. De coups précis il trancha les amarres et avec une secousse, la montgolfière s'éleva rapidement dans les airs.

C'est parti! Fameux ton engin, Richard...On vole!

Quelle sensation grisante! Ils montaient à grande vitesse. La foule semblait déjà se composer d'êtres nains...nains enragés si on tenait en compte les gestes menaçants et les cris de vindicte.

Tiens, Loulou avait réussi à se mettre sur pied et venait jeter un regard curieux par dessus bord.

Alors, Majesté, qu'en dis tu? Fameux, hein?

À croire le ton verdâtre que prit l'auguste pâleur, le quatorzième du nom était loin de partager son enthousiasme.

Maaaaaamaaaaaaannnnnnnnnnnn !

Ce serait plus logique d'invoquer les Dieux, Louis, ta mère ne saurait nous être de grande aide!

Mais le pauvre monarque n'était pas en état pour faire de l'humeur. Son estomac si délicat lui jouait des mauvais tours. Achille secoua la tête en le voyant rendre l'âme par dessus bord.

Fais attention, Louis...te penche pas trop!

Mais il se penchait. Tant et si bien que...

Bon sang...LOUIS!!!!

Le héros grec réussit à agripper les pans de son habit et le tira en arrière, évitant de justesse que ce digne représentant de la monarchie française ne bascule tout bêtement dans le vide.

Richard...Sa Majesté est dans les vapes! Pauvre gars...il est si douillet!

Faute de mieux, il l'accommoda sur un tas de couvertures et procéda, ça devenait une habitude à force, à lui tapoter les joues pour le rendre à la vie.

Allez, Louis...

Quoiqu'en y pensant bien, mieux le laisser se remettre en paix, il lui mit une couverture dessus et alla s'occuper ailleurs.

Ils filaient à bonne allure par dessus le fleuve. Longeant le flanc des falaises qui se dressaient, menaçantes, d'un côté et d'autre. Richard concentrait son attention à maintenir le globe en cours . Sans être d'un naturel nerveux, Achille ne ses sentait pas trop à l'aise dans cette gorge qui prenait des allures sinistres. Il suffirait d'un virement de vent et ils auraient des problèmes pour éviter de se fracasser contre les parois rocheuses.

Richard, ce ne serait pas mieux si on montait un peu plus...question d'être au dessus de ça...au lieu d'au triste milieu?

Concentré à sa manœuvre délicate, Burton ne vit rien du carnage provoqué par Achille. Les cris et imprécations de la foule furent couverts par la fureur du brûleur. Surveillant la hauteur des flammes, l’élévation brutale le surprit. Il s’accrocha au rebord de la nacelle pour apercevoir en contrebas le sol qui filait à toute allure.
Se retenant de faire la nique à leurs agresseurs, Richard, se pencha sur son manuel tout en observant les alentours.
Les paroles débitées après son coma par Louis résonnaient à ses oreilles :

Louise, forteresse… tunnel… des lumières dans des globes de verre…

C’était surtout ce dernier argument qui avait convaincu le Britannique de la possibilité que les dires du monarque étaient sensés. Personne n’avait pu parler d’électricité à Louis. Lui, sur la fin de sa vie, avait assisté à cette révolution du mode d’éclairage.
Pourquoi avoir choisi de remonter le fleuve plutôt que de le descendre vers la mer ?
Ça c’était en souvenir de son expédition pour trouver la source du Nil. Si on découvre l’origine de quelque chose de grand, on peut le comprendre, l’appréhender.
Tantôt lisant, tantôt tirant sur la corde reliée au clapet supérieur, Richard s’efforçait de maintenir une bonne hauteur.
A peine aurait-il remarqué que le XIV ème avait failli jouer les filles de l’air si une exclamation d’Achille ne l’avait sorti de ses calculs.

*Dans les vapes, le monarque ? Qu’il dorme. Au moins pas de bêtises à redouter*

Le héros Grec paraissait très à l’aise dans ce milieu pourtant inconnu. Qui n’a pas rêvé de voler ? Eh bien, c’était chose faite, à présent.
Une heure plus tard, le rétrécissement des falaises donna des inquiétudes aux deux apprentis aérostiers.
Achille suggéra de prendre de l’altitude ; chose qu’accepta Burton :

Lâche trois sacs de sable, s’il te plaît.

Oups ! Encore un bond vers le ciel. Heureusement que Loulou en écrasait ; il les aurait comparés à Icare, persuadé d’aller dire bonjour au soleil quitte à y perdre ses ailes.
Ces dangers écartés, ils survolèrent une épaisse forêt. La longue-vue dont il s’était muni servit à Burton qui la déplia pour observer le sol se déroulant sous ses yeux.

Là ! cria-t-il en pointant du doigt un endroit à l’Est. N’est-ce pas un château ?

L’excitation le gagna. Comment obliger ce ballon à prendre la bonne direction ? Il n’eut pas tellement l’occasion d’y songer car, contre toute attente, le ciel si serein se couvrit brusquement. Accourus d’on ne sait où, d’affreux nuages couvrirent l’horizon. La luminosité chuta terriblement ; un éclair fulgurant les éblouit et un vent furieux s’éleva.

Post MJ

Parfait les historiques !!

Malgré tous ses efforts, Burton ne réussit pas à maintenir son cap. Il visait la sorte de forteresse aperçue l’instant précédent mais les éléments s’acharnèrent contre eux. Impossible de diriger quoique ce soit.
Eclairs, tonnerre, vent déchaîné… Pas la joie quand on n’est qu’un apprenti en navigation aérienne.
Ballotés, malmenés, les trois membres d’équipage firent de leur mieux pour éviter la catastrophe…

Ordre de passage :

Louis, tu t’éveilles et racontes ce que tu vois.
Achille, tu subis et suis Louis
Richard idem

Louis rêvait… il était sonné pour de bon. Il ne se souvenait vaguement que du ballon, d’une force qui l’attirait vers l’avant après avoir vidé ses entrailles puis d’une poussée en arrière. Là, de nouveau, son estomac faisait d’affreux bonds. En haut, en bas… doucement il s’éveilla et crut que la fin du monde était en train de se dérouler. Burton criait des ordres qu’Achille tentait d’exécuter mais…
Le ciel était d’une noirceur d’enfer. Des éclairs, du tonnerre… Qui avaient-ils offensés pour subir un tel manège ?

Je peux vous aider ? murmura-il encore en plein cirage.

On le rembarra bellement ce qui lui déplut fortement. Misère… qu’est-ce que ça tanguait. N’ayant plus rien à régurgiter, Louis analysa la situation avec froideur :

Sans te commander, Richard, on doit se poser vite fait ou on va s’écraser.

Il avisa la corde responsable du clapet d’évacuation des gaz et l’activa. L’effet fut immédiat. La montgolfière chuta. Vlam, les voilà tous les trois tassés au fond de la nacelle. Quelle engueulade ! Louis s’en moqua.
Il se releva et tenta de voir où son geste les menait. Il verdit. Tout allait trop vite.

Je crois qu’on est bon pour un plongeon. Je suis navré, ce n’était pas mon intention.

Il ferma ses oreilles aux imprécations de Richard paniquant à mort en voyant la cime des arbres s’approcher dangereusement.

*Pardon mon Dieu, qu’en votre divine clémence vous puissiez m’accueillir*

C’en était fait d’eux, il l’aurait parié.
Bing, bang, bong ! Ils en subirent des chocs. Patatras ! Au moins ce truc s’était arrêté. Louis se releva avec une coupure au front et Dieu sait combien d’ecchymoses.

Achille, ça va ? Richard, tu vas bien ? On ne bouge plus, tout est bien finalement, non ?

Confus, il commença à rassembler le matériel dispersé dans la nacelle détruite.

On n’a plus de ballon mais il nous reste les pieds. Si l’on marchait ?

