Une seconde chance ... (fe)

Tee-shirt en lambeaux, pantalon déchiré, cheveux en bataille, il était très difficile de reconnaitre la jeune femme assise au bord de la cascade. Voilà à peine une heure qu'elle est arrivé là, et, épuisée, ne bouge plus, cherchant à reprendre son souffle. Quand ce fut fait, elle se leva doucement et se déshabilla avant de grimper sur un rocher et de plonger dans l'eau. Faisant quelques brasses, elle se dirigea vers la cascade et, se redressant, tends son visage vers l'eau, les yeux complêtement fermés. Que fait cette jeune femme dans un si mauvais état ici ? Pour savoir cela, il faut remonter quelques semaines en arrière ...


"Ce jour-là, Océana s'était levée comme à son habitude pour préparer le déjeuner de Jess. Celui-ci la rejoignit quelques minutes plus tard avant de partir pour le cabinet médical où ses patients l'attendaient. La jeune femme avait décidé de profiter de la matinée pour faire un peu de ménage et c'est ainsi qu'elle attaqua, un balai à la main. Au bout d'un certain temps, elle ressentit comme un malaise, malaise peu habituel mais qui fut accompagné de ses éternels maux de tête, significatif de vision. S'asseyant à même le sol, Océana ferma les yeux pour laisser affluer les images. Depuis quelques temps, elle n'arrivait plus à les contrôler. Mai au lieu d'avoir des images, elle eut l'impression de partir. Rouvrant les yeux et regardant ses mains, elle paniqua en se rendant compte qu'elle était en train de disparaître. Malheureusement elle n'eut rien le temps de faire, ni même de laisser un message à Jess avant de disparaître complêtement."


Rouvrant les yeux, Océana sortit de sous la cascade et s'avança vers un rocher légèrement immergé dans l'eau, s'asseyant dessus, elle laissa ses pensées vagabondaient vers sa "disparition".


"Ou était-elle ? Reprenant pied dans une sorte de salle bizarre, la jeune femme regarda autour d'elle avec attention. Quand elle comprit qu'elle était seule, elle se détendit légèrement et entreprit de visiter les lieux. La salle, où elle se trouvait, était en fait le sommet d'une tour radio. Partout autour d'elle, de vieux instruments à moitié détruits ou rouillés de vieillesse restaient silencieux sur leur utilité. Malgré ses connaissances, Océana ne put découvrit la façon de les faire fonctionner, du moins s'ils pouvaient encore fonctionner ! Descendant l'escalier, elle découvrit une nouvelle salle où des caisses étaient stockées. S'approchant de l'une d'elle, elle remarqua des livres de toutes époques et tous auteurs. Sourire aux lèvres, la jeune femme farfouilla avant de sortir un vieux cahier semblable à celui qu'ils avaient trouvés dans le souterrain. S'asseyant sur une caisse, Océana ouvrit la première page d'une main tremblante et parcourut les quelques lignes qui y figuraient. Des codes, des chiffres, des formules. Que des choses interressantes pour la scientifique qu'elle était mais le lieu était mal choisi. Prenant un sac à dos qui trainait dans un coin, elle amassa des livres ainsi que le carnet et les rangea avant de sortir dans la jungle. Malgré le fait qu'elle ne connaisse pas beaucoup cette île, Océana avait pu reperer, depuis le haut de la tour, la direction de la plage. Sans hésiter, elle se mit en route."


Pourquoi était-elle réapparue là-bas ? Pourquoi même avait-elle disparue ? Toutes les personnes qui avaient disparues jusqu'à présent n'étaient jamais revenues. Elle ignorait pourquoi elle était encore là mais elle avait comprit qu'elle avait eu le droit à une seconde chance et se devait de la saisir. Sortant de l'eau, elle renfila ses vêtements avant de cueillir quelques fruits pour manger un peu.

Disparaitre pour mieux revenir. On pourrait dire cela de la jeune fille que voilà mais en faite, Ana n'avait pas vraiment disparue. Difficile à croire quand on sait que trois mois sont passés depuis le naufrage et que la miss n'est restée au village qu'une semaine. C'est un mystère direz-vous, un mystère à éclaircir ...

Perchée en haut d'un arbre, Ana regardait Océana. Elle était là depuis l'arrivée de la jeune femme. Elle avait tout vu. Sa fatigue, son bain, ses reflexions, sa cueillette et maintenant son repas. Avec agilité la jeune demoiselle descendit de l'arbre et s'avança vers Océana. Bien sûr elle aurait pu arrivée en silence et ne pas se faire remarquer mais ce n'était pas le but. Le visage surprit de la chercheuse était assez comique. A croire qu'elle avait vu un revenant ! Regard très sérieux, Ana salua la jeune femme.