Très conscient des dégâts causés, Louis baissa la tête. Ses longs cheveux trempés l’ennuyaient. A l’occasion, il demanderait à Achille de les lui couper. Pour l’heure, une expédition commençait.

J’ai entendu parler de la forteresse. C’est par là, non ?

Gaillard, il prit son paquetage et s’enfonça dans cette jungle touffue où ils avaient atterri si brutalement.
Un sens inné de l’orientation poussa l’ex-monarque dans la bonne direction. La pluie l’agaçait mais il avait connu pire en campagne.

Vous remarquerez que nous traversons une végétation hors norme. Personnellement, je n’ai jamais cotoyé ces palétuviers ni ces… AAAAAAAArgggggggggggggg

Le sol s’était dérobé sous ses pieds. Une chute innommable s’en suivit.

Par Zeus! Quelle tempête! Ils étaient secoués mieux qu'un simple fétu de paille. Pas à dire, Eole ne s'y prenait pas de main morte quand il s'agissait de faire du vent. Achille se demandait quel horrible péché ils avaient pu commettre pour voir les Dieux s'en prendre à eux de cette façon!

Mais le moment se prêtait mal aux réflexions...à part leurs problèmes avec les grands de l'Olympe ils en avaient d'autres avec qui s'octroyait,l le titre de Roi Soleil. Celui là aurait mieux fait de continuer à voguer dans les limbes de l'inconscience et seule la sincère affection qu'il lui portait empêcha le guerrier grec de l'y renvoyer d'un coup de poing.

Sans te commander, Richard, on doit se poser vite fait ou on va s’écraser.

Pas vrai? Tu as pensé ça tout seul, Louis!!!?

Achille hurlait pour se faire entendre tout en essayant d'empêcher leur cargaison de partir par dessus bord. Et voilà que sa Sérénissime Majesté s'en allait tirer le clapet d'évacuation ce qui déclencha une chute en toutes règles qui les envoya rouler, entassés au fond de la nacelle avec n'importe quoi leur tombant dessus.

Je crois qu’on est bon pour un plongeon. Je suis navré, ce n’était pas mon intention.

Achille se tourna, comme il put vers le roi, une lueur meurtrière au fond du regard.

Je vais te tordre le coup, roi de France...je vais te tordre le...

Pas le temps de finir avec ses imprécations, déjà la montgolfière touchait son but final: le sol. Et ce ne fut pas un atterrissage en douceur...oh que non! Ils boulèrent de ci, de là, comme des pantins, en prenant des ballots sur la tête. Achille eut droit à un jambon fumé qui faillit l'assommer pour de bon. On s'empêtrait dans des cordes, les sacs de ballast tapaient dur comme des poings.

Le prince des Myrmidons resta un instant en essayant de reprendre son souffle, à demi écrasé comme il était par partie de la cargaison, des sacs de sable...et Louis, qui mine de rien, arborait des airs de saint en demandant si tout le monde allait bien...au moins, il avait piètre allure avec une jolie coupure au front, malmené comme s'il sortait d'une bonne bagarre, sa belle tignasse en folie, trempé comme un chien qui court sous la pluie...enfin, ils devaient avoir tous la même fière allure!

Ouais...j'irais mieux si tu te tires de là...t'es pas gros mais ça fait du poids!!!

Il poussa le quatorzième du nom sans se soucier de son rang glorieux et se mit en devoir de redresser sa, non moins glorieuse humanité, ce qui ne fut pas partie facile vu la débâcle qui régnait dans la nacelle détruite. Louis tirait une tête très accorde aux circonstances et se rachetait aux yeux des ses compagnons en assemblant de son mieux un paquetage de fortune. Richard, très britannique pour les effets, n'émettait que des grognements incertains que chacun pouvait interpréter à sa guise. Achille crut y décerner "Maudit français..." et autres épithètes charmants adressés sans doute à leur...sauveur.

On ne bouge plus, tout est bien finalement, non ?

Si on le voyait dans le sens nettement positif, il avait raison. Ça ne bougeait plus, mais au dessus de leurs têtes, ça bardait joliment. La tempête n'était pas prés de finir et si on en croyait aux éclats de tonnerre et à la pluie diluvienne, ça empirait.

Dis donc, Loulou...où tu crois que tu vas!!!?

Il ne manquait pas d'élégance gaillarde celui là ,en relevant son barda. Tout un roi, rien à dire...mais Achille connaissait à se dépends où ça finissait...infailliblement. Louis avait un sens inné pour s'attirer toute sorte de misères sur sa royale poire.

J’ai entendu parler de la forteresse. C’est par là, non ?

Louis, attends!!!

Mais lui, il n'avait que faire d'un grec, tout héros de Troie qu'il fut, il assumait son rôle de toute puissante Majesté et se mettait en route en discourant scientifiquement, suivi par ses deux compagnons qui ruminaient sombrement des amères vengeances.

Vous remarquerez que nous traversons une végétation hors norme. Personnellement, je n’ai jamais côtoyé ces palétuviers ni ces… AAAAAAAArgggggggggggggg

Achille secoua la tête, résigné .

Pourquoi ça ne me surprend pas!? Pas de choix...tu suis, Richard!?

Et sans attendre, plongea à la suite de l'ex roi de France qui glissait...glissait...glissait dans une marée de boue, branches et autres obstacles qui ne faisaient pas précisément des chatouilles.

Je vais te tordre le cou!!!!

Ça défoulait même si n'aidant à rien. Il faudrait bien arriver quelque part avec cette chute éternelle. Achille essayait de ne pas perdre de vue Louis qui glissait devant lui en poussant des cris dignes d'un putois écorché. Il croyait entendre, derrière lu, Richard, lancé à leur suite...sympathique façon de jurer de l'anglais! Ses propres jurons étaient très à ton avec les circonstances...

Par Athéna...je lui mets la main dessus à celui là...

Mais qu’avaient-ils fait au bon Dieu pour mériter ça ? Tout s’était détraqué à la vitesse… de l’éclair.
Au bord de la panique, Burton tenta de maintenir le cap mais la tourmente était trop violente. Ils ne pouvaient que subir le déchaînement des éléments.
Il fallait vraiment avoir l’estomac bien accroché pour supporter les soubresauts désordonnés du ballon. Comble de tout, le roitelet sans royaume se réveilla :

Sans te commander, Richard, on doit se poser vite fait ou on va s’écraser.

Le Britannique mordit dans sa chique prêt à répliquer mais Achille le devança. Pourtant, cela n’empêcha pas Louis de sauter sur la corde qui manoeuvrait le clapet d’évacuation des gaz :

Nooon ! hurla Burton.

Trop tard, la descente brutale les expédia bouler au fond de la nacelle.

*Le brûleur… couper le brûleur*

Rampant comme il put, l’ex-explorateur parvint à ses fins. Fichus pour fichus, autant ne pas risquer de cramer si l’enveloppe s’enflammait.
La cime des arbres leur arriva dessus ; ils ne pouvaient rien faire d’autre que de prier pour ne pas trop casser de bois.

Je vais te tordre le coup, roi de France...je vais te tordre le...

*Bonne idée…*

Que de craquements ! Burton crut réellement sa dernière heure venue. Pourtant après avoir été traînés sur plusieurs mètres et brimbalés tout autant, le silence se fit. Le héros Grec avait toujours des envies meurtrières vis-à-vis du monarque qui, avec une innocence impayable, s‘enquerrait de leur état. Richard avec mal à peu près partout mais se garda bien de se plaindre. Déjà Louis rassemblait leurs provisions éparpillées un peu partout dans ce terrain heureusement assez dégagé. L’orage était passé. Il pleuvait encore mais on y voyait clair.

J’ai entendu parler de la forteresse. C’est par là, non ?

Ensemble, Burton et Achille gueulèrent :

Louis, attends !