Bonjour Océana, heureuse de te revoir.

Sa voix était plus mûre et plus posée que les autres fois où elle avait rencontrer la jeune femme. Normal, avant elle jouait un jeu, aujourd'hui elle était elle-même.

Te revoilà donc sur Alpha. Le point de départ de beaucoup de choses.

Souriant doucement, elle s'installa sur un rocher sans quitter les réactions de la jeune femme.

Océana venait de s'installer sur un rocher quand une apparition la tétanisa littéralement. Là devant elle, s'avançait Ana-Catarina, une jeune collégienne disparue à peine quelques jours après son arrivée sur l'île.

Bonjour Océana, heureuse de te revoir.

La jeune femme lacha son fruit sous la surprise, plus qu'évidente, qui transperçait sur son visage.

Ana ? Mais ... je croyais ... Tu avais disparue ...

Cherchant à remettre de l'ordre dans ses idées, elle réalisa qu'elle-même avait disparue puis réapparue comme par magie.

Te revoilà donc sur Alpha. Le point de départ de beaucoup de choses.

Se levant d'un bond, Océana regarda autour d'elle. Ainsi donc, elle était sur Alpha. Jamais elle n'était venue aussi loin, c'est très certainement pour cela qu'elle n'avait pas reconnue les lieux.

Que veux-tu dire par là, Ana ? Tu sais quelque chose sur les évènements bizarres qui se passent ici ?

La jeune femme dévisagea la jeune demoiselle. Cette dernière avait beaucoup changée depuis 3 mois ...

Ana ? Mais ... je croyais ... Tu avais disparue ...

Un lèger sourire passa sur les lèvres de la jeune fille. C'était ce qui était voulu qu'on croie à sa disparition mais aujourd'hui, les choses avaient changées et elle devait revenir ... Enfin, ... Elle devait surtout voir Océana, c'est pour ça qu'elle l'avait fait venir sur Alpha.

Que veux-tu dire par là, Ana ? Tu sais quelque chose sur les évènements bizarres qui se passent ici ?

Ana éclata d'un rire franc.

Si je sais quelque chose, j'en sais beaucoup plus que tu ne le crois et pourtant je n'ai pas ton don. D'ailleurs, ... c'est pour ça que je voulais te voir.

Ana prit le temps de cueillir un fruit avant de reprendre la parole.

Tu as quelque problème avec ton don mais je vais t'aider, tu en aura besoin pour les temps à venir.

Océana la regardait d'un air des plus stupéfait mais Ana n'y prêtait pas attention, elle savait que cette discution pouvait paraitre bizarre pour une ... non-initiée.

Ne me regarde pas comme si j'étais une extraterrestre, je suis comme ... toi.

Soupirant doucement, elle leva une main et la posa sur le front d'Océana. Une douce chaleur enveloppa les deux jeunes femmes avant de disparaitre. Retirant sa main elle sourit à la jeune femme.

Voilà, maintenant tu pourras contrôler ton don.

Cela faisait longtemps que Jess brûlait de retourner sur Alpha y compléter ses fouilles des galeries souterraines. L’occasion lui avait manqué souvent. Il avait eu tant à faire ! Heureusement, il était parvenu à former deux infirmiers supplémentaires ce qui l’avait soulagé grandement. Aujourd’hui, il pouvait les laisser seuls au dispensaire et s’octroyer une sorte de détente. Un des canots à moteur l’embarqua, il s’était fait expliquer le trajet pas très difficile par temps clair, ce qui était pratiquement toujours le cas.
Mer d’huile, soleil généreux, il ne connut aucun désagrément jusqu’à l’amarrage au petit port désert.
Tout en attachant son embarcation, le médecin ne put empêcher une vague de souvenirs l’envahir. Il revécu so arrivée après le « naufrage » du Méredith II, son errance puis sa rencontre avec… elle !
Océana l’avait profondément marqué, à n’en pas douter. Malgré le temps écoulé depuis sa seconde disparition, jamais Owen n’avait cessé d’y penser. Elle lui manquait terriblement. Son sourire, ses yeux, son corps…
Beaucoup de villageoise, le trouvant très solitaire et pas trop mal, avaient bien tenté de l’attirer dans leurs filets. Aucune n’y était parvenue. D’aucun riait de cette fidélité à un… fantôme ; pas Jess. L’adorable jeune femme était celle qu’il voulait. Si elle ne revenait pas… tant pis !
Tout pensif, Owen chercha à s’orienter. Sur cette île déserte, rien ne semblait avoir bougé. Lentement, il prit le chemin des bâtiments délabrés et retrouva la trappe qui menait aux installations vétustes mais fonctionnelles. Toute la matinée s’y passa. Il en remua des vieilleries dans la pièces des rebuts. Là, il avait découvert un cahier, une sorte de journal où l’auteur relatait une expérience avec des… dinosaures. Au départ, Jess l’avait cru fou, les événements récents sur Béta l’avaient obligé à réviser son jugement. Les écrits faisaient aussi allusion à un autre Owen que Jess soupçonnait d’être un arrière-grand-oncle porté disparu en mer. Coïncidence ? Le médecin se persuadait du contraire.
La faim et la crasse le poussèrent à remettre le nez dehors. Il devait faire une pause, manger et se décrasser. Certes, l’ « abri » disposait de sanitaires et de frigidaires mais l’enfermement après tant de semaine à l’air libre était intolérable. Guidé par des souvenirs qu’Océana avait évoqués avec lui sur cette île qu’elle connaissait assez bien, il se dirigea vers l’endroit où une cascade jaillissait.
Songeant déjà avec délice au plongeon frais qui l’attendait, il dut s’arrêter car, s’il percevait bien des éclats d’eau, il entendait aussi autre chose : des voix !
Machinalement, il porta la main à sa ceinture où pendait l’étui de son automatique. Poing armé, il se dirigea vers la source sonore, aux aguets et en silence. Ce qu’il aperçut à travers le feuillage le scia :

*Elle ? Mais qu’est-ce qu’elle fait ici ?*

Océana n’avait pas l’air en forme. Vu ses cheveux mouillés, elle venait de se baigner. Là, un fruit en main, elle discutait avec une gosse de treize ans dont se souvenait vaguement Owen. Il se concentra pour saisir les échanges. Le « Je suis comme toi » d’Ana le laissa perplexe mais moins que le geste auquel il assista :

*Que lui fait-elle avec sa main ?*

Très intrigué, le médecin se força à l’immobilité totale. Il y parvint jusqu’à ce qu’une grosse araignée ne lui tombe dessus. Là, il sursauta en la chassant et… se découvrit.

*Merde !* Oh ! Ben ça ! Pour un hasard ! Ma Ché… Océana ! Je n’en reviens pas ; si je m’attendais !

En fait, il ne savait pas comment son intrusion était perçue. Les deux filles le regardaient avec un étonnement non dissimulé. Un silence gêné s’installa. Jess le rompit en débitant très vite :

Pourquoi tes vêtements sont-ils dans cet état ? D’où viens-tu ? Tu aurais pu donner de tes nouvelles. Et vous… Ana ? D’où sortez-vous ? Je n’ai vu aucune embarcation au port. Il y a un champignon dans le coin ?

En les bombardant de questions, il espérait un peu les embrouiller et leur faire oublier qu’il les avait peut-être entendues. Pourtant, quelque chose l’avertissait qu’elles n’étaient pas dupes.

Si je sais quelque chose, j'en sais beaucoup plus que tu ne le crois et pourtant je n'ai pas ton don. D'ailleurs, ... c'est pour ça que je voulais te voir.

Océana se sentit faiblir, pourquoi ne pouvait-elle pas dire à Ana qu'elle ne la croyait pas ? Peut-être parce qu'avec tout ce qu'elle avait vu ici, elle n'était plus sûr de rien.

Tu as quelque problème avec ton don mais je vais t'aider, tu en aura besoin pour les temps à venir.

Nom d'une allumette ! Comment pouvait-elle savoir ça ? Ses mésaventures avec son don l'avait prise bien après le départ de la jeune fille, donc il était tout simplement impossible qu'elle le sache !

Ne me regarde pas comme si j'étais une extraterrestre, je suis comme ... toi.

Océana resta clouer sur place. Que devait-elle faire ? La croire ? Elle n'avait pas le choix, de toute façon il y avait très certainement une raison à sa seconde chance. C'est ainsi qu'elle avait nommée son retour à la vie.

Quand Ana leva la main pour la poser sur son front, elle ne fit aucun geste pour l'en empêcher. Quoiqu'il arrive, ça ne pouvait être pire que le mal de tête de chien que lui donnait ses visions.

Voilà, maintenant tu pourras contrôler ton don.

La chaleur qui l'avait envelopper puis le sentiments d'être parfaitement détendue, la firent sourire. Elle s'appretait à répondre quand un grand bruit dans les feuillages les obligèrent à se retourner.

L'homme qui apparut devant les deux jeunes femmes, laissa Océana bouche bée. Des larmes se mirent à briller dans ses yeux quand elle réalisa qu'elle n'avait jamais penser revoir celui qu'elle aimait.

Oh ! Ben ça ! Pour un hasard ! Ma Ché… Océana ! Je n’en reviens pas ; si je m’attendais !

Océana remarqua immédiatement l'hésitation qu'avait eu son compagnon à l'annonce de son nom. Se mordant les lèvres, elle resta silencieuse jusqu'à ce qu'une pluie de question arrive.