Rien n’y fit, l’illustre Français entama gaillardement la marche. Burton, courbaturé, devait sélectionner les vivres à emporter. Il laissa à Achille le soin de filer le train au XIV qui discourait de la flore comme s’il visitait un jardin botanique.

*Ses orangers doivent lui manquer*

Puis, alors qu’au trot Richard rattrapait presque les talons d’Achille un hurlement épouvantable retentit.
Que diable avait encore foutu Louis?

Pas de choix...tu suis, Richard!?

D’un juron bien senti, Burton ne put qu’approuver. Il vit l’athlète disparaître dans une sorte de trou et s’y précipita dans les secondes suivantes.
Au cours de sa vie aventureuse, le Britannique en avait connu des chutes. Celle-ci battait des records, pas à dire. Il s’était jeté les pieds devant par réflexe. Son dos accepta mal ce traitement avec le sac qui l’encombrait. De plus sa visibilité était nulle. Impossible de juger la position du héros Grec.

*Plus lourd, il dévalera plus vite* songea-t-il brièvement car, franchement, cette dégringolade dans boue et racines n’avait rien d’amusant.

En serrant les dents, Richard attendit l’écrasement final. Il entendit les cris d’orfraie poussés par Louis et les jurons d’Achille. Puis de grands cris à nouveau. Pas le temps de penser, l’instinct agit. Si Achille avait écrabouillé Louis à l’atterrissage, il risquait d’en rajouter avec son poids. Aussi planta-il des talons et s’aida-t-il de ses coudes pour freiner à mort avant l’impact s’arrêtant de justesse au bord du tunnel.
Ses compagnons avaient l’air fin autant que lui-même devait l’être. Crottés de belle façon, Louis pleurnichait sans son coin en se massant le postérieur tandis d’Achille faisait de gros effort pour ne pas l’achever.

Ça alors…

L’ébahissement de Burton tenait, justement, à ce qu’il pouvait distinguer ses amis tels qu’en plein jour…
Interloqué, il observa cet environnement très singulier qu’il n’identifiait pas.

Je ne sais pas du tout où nous sommes tombés. Je n’ai jamais rien vu de semblable…

Si lui l’ignorait, que dire des deux autres ? Un immense tunnel revêtu de métal s’étendait tant à gauche qu’à droite. Ponctuellement des globes de verre éclairaient les environs.

Je crois bien que, finalement, Louis avait raison…

post MJ

Parfait.

Après vous être engueulés, vous devez décider du chemin à suivre.

Louis: tu as le choix: gauche ou droite.

Achille et Burton, vous devrez le suivre.

NB: le tunnel est hanté de bestioles bizarres; méfiez-vous. Vous devrez y passer une nuit complète. Bon amusement.

La dégringolade subite poussa Louis à crier comme un forcené. Jamais il n’avait imaginé qu’une telle glissade puisse exister. Chocs, heurts, il crut réellement qu’il allait y laisser sa peau. Pourquoi le sort s’acharnait-il sur lui ?
Les jurons perçus dans son dos le rassurèrent à moitié : Achille le suivait.
Il allait l’étriper à l’atterrissage… s’il y en avait un. Qu’importe. La panique totale l’investissait et Louis beugla pire qu’un putois écorché vif le temps de cette vertigineuse dégringolade.
Vlam ! Le voilà stabilisé. Semi groggy, il n’eut pas le réflexe de s’écarter et se prit le héros grec sur le dos.

Tu m’étouffes ! râla-t-il. Seigneur, je suis rompu de partout.

L’autre le soulagea de son poids, le XIV ème put ramper dans un coin y faire le décompte de ses plaies et bosses. Son fondement cuisait, il se massa les fesses, en gémissant sur le triste attribut qui lui était échu. Il ne regarda pas Achille, muré dans ses douleurs jusqu’à ce qu’un autre son ne lui redonne raison :

Ça alors…
Je crois bien que, finalement, Louis avait raison…

Oh joie ! Burton débarquait à son tour et reconnaissait que…
Tiens ? Quel endroit étrange. Richard disait ne pas connaître ce genre de lieu… Louis non plus. Il n’y avait pas fait attention tant il était tourné sur sa propre condition mais là…
Ces parois de métal… ces globes lumineux… Le roi soleil s’éclaira :

Je vous l’avais dit ! Vous me croyez maintenant ?

Vu la tête des autres, il n’osa pas trop en rajouter. Il avait gaffé, en était conscient mais le jeu en valait la chandelle puisque, enfin, ils trouvaient un machin inédit.
Borné comme il l’était toujours, Louis n’en fit qu’à sa tête :

On va à droite. C’est la main du seigneur : la meilleure.

Sans se soucier des imprécations qui fusaient dans son dos, Louis prit son paquetage et démarra la progression.
C’était bizarre ces lumières… Troublé, Louis voulut absolument en toucher une. Mal lui en prit, il hurla :

Ça brûle !

Secouant et soufflant ses doigts meurtris par ce contact malencontreux, il n’en poursuivit pas moins son exploration souterraine, s’étonnant tel un gamin des installations croisées.

C’est magnifique et plus confortable que les passages secrets que j’ai voulu dans mon château. Pas de risque que ça brûle, ici. Mais… quel est ce bruit. Vous entendez ?

Un raclement étrange dérangeait les illustres pavillons. Quoiqu’il écarquillât les yeux, Louis ne distinguait rien jusqu’à ce que…

Achiiiiiile !

Un bond en arrière le propulsa quasi dans les bras du prince de Mirmidon :

Tue-ça ! S’il te plaît fais quelque chose. Je n’ai pas d’arme, sinon, je…

Vert de trouille, le XIVème fut éjecté contre une paroi alors que devant le trio se dressait une chose innommable.
Qu’était-ce ? Louis la devina mi-harpie mi-sirène. C’était affreux et avait l’air très méchant.

Donnez-moi quelque chose ! réclama l’illustre. T’avais pas un arc, des flèches ?

Les voyant dans l’équipement de son ami, Louis s’en empara. Il s’énervait beaucoup trop ; la créature immonde progressait vers eux...

Le chemin vers le royaume d'Hadès ne devait pas être si plein d'embuches! Ou qui sait...avaient ils pris le mauvais raccourci!!!?

Puis tout finit, aussi brusquement que cela avait commencé...les cris de Louis se turent miraculeusement...

Lou...

Pas le temps de finir. Fin de la virée...en douce, ce qui est plus! S'il n'avait pas eu mal à peu près partout il en aurait rigolé...il venait de tomber sur Sa Majesté Louis XIV et pour peu l'avait écrabouillé pour de bon.

La paix dura trop peu, le voilà qui râlait.

Tu m’étouffes ! Seigneur, je suis rompu de partout.

T'avais qu'à t'écarter!, grommela t'il en essayant de ramper de côté, conscient d'avoir aplati le monarque comme une galette, enfin de comptes, il était assez grand et costaud comme pour le faire, et t'es pas le seul à avoir mal partout...et arrête de te plaindre...c'est toi qui nous a fichus dans ce pétrin...la prochaine fois, faudra te tenir en laisse...ou mieux encore, t'attacher!!!

L'arrivée de Richard mit fin aux plaintes de l'un et aux grognements de l'autre.

Ça alors…Je crois bien que, finalement, Louis avait raison…

Nouveau grognement d'Achille.

C'est ça, encourage le...

Quoiqu'il fallait bien lui donner quelque raison. Si Louis avait vraiment vu cet endroit dans ses rêves, il faudrait bien admettre que le monarque jouissait du don de la vision...Lui, il n'aurait jamais imaginé un lieu semblable même sous l'influence de tout le vin de Mycènes. Oubliant contusions et bobos divers, il inspecta de près ces parois lisses.

C'est du métal...j'en ai jamais vu de semblable!

Rien de quoi s'étonner...de son temps...

Je vous l’avais dit ! Vous me croyez maintenant ?

Il décocha à Louis un regard mauvais.

Ferme la, un moment au moins!

Mais bien sûr, il ne faisait, comme toujours à sa tête et sans demander l'avis de personne, le voilà qui, rajustant son habit dégoulinant de boue, avec grande dignité annonçait:

On va à droite. C’est la main du seigneur : la meilleure.

He, toi...ça va plus la tête ou quoi? Reste là, Louis!!! Bon sang, donne moi une corde, Richard, je vais arrêter ce...

Ça brûle !

Ça t'apprendra à poser les menottes là où il ne faut pas, Majesté!, railla Achille qui se marrait en le voyant se souffler les doigts, connais pas...touche pas!

Mais l'autre ne faisait plus attention et continuait avec son exploration comme s'ils étaient au musée.

C’est magnifique et plus confortable que les passages secrets que j’ai voulu dans mon château. Pas de risque que ça brûle, ici. Mais… quel est ce bruit. Vous entendez?

Achille aiguisa l'oreille et entendit quelque chose de semblable à un raclement. Quelque chose bougeait près d'eux mais malgré la luminosité régnante il ne distingua rien. Bien entendu le quatorzième du nom continuait à avancer comme si rien tout en pérorant de plus belle.

Achiiiiiiiiiiille!

Hurlement qui précéda d'une seconde le fait de se retrouver avec un roi tremblant dans les bras.

T'es pas mon type, Louis!

Il le lâcha sans trop de cérémonies juste pour voir débouler devant eux la chose la plus affreuse qu'il eut vue de sa vie. Louis glapissait comme un possédé et s'empara même de ses flèches, sans arriver à en faire usage tant il tremblait.

Pas le temps!, cria Achille en le poussant de nouveau contre la paroi de métal poli. La bête était déjà sur eux. Il n'eut que le temps de dégainer son glaive déjà la créature bondissait sur lui en montrant d' énormes crocs pointus.

Il avait beau être entraîné au combat mais celui ci s'avérait dur. Pris au dépourvu, il n'avait même pas eu le temps de détailler l'ennemi qui était grand, sauvage et assoiffé de sang si on en croyait aux morsures qu'il endurait. L'animal cherchait son cou...et le grec ne tenait pas du tout à se laisser saigner comme un mouton à l'abattoir. Il essayait de bouger pour planter le glaive mais cela était plus facile à dire qu'à faire...
Ni Louis ni Richard ne pouvaient rien faire pour l'aider, sûrement de peur de placer un mauvais coup et le blesser lui même.

Une morsure plus cruelle que les autres lui tira un hurlement de douleur et de rage...mais il parvint enfin à enfoncer profondément son arme dans le cou de la bête...une fois, deux fois...qui sait si trois...avant que l'ennemi s'effondre sur lui avec un râle d'agonie. Il se dégagea comme il put de la masse immonde et finit par se relever, ruisselant de sang...

Appuyé au mur. le prince des Myrmidons, pâle comme un mort, essayait de reprendre haleine.

C'est un rat...le plus...grand et horrible que...j'ai vu!

Il se passa la main sur le visage, essayant de chasser le stupide malaise qui semblait l'engourdir tout entier.

Sais pas...mais je crois...

Peu d'hommes avaient jamais vu Achille à terre, encore moins dans un état aussi piteux. Les crocs du rat géant avaient causé des blessures qui saignaient abondamment...il parvint à jeter un dernier regard endolori à Louis...et s'évanouit...

De nature très curieuse, Richard adorait faire des découvertes. Normal pour un explorateur me direz-vous mais là, il devait avouer être soufflé par ce qu’il voyait. Si cela cadrait parfaitement avec la vision qu’avait eue Louis, il n’empêche que Burton était béat.
Il ne put s’empêcher de passer la main sur les parois de métal mais ne toucha pas aux globes contrairement à loulou qui s’y brûla les doigts.

*Bien fait pour toi*

Pensée peu révérencieuse à l’encontre de ce « gamin » aussi illustre soit-il mais ça défoulait. En tout cas Achille râlait ferme. Le voir réclamer la corde pour entraver les pitreries du monarque tenta beaucoup Richard qui en avait sans doute autant marre que le héros grec de toujours devoir éviter le pire à sa majesté. D’ailleurs, fidèle à son étonnante indiscipline, Louis avait décidé tout seul du choix de la direction à prendre et y filait à bonne allure, regardant partout comme s’il faisait la découverte d’un musée, donnant son avis, pérorant bellement jusqu’à ce qu’il déclare :

Mais… quel est ce bruit. Vous entendez?

A part toi, on n’entend rien, commença Richard qui s’interrompit brutalement avec le cri de Louis.

Tout alla si vite que Burton ne put qu’assister, inutile, au combat sauvage entre le Grec et… quelque chose d’épouvantable.
Il tenta d’intervenir avec sa lame trafiquée par Achille mais un tunnel reste un tunnel et cette chose énorme en obstruait la quasi totalité. Avec Achille devant… il risquait de le blesser.

*Diable d’homme* admira Richard.

La bête rendit son dernier soupir après plusieurs coups bien planté. Le Britannique se précipita soutenir l’athlète qui venait de les sauver.

C'est un rat...le plus...grand et horrible que...j'ai vu!

Appelle ça comme tu veux, chichille. Merci de… Eh, QU’EST-CE QUE TU NOUS FAIS ?

Le voilà qui tournait de l’œil. Le soutenant, Burton tenta de l’examiner.
Misère, Achille était tellement couvert de sang que l’on ne savait pas si c’était le sien ou celui du monstre.

Louis, mon sac ! De l’eau, vite.

Tandis que l’autre s’affairait, Richard repéra une paire de morsures qu’il comprima d’un mouchoir.

Lave-le ! ordonna-il au monarque pendant qu’il fouillait ses affaires. Le matériel de suture entra à nouveau en jeu. Passé maître dans ce « sport » Richard parvint à bout des hémorragies.

*Au moins lui ne se plaindra pas de mon manque d’élégance*

Louis veille-le. Je cherche de quoi faire du feu ; il doit se reposer et…

Cloué sur place, Burton n’en revenait pas. La bestiole morte aurait dû être là ! Pourtant… Rien. Passage dégagé à croire qu’il avait rêvé. L’état d’Achille lui prouvait le contraire mais ça le secoua grandement.
Peu importe, c’était du Grec qu’il fallait s’occuper.
Ici ou là, des ouvertures semblables à celle par laquelle ils étaient passés s’ouvraient dans la galerie de métal. Burton put y dégager des racines en suffisance pour revenir faire une bonne flambée auprès du blessé. Il s’attendrit un brin en voyant quel soin le monarque prenait de l’athlète.

T’en fais pas Loulou. C’est un costaud. Il va s’en remettre.

*Vite, j’espère. Si l’on doit recevoir encore ce genre de visite… Sans Achille, on est fichu*

Bandant l’arc Burton s’assit près du feu. Il ordonna à Louis de se reposer ; il veillerait.

Post MJ

Magnifique!!

Richard veilla une bonne partie de la "nuit?" Impossible de savoir l'heure qu'il était exactement. Il alimenta le brasier en jetant de temps à autre un oeil à ses compagnons. Louis ressemblait à un chiot malade. Il s'agitait dans son sommeil. Achille, de marbre, ronflait doucement. La torpeur envahit Burton qui sentit sa vigilance se relâcher. Une main secourable se posa sur son épaule affaissée. Louis désirait prendre le relai. Comment le-lui refuser?

Ordre de passage:

Louis tu racontes tes étas d'âmes jusqu'au matin.
Achille tu te réveilles et tu fais... ce que tu veux.
Richard tu comptes les points.

Vous devez vous remettre en route et après les péripéties que vous voulez endurer vous arrivez à une porte...