C'est une histoire trop ... longue à te raconter. Du moins ... pas ici. Tu es venu en barque, tu peux donc nous ramener sur Bêta. J'ai besoin de me changer et d'une bonne douche !

Souriante, elle s'approcha de Jess tout en surveillant Ana du coin de l'oeil. Elle était très méfiante envers la jeune fille, ne sachant pas ce qu'elle lui avait fait tout à l'heure. En plus, au vue de la réaction de Jess, il devait avoir vu certaines choses ...

La revoir, elle, alors qu’il ne cessait de penser à elle. Owen était tout décontenancé.

C'est une histoire trop ... longue à te raconter. Du moins ... pas ici. Tu es venu en barque, tu peux donc nous ramener sur Bêta. J'ai besoin de me changer et d'une bonne douche !

La douche… tu viens d’en prendre une, vu tes cheveux, ma chérie. Je me doute qu’elle a été glacée. Je suis venu en canot et j’ai repris des investigations dans la pièce aux vestiges. J’avais besoin d’air, je suis venu ici. Bon Dieu que tu m’as manqué !

Sans se soucier de la gamine qui les toisait à distance, il enlaça Océana, chercha sa bouche et la trouva avec délice.

Ne me quitte plus ! J’ai tellement prié pour ce moment.

Il ne put empêcher des larmes d’émotions d’embrumer son regard. Elle aussi avait l’air émue et contente de le revoir.

On va rentrer si tu veux. Il y a aussi tout ce qu’il faut en bas. C’est toi qui vois. Bon Dieu, que je t’aime !

Elle ne se déroba pas à son étreinte, à croire qu’elle aussi était en manque de tendresse. Un baiser fou, long, passionné s’échangea. Quand ils en émergèrent, ils ne purent que constater la disparition de la petite Ana-Catherina.

On s’en fout de cette gamine ! Viens dans le souterrain, tu te doucheras pendant que je préparerai de quoi manger ; tu me raconteras après.

Dire qu’il était joyeux est peu dire. Jess exultait. La femme dont il rêvait tous les jours était à nouveau dans ses bras, rien d’autre n’avait d’importance.
Sans trop croire à sa chance, il la guida vers les installations souterraines. Océana alla dans la salle de bains alors qu’il se chargeait de cuire de pâtes.
Bonté divine, elle était radieuse en revenant vers lui, même si une ombre obscurcissait ses yeux splendides.

C’est prêt dans une minute. Veux-tu du vin ? J’en ai trouvé une bouteille. Tu as l’air tellement fatigué, mon amour. Si tu veux… euh… tu peux aller te reposer de suite. On ira sur Béta plus tard.

La miss sourit, acceptant un verre de vin et les pâtes. Jess n’avait plus ni faim, ni soif, il se régalait de sa vision de la jeune femme occupée à avaler ce qu’il lui avait préparé.
Il se garda bien de l’interroger, se contentant de la regarder jusqu’à ce qu’elle termine.
Mettant la vaisselle sale dans le lavabo, il suggéra :

Va t’allonger, je m’occupe du reste.

Il n’osa pas aller la rejoindre, se contentant de tout ranger avant d’aller la regarder déjà au pays de Morphée.

La douche… tu viens d’en prendre une, vu tes cheveux, ma chérie. Je me doute qu’elle a été glacée. Je suis venu en canot et j’ai repris des investigations dans la pièce aux vestiges. J’avais besoin d’air, je suis venu ici. Bon Dieu que tu m’as manqué !

Il avait à moitié raison, sauf qu'elle avait envie d'un bon gel douche pour vraiment se nettoyer et se sentir propre. Le baiser qu'il lui donna était d'un grand réconfort pour la jeune femme. Il lui avait terriblement manquer.

Ne me quitte plus ! J’ai tellement prié pour ce moment.

Océana se mordit les lèvres, les larmes aux yeux. Comme si elle avait voulu cette disparition ! Ce n'était pas le moment de tout lui raconter. Autant d'abord profiter de l'instant présent.

On va rentrer si tu veux. Il y a aussi tout ce qu’il faut en bas. C’est toi qui vois. Bon Dieu, que je t’aime !

Cette déclaration acheva la jeune femme, qui laissa perler une larme au coin de ses yeux.

Moi aussi je t'aime Jess !

Ce fut une étreinte longue et des plus franche. Rien à voir avec un geste amical. L'amour était vraiment présent entre les deux jeunes gens et bien visible.

On s’en fout de cette gamine ! Viens dans le souterrain, tu te doucheras pendant que je préparerai de quoi manger ; tu me raconteras après.

Océana était quand même un peu surprise de la disparition d'Anna mais elle n'en dit rien