Miséricorde Dieu Jésus, jamais Louis n’avait vu une créature aussi immonde. D’instinct, il avait cherché protection auprès du seul athlète du coin. Trop énervé, il s’était emmêlé les pinceaux (ou plutôt les flèches) avec cet arc piqué à Achille, arc qui refusait de lui obéir.
Il était pourtant bon tireur même s’il préférait… la danse. Pas à la corde, naturellement. Ici, le spectacle n’avait rien de Lyrique.
Tel un démon, le héros Grec défendit ses compagnons et lui-même avec force et courage.
Tandis que Loulou bataillait à bander l’arc, il se prit une giclée de sang dans la figue. C’est qu’elle mordait cette satanée bestiole. Et Achille dégustait de sales coups.

Achille, protège ton cou ! hurla-t-il, à défaut de mieux.

Vu l’énormité de la bestiole, impossible de placer un tir sans risquer d’embrocher le prince des Myrmidons. Le XIV n’écoutant que son courage, prit une flèche à main nue, et la planta dans une des pattes griffues du monstre.
Le résultat fut nul, Louis s’en désola. Il se contenta donc d’encourager Achille en lui conseillant… n’importe quoi.

Vise la gueule ! Transperce son œil !

Enfin après trois coups de glaive assénés dans la gorge de la créature, celle-ci s’effondra.
Tout réjoui, Louis se précipita sur Achille. Malgré son aspect peu reluisant, puisqu’il était couvert de sang, Louis étreignit son ami :

Merci, merci, merci.

C'est un rat...le plus...grand et horrible que...j'ai vu!

Burton s’approcha aussi :

Appelle ça comme tu veux, chichille. Merci de… Eh, QU’EST-CE QUE TU NOUS FAIS ?

Non, c’était impossible aux yeux de Louis. Achille ne pouvait pas avoir été vaincu. Cependant, il tournait bel et bien de l’œil.
Des ordres fusèrent. Richard ne le ménagea pas :

Louis, mon sac ! De l’eau, vite.

Il avait raison, tous devaient avoir soif. Aussi, sans rechigné d’être houpillé, le monarque s’activa pour ramener le sac en question. La suite l’offusqua légèrement :

Lave-le !

Que… s’étrangla-t-il. Que je lave Achille ? C’est indigne de ma condition. D’ailleurs les médecins de mon temps considéraient les bains comme très risqué pour la santé, et…

Le regard noir de Burton l’obligea à obtempérer vite fait. Avec les gestes d’une mère, Louis épongea les plaies du Grec, tout en se mordant les lèvres :

*Ne nous abandonne pas, Achille ! Que ferions-nous sans toi*

Une fois plus net, le corps du combattant présenta de sérieuses entailles que Burton sutura de main de maître.

Tu vois, Richard, s’être échiné sur la toile aura au moins servi à quelque chose. Je trouve cependant que tu t’y prends mieux avec lui qu’avec mon menton…

Nouveau regard courroucé de Burton, Louis rentra la tête dans ses épaules.
Là-dessus, tous les deux eurent la surprise de constater que la bête s’était… évaporée.

*Comme le néandertalien…*

Louis ne dit rien de ce détail, déjà le Britannique décidait de faire du feu. Il lui confia la garde du blessé ce que s’empressa-t-il de faire.
Il allongea de son mieux le corps inerte (et vachement lourd), ôta sa veste pour le couvrir.
Bientôt des racines flambèrent, une douce chaleur régna. Burton décréta :

T’en fais pas Loulou. C’est un costaud. Il va s’en remettre.

Alors ça, Louis le souhaitait de tout cœur.
Puisque Richard lui ordonnait de se reposer… l’ex-roi s’allongea près de son sauveur le couvant mieux qu’une poule un poussin.
Il rêvassa de tout et de rien dans cette posture en chien de fusil à la dure.
Il s’éveilla brutalement avec une oppression poitrinaire qui lui aurait sûrement valu clystère ou saignée dans son temps. Une main tremblante se posa sur le torse d’Achille :

Il vit !

Rassuré, il jugea que Burton en avait assez fait pour la journée et décida de le seconder.

Vas-y. Je sais tenir un arc. Tu dois aussi dormir un peu. Achille ronfle, il va bien.

Tiens ? Burton ne le remballa pas. Fallait-il qu’il soit crevé pour ça !
Une longue veille débuta mais Louis s’en ficha. Bourreau de travail dans son temps, quelques heures de repos lui avaient toujours suffi amplement entre maîtresses et réunions. La flèche prête à être décochée au moindre signe d’hostilité, il fut très heureux de contribuer à la sécurité de ce trio insolite.
Aucune agitation particulière ne l’alerta… Il pensa beaucoup et, même, pria.

*A son réveil, Achille va m’étriper… Me rendre responsable de tous nos maux. Je suis têtu, c’est vrai, je l’ai toujours été. Le roi, c’est moi. On me suit ou l’on périt. Là… j’ai peur car je n’ai pas mes gardes personnels sauf… lui. S’il disparaissait… j’ai l’impression que je le pleurerais comme j’ai tant pleuré mes fils… Qu’ai-je fait de ma vie antérieure ? Du bien et du malheur. Grâce à Louise, je m’en suis repenti. Est-ce suffisant pour obtenir votre pardon, mon Dieu ? Sans doute ces lieux étranges sont-ils mon purgatoire pour tant vous avoir offensé, jadis ? Je vous remercie pour Achille et Richard, deux amis comme je n’en ai jamais eu puisque je devais me méfier de tous ces courtisans qui voulaient une part de ma splendeur… D’accord… je les ai un peu forcés. Fouquet, personne, ne devait être plus haut que moi que vous avez fait si… petit. Ce n’est pas un reproche, s’empressa-il d’ajouter. Dans votre grande miséricorde, je vous prie de croire en mes remords et m’en remets à vous pour nous protéger*

Le monarque fut soulagé par ces confessions et contritions internes. Bravement, il veilla. Pourtant des idées plus sombres les unes que les autres le contrarièrent :

*Et si l’on arrive à la porte, que fera-t-on ? S’ouvrira-t-elle sur un paradis ou un autre enfer ? Combien d’embûches rencontrera-t-on ?*

Questions, questions… Le temps qui s’écoula compta peu. Quand son estomac tirailla, Louis décida que préparer un solide en-cas satisferait tout le monde et calmerait peut-être les griefs à son encontre.
Ayant alimenté le feu comme recommandé, il plongea dans les provisions. et s’activa au petit déjeuner.

Soit! Tomber dans les pommes n'entrait pas dans se habitudes mais il est des moments, même dans la vie d'un guerrier antique, où les circonstances obligent à réagir comme un simple mortel...et il faut dire que des telles circonstances s'accumulaient gaiement depuis le début de cette étrange aventure...

L'évanouissement en soi fut d'assez courte durée mais les deux autres, tout à leurs soins et labeurs de couture ne le remarquèrent même pas. Achille dut faire un effort pour demeurer immobile et ne pas rire en voyant la tête que tirait ce cher Louis en l'épongeant, l'air absolument contrit. Bien sûr se laisser coudre en vif et en direct, par un Richard, très maître de la situation ne tint pas de la partie de plaisir mais là, il se contenta d'une paire de grognements...que le quatorzième du nom dut interpréter comme des râles d'agonie parce qu'il avait une expression vraiment alarmée, ce qui ne l'exempta tout de même pas de faire un de ses commentaires ponctuels:

Tu vois, Richard, s’être échiné sur la toile aura au moins servi à quelque chose. Je trouve cependant que tu t’y prends mieux avec lui qu’avec mon menton…

Le Grec supposa que Richard l'avait foudroyé du regard parce que le monarque rentra la tête entre les épaules et humblement se mit en devoir de l'accommoder le mieux possible...pas une mince affaire pour Louis qui faisait frêle figure face à son athlétique humanité. Un détail émut son cœur de guerrier...le roi de France ôtait sa veste et l'en couvrait. Achille espéra de tout cœur, qu'il ne se laisserait pas aller au maternel élan de lui faire une bise sur le front...mais il n'en fut rien et le héros put se laisser aller à un sommeil paisible, sans aucun sursaut de conscience pour ce qu'il faisait endurer à son ami...après tout, une petite revanche toute innocente ,qui ne nuirait personne, était très satisfaisante parfois!

Bercé dans les bras de Morphée, Achille dormit comme un bébé...un bien grand bébé et ce fut bien plus tard que l'activité déployée par Louis aux casseroles qui le tira de son bien mérité repos.

Ce n'était pas tous les jours qu'il aurait l'opportunité de voir ce roi de France transformé en cuistot de fortune. Tout un spectacle surtout qu'il fallait admettre que la bonne volonté de Sa Majesté dépassait largement son talent aux fourneaux...mais Achille n'était pas difficile et avec la faim qu'il avait, il avalerait n'importe quoi.

Ébroué silencieusement, il finit par se lever. Roulé dans un coin, Richard dormait encore du sommeil des justes.

Alors, Louis...on fait des mérites?

Il s'empara d'un bout de pain et le croqua allègrement alors que le roi lui coulait des regards effarés, s'attendant sans doute qu'il lui saute dessus pour l'étriper en bonne et dûe forme.

Mais Achille n'avait envie d'étriper personne. Remis de ses mésaventures de la veille, il était de bonne et magnanime humeur.

Pas de crainte, Majesté...j'en veux pas à ta peau. Mais la prochaine fois que tu n'en fais qu'à ta tête...roi ou pas, je te tape dessus, sans aucun respect!

Ce qui, considérant sa carrure, ne promettait pas d'être trop plaisant.

Après ce doux avertissement, il passa en revue ses multiples blessures, si bien recousues par l'anglais.

Me voilà raccommodé comme une montgolfière, il jeta un regard malin vers Louis, faut dire qu'il a amélioré la technique...dommage que pour ton joli menton, il n'ai pas été trop exercé!

L'autre tira une tête de martyr et le prince des Myrmidons ne put s'empêcher de s'esclaffer joyeusement en lui assenant une tape amicale sur l'épaule...sans trop mesurer son énergie...l'envoyant valser entre les provisions.

Oups! Désolé, Loulou...suis un peu brute parfois!

L'esclandre provoqué par le rire d'Achille et la chute de Louis ne manqua pas de tirer Richard de ses rêves...belle façon de commencer une nouvelle journée.

Alors...on l'explore, ce tunnel?...Au fait...qu'avez vous fait de la bestiole? J'espère qu'on ne l'a pas transformée en ragout...suis pas difficile à l'heure de manger...mais le rat géant ne me tente pas...

Il supposa que l'anglais aurait entraîné la dépouille vers une des tunnels annexes mais la tête de ses compagnons se chargea de l'informer qu'il n'en était rien.

Laissez moi deviner...elle s'est enfumée..comme le monstre sur la falaise....il se passe de drôles de choses dans ce monde...je crois que les Dieux s'amusent à nous jouer des très mauvais tours!

Curieuse journée que celle qu’ils venaient de passer. D’abord cet envol en catastrophe, suivie par l’évanouissement de Louis puis ce crash…
Richard ne savait quel saint louer pour avoir survécu à cette chute provoquée, évidemment par Sa Majesté... Parfois Burton se demandait si L’Histoire n’avait pas trop magnifié ce monarque en lui prêtant des qualités qu’il ne semblait pas posséder. La seule excuse valable était sans doute que le XIVème était aussi perdu que lors de la Fronde subie dans son enfance. Il avait connu la misère et… voilà que ça recommençait.
Néanmoins, c’ex-roi soleil trouva encore le moyen de se fourrer dans… un trou !
Ses amis n’avaient pas eu d’autre choix que de le suivre. Ensuite, comble de tout, une bête énorme avait failli le bouffer. Sans que l’on le lui demande, Achille avait réglé le problème dans une fameuse bataille qui lui valut, hélas, de nombreuse morsure.
Burton avait soutenu l’athlète qui s’effondrait. Il avait commandé Louis comme il ne l’avait jamais fait : avec brusquerie.
Peut-être parce qu’il le tenait en partie responsable de ce qui s’était passé ? Non, surtout, il était inquiet pour le héros de Troie et il avait à portée un exutoire tout trouvé en la personne du roitelet. Les commentaires de Louis l’agacèrent :

Tu vois, Richard, s’être échiné sur la toile aura au moins servi à quelque chose. Je trouve cependant que tu t’y prends mieux avec lui qu’avec mon menton…

*J’étais novice, triple buse ; j’aurais pu faire bien pire…*

Le dévouement déployé par Louis envers Achille adoucit cependant le Britannique. Il fallait que quelqu’un veille et, malgré sa fatigue, Burton fit du feu :

*ça éloignera peut-être les parasites*

Se tenir aux aguets dans un lieu si étrange bourré de menaces ne fut pas une mince affaire. Richard tint bon des heures. Il fit ce qu’il faisait souvent dans ses cas là, il pensa à sa femme. Elle aurait pu le quitter cent fois puisqu’il s’absentait si fréquemment mais elle était restée fidèle à chaque rendez-vous et en cela Burton ne pouvait que l’aimer encore en regrettant de ne pas lui avoir consacré plus de temps…

*J’ai toujours été aventurier dans l’âme. Elle l’avait compris et accepté… ma mie…*

Il sommeillait presque lorsqu’une main se posa sur son épaule. Pour un peu la flèche était décochée. Ce n’était que Louis qui réclamait un tour de garde.
Finalement cette journée si chargée l’avait épuisé ; Richard remercia le XIVème et s’en fut se rouler dans un coin. Des couvertures, il y en avait mais elles étaient trempées avec l’orage essuyé. Avec le feu, une douce chaleur régnait, autant se laisser aller à un repos plus que mérité :

*Pourvu que Louis pense à alimenter le feu*

Il dormit du sommeil du juste, sans rêve notable. Un vacarme peu commun le réveilla en sursaut. Sur le coup, Burton crut qu’Achille réglait son compte au monarque

*Il ne va pas lui tordre le cou comme prévu, quand même...*

Prêt à s’interposer, quitte à se prendre le poing s’Achille dans la figure, Richard se rendit vite compte de son erreur. Ce n’était qu’une bourrade amicale qui avait expédié Sa Majesté dans les provisions.

Oups! Désolé, Loulou...suis un peu brute parfois!

Heureusement, tu n’es pas Hercule, sinon Loulou serait démantibulé.

Aidant Louis à se relever, Richard sourit avec le rire d’Achille qui déclara ensuite :

Alors...on l'explore, ce tunnel?...Au fait...qu'avez vous fait de la bestiole? J'espère qu'on ne l'a pas transformée en ragout...suis pas difficile à l'heure de manger...mais le rat géant ne me tente pas...

Il parla alors d’un monstre enfumé auquel Richard ne comprit rien. Mais la bestiole s’était bel et bien évaporée.
Se grattant la tête, le Britannique soupira :

Nous n’avons rien de mieux à faire, n’est-ce pas ? Cette galerie semble parfaitement conforme aux songes de Loulou, donc…

Burton ne fit pas la grimace devant la cuisine du XIVème, il avait mangé bien plus atroce au cours de ses périples. On rassembla les paquetages une fois le repas achevé. Une longue route commença.
Puisqu’il faisait clair comme en plein jour, pas besoin d’allumer de torches. Il n’y avait que dans les tournants qu’il fallait se méfier.
Tous sens en éveils, le trio avança prudemment. Pas question de se laisser piéger par une nouvelle apparition monstrueuse.
Heureusement, la seule chose qui les fit un poil paniquer fut une nuée de chauves-souris. D’où venaient-elles, où allaient-elles ? Elles n’attaquèrent pas ; déjà ça de gagné.
Au bout d’une interminable balade, ils jugèrent de faire une pause. Achille ramassa de quoi faire une flambée ; Richard s’occupa du repas ; Louis (étrangement calme) aida les uns et les autres sans piper mot.

*Serait-il atteint de mutisme. On l’a à peine entendu alors qu’il nous les bassine à longueur de temps*

A bien le regarder, Richard fronça les sourcils. L’attitude du monarque ne lui disait rien qui vaille. Tout en mastiquant la tambouille, il n’y tint plus :

Louis, ça ne va pas ? Tu ne manges pas, tu as à peine dit deux mots pendant le trajet.

Il ne s’attendait pas à la suite…

Post Mj

excellent!

Faltalement, Louis, tu déclares publiquement tes états d'âmes puis tu fais la sieste.
2) Achille te réagis à ces dires mais tu veilles
3) Richard, tu réagis aussi, veille 'un oeil puis tout le monde repart.
Amusez-vous, inventez les situations que vous voulez jusqu'à ce que la porte soit devant vous.

Cette longue veille avait à peine entamé l’énergie du monarque antique. Tout à la confection d’un brouet composé de haricots et lard, il sursauta quand Achille l’apostropha :

Alors, Louis...on fait des mérites?

Non, non ! Je fais rien d’autre que de réchauffer des conserves ; ces trucs en boîtes de Richard.

Prudent, il se recula, paré à un tabassage en règle. Pourtant Le Héros Grec s’assit et croqua du pain, l’air amène :

Pas de crainte, Majesté...j'en veux pas à ta peau. Mais la prochaine fois que tu n'en fais qu'à ta tête...roi ou pas, je te tape dessus, sans aucun respect!

*ça je m’en doute… c’est pas de ma faute…*

Me voilà raccommodé comme une montgolfière, faut dire qu'il a amélioré la technique...dommage que pour ton joli menton, il n'était pas trop exercé!

Machinalement Louis se caressa le menton assez râpeux qui affichait maintenant une belle balafre. Il en était navré, comme souillé, mais qui pourrait le comprendre ? Une bourrade à assommer un bœuf l’envoya valse dans les sacs de provisions. Le tintamarre réveilla Richard qui crut à une rixe avant d’apercevoir l’œil goguenard d’Achille :

Heureusement, tu n’es pas Hercule, sinon Loulou serait démantibulé.

Loulou…. Ils lui conservaient ce surnom ridicule…
Il ne dit rien mais n’en pensa pas moins. Burton lui prêta une main secourable pour le relever puis tous dégustèrent la tambouille préparée par l’illustre.
Fermé, Louis ne l’ouvrit plus. On pliait bagage ? D’accord. On marchait des heures dans ce tunnel insondable, soit. Il sentait qu’on lui reprochait s’être à l’origine de tous leurs maux… Qu’en pouvait-il ? Tous étaient nerveux, redoutant une nouvelle attaque d’une bestiole quelconque mais à part une nuée de chauves-souris inoffensives, ils ne connurent aucun déboire.
Portant son paquetage vaillamment, sans piper mot, il marcha, un pied poussant l’autre. Richard proposa une halte ; pourquoi pas ?
Une flambée s’organisa, Richard réussissait des plats savoureux avec n’importe quoi. Louis n’y toucha pas, supportant difficilement le regard que celui-ci lui porta :

Louis, ça ne va pas ? Tu ne manges pas, tu as à peine dit deux mots pendant le trajet.

L’auguste nez plongé dans l’assiette se redressa, vindicatif :

Comment ça pourrait aller ? Tous les deux vous me considérez comme une poule mouillée, une entité négligeable… inutile et … déraisonnée. Je sais que j’agis de façon impulsive. J’ai toujours tout dirigé dans ma vie antérieure, dès que j’ai pu accéder au trône que pour un peu on me refusait. J’ai connu la misère et la maladie dans l’enfance. Puis l’opulence et, oui, j’avoue, j’ai pris plaisir à neutraliser ceux qui me menaçaient. Je n’avais qu’un but : la grandeur du royaume. J’y suis parvenu. J’ai commis des erreurs, qui n’en commet pas ?
Achille… n’as-tu jamais rien regretté ? Aucune faute à te reprocher ? J’en doute. Richard, je ne connais pas ta vie, sauf ce que tu nous en as conté. Alors, si vous me prenez pour un débile, je me rebelle, je suis déçu. J’ai vu cette porte, je le maintiens. Par rapport à vous, physiquement, je ne vaux rien. Je suis très bon au jeu de paume, à l’escrime et en danse… ça nous fait une belle jambe. Moquez-vous, riez, je m’en fous. Je suis fatigué de ce cirque. Je vais dormir.

Las, le 14ème du nom était vidé. Fatigue physique, fatigue morale, il désirait la paix. Il se roula en boule dans son coin, prêtant une oreille distaite aux propos des autres avant de se couler dans un bref sommeil qu’il espéra réparateur.

Le repas ne tint pas de l'exceptionnel mais il s'y était attendu. C'était quand même un effort de la part du noble monarque de faire la cuisine pour eux...c'était pas Agamemnon qui aurait fait pour ses compagnons d'armes. Et puis on se remit en route:

Nous n’avons rien de mieux à faire, n’est-ce pas ? Cette galerie semble parfaitement conforme aux songes de Loulou, donc…

Achille étant du même avis ne trouva rien à redire et chose étrange Louis n'ouvrit pas la bouche...en fait, il se maintint coi pendant tout le trajet au long de ce tunnel interminable.

Pas de bestiole monstrueuse pour leur couper le chemin, quelques inoffensives chauves souris furent les seules à mettre un peu d'animation à cette marche morose, normalement animée par l'intarissable conversation du Roi et voilà que de dernier semblait atteint d'un mutisme aussi soudain que soupçonneux.

*L'aurais je tapé trop fort? Ai je été trop brusque avec mes menaces...Mais non, il ne peut pas prendre ça au sérieux...Par Athéna...serait il malade?...Il a l'air un peu pâlot!...*

Richard, pas trop enclin aux longues conversations...pas plus qu'Achille qui, avec un Louis muet comme une carpe, ne trouvait pas qui pour lui donner la réplique. On marcha donc en respectueux silence. Mais le pire était à venir...il le devina au moment de la halte obligée. Vaillants ou pas, il fallait bien se reposer...et puis ça commençait à devenir ennuyeux...si au moins il y avait un peu d'action...mais non...enfin, pas dans le genre qu'il affectionnait.

Fallait pas être voyant pour deviner que même Richard se faisait de la bile sur l'attitude fermée de Sa Majesté qui en plus ne touchait pas miette du repas.

Louis, ça ne va pas ? Tu ne manges pas, tu as à peine dit deux mots pendant le trajet.

Le héros grec allait ouvrir la bouche pour donner sa docte opinion quand tout d'un coup voilà que le Quatorzième du nom releva le nez de son plat et leur largua un de ces discours qu'on est pas près d'oublier:

Comment ça pourrait aller ? Tous les deux vous me considérez comme une poule mouillée, une entité négligeable… inutile et … déraisonnée. Je sais que j’agis de façon impulsive. J’ai toujours tout dirigé dans ma vie antérieure, dès que j’ai pu accéder au trône que pour un peu on me refusait. J’ai connu la misère et la maladie dans l’enfance. Puis l’opulence et, oui, j’avoue, j’ai pris plaisir à neutraliser ceux qui me menaçaient. Je n’avais qu’un but : la grandeur du royaume. J’y suis parvenu. J’ai commis des erreurs, qui n’en commet pas ? Achille… n’as-tu jamais rien regretté ? Aucune faute à te reprocher ? J’en doute. Richard, je ne connais pas ta vie, sauf ce que tu nous en as conté. Alors, si vous me prenez pour un débile, je me rebelle, je suis déçu. J’ai vu cette porte, je le maintiens. Par rapport à vous, physiquement, je ne vaux rien. Je suis très bon au jeu de paume, à l’escrime et en danse… ça nous fait une belle jambe. Moquez-vous, riez, je m’en fous. Je suis fatigué de ce cirque. Je vais dormir.

Gloups! Fort à digérer! Achille n'était pas homme à se faire des grands états d'âme. Vu la vie qu'il avait menée, valait mieux pas avoir le cœur trop sensible...pourtant des regrets il en avait un ou deux. Des fautes? Il en avait certainement commises. Par exemple, sa vengeance sur Hector...mais il n'y pouvait rien et les lamentations tardives, ça n'avait rien à faire avec lui. Il était né pour être ce qu'il avait été et ce n'était pas lui qui allait discuter la tournure de sa destinée. On l'avait respecté parce qu'il était qui il était...le meilleur guerrier qui ait existé de son temps. Le plus brave, le plus audacieux...l'invincible Achille. Le solitaire aussi, sans vrais amis qui ne soient morts trop tôt, trop vite...mais il n'avait même pas eu le temps d'y trop penser, à sa solitude. La vie avait été trop brève, trop brutale...Même pas le temps d'aimer correctement une femme...Briseide...et encore...

Et le voilà, tout á coup confronté à une réalité qui faillit lui faire mal. Une vérité débitée rageusement par ce petit bonhomme, qui en ce moment devenait grand...qui l'avait toujours été . Et dire qu'il avait eu l'audace de lui dire "petit", de se ficher de sa belle tête, de se moquer de ses rêves de grandeur qui lui semblaient débiles...mais au moins lui...il avait eu droit à une longue vie...une très longue vie si on la comparait à la sienne. Ce Roi de France qui était dans tout son droit de crier sa peine et sa déception...cet homme qui avait été et serait à tout jamais, dans la mémoire des hommes, un grand monarque...le Roi Soleil.

Son ami.

Achille hocha la tête et demeura en silence un instant avant d'échanger un éloquent regard avec Richard.

Va dormir toi aussi, je veille ce soir.

Pour une fois, il n'avait pas envie de parler. Il se sentait...petit. Déjoué...et certainement un peu stupide!

Si Burton s’inquiétait de la santé de Louis, il ne fut pas sans remarquer que le Grec faisait de même. Le trio était harassé de fatigue et l’absence du babil de Louis alourdissait l’ambiance, sans conteste.
Ce que ce dernier lâcha en tirade sidéra l’ex-explorateur. Le 14ème du nom se plaignait. Bon, ça, ils en avaient l’habitude. Mais ce n’avait rien à voir avec les gémissements coutumiers. Là, il s’agissait d’une revendication à être tout simplement traité… en homme ! Pour tempêter, il tempêta bien ; fidèle à sa réputation.

*Mais où va-t-il chercher des idées pareilles ?*

Au fil du discours, Richard se sentit assez coupable, en effet. Parce qu’il était le plus « moderne », il s’était quasi approprié le rôle de chef. Il ne s’était pas imposé de force, les deux autres l’avaient accepté comme tel. Parfois, il devait bien le reconnaître en son fort intérieur, il s’était laissé emporté à commander Louis sans tenir compte de ce que ça pouvait être vexant pour cet ex-monarque d’être conduit de la sorte, lui qui avait dominé un grand pays et régi la vie de milliers d’âmes.
Des regrets ? Naturellement qu’il en avait ! Et commis des erreurs aussi. Par sa faute, une expédition avait très mal tourné; il ne dut la vie,( à ce moment-là) qu’à un coup de chance extraordinaire. Il se revit en train de s’enfuir avec une lance plantée de part en part de ses joues. Un peu amusé par ce souvenir, il eut un sourire en coin que Louis dut mal percevoir puisqu’il éclata :

Moquez-vous, riez, je m’en fous. Je suis fatigué de ce cirque. Je vais dormir.

La réaction d’Achille à cette tirade prouvait le même sentiment que celui ressenti par le Britannique : une profonde gêne.
Ils échangèrent un regard éloquent puis le héros envoya les deux autres pieuter, promettant de veiller.
Là, Richard s’insurgea. Laisser Louis renfrogné dans son coin sans l’ombre d’un soutien lui parut insurmontable. Il rejeta son assiette et bondit sur le râble du monarque qu’il étreignit avec force :

Tu as raison et tort, mon grand. Je m’excuse si plusieurs fois j’ai pu te donner des ordres malvenus avec ta condition. Nous sommes dans le même bain. Il n’y a plus d’empereur, de roi ou d’élite ici. Nous en sommes tous réduits au même point. Nous devons rester unis dans le but de trouver une solution. Si Achille et moi avions douté de toi, serions-nous là ? Tu avoueras que parfois tu exagères dans tes décisions arbitraires. Je te pardonne tout car tu es comme ça, on n’y peut rien. Comment changer sa nature ? Je veux… enfin, je souhaiterais que tu cesses de croire que l’on te considère comme la troisième roue du char. Tu n’es pas une poule mouillée, ni un couard, ni une entité négligeable. J’irai même jusqu’à dire que tu es une sorte de moteur… euh… un phare qui nous guide ( pas facile d’employer des termes inconnus selon l’époque)
Ne tire plus cette tête ! Nous sommes tous les deux tes amis, des vrais. En as-tu compté autant dans ta longue vie ?

Une solide accolade s’en suivit. Bien qu’il s’en retînt, le monarque avait la larme à l’œil.

Va te reposer ; je fais de même. Demain, on la trouvera ta porte.

Tape dans le dos, sourire, Louis sembla rasséréné. Richard le laissa se rouler dans une couverture enfin sèche, jeta un œil à Achille avec un sourire rassurant puis se positionna du mieux qu’il put pour dormir. Il releva le héros au bout d’une heure, incapable de trouver le sommeil.

Tu avoueras qu’il n’a pas menti. On le traite comme une bête de somme depuis notre arrivée… Va te reposer, Achille.

Arc bandé, Richard veilla l’heure suivante où il réveilla ses compagnons.
Louis avait l’air plus en forme surtout qu’Achille lui marmonna à son tour quelques mots sûrement de réconfort. Vu l’accolade et le sourire radieux du monarque, tout était rentré dans l’ordre, ils poursuivirent leur quête une fois le campement provisoire débarrassé.
Après plusieurs heures de marche, agrémentée des commentaires traditionnels d'un Louis retapé, Burton fut certain que le boyau métallique rétrécissait. Avant ils pouvaient marcher à trois de front puis plus qu’à deux ; finalement à la file indienne, Achille en tête évidemment.
Au bout d’un moment le Grec freina sec. Louis le tamponna, ce qui mit en rogne le héros. Burton écarta loulou afin de constater la situation. L’ouverture devant eux ne permettait plus à la carrure de l’athlète de se faufiler là-dedans. Moins baraqué, Richard proposa :

J’y vais.

Il se coula dans cet orifice dont l’ampleur diminuait au fil de sa progression. De debout, il passa à position accroupie pour se mettre bientôt à ramper.

*Si c’est un cul-de-sac, on est fin !*

Pourtant, il y voyait toujours clairement car une lumière brillait au fond du boyau et… éberlué, il la distingua cette porte !
Que fallait-il faire ? Y aller direct ou… ?
Il décida de rebrousser chemin afin d’en discuter avec les autres.

Post MJ

Parfait tout ça.

Richard rebroussa chemin afin de raconter ce qu'il avait découvert à ses compagnons. Tous voulurent aller voir ça de plus près. Louis étant le plus fluet passa le premier. Il promit de ne toucher à rien avant l'arrivée des autres. Malgré leur scepticisme, Richard et Achille le suivirent.

Donc votre ordre de passage est donné. Louis, évidemment, tu ouvriras la porte...

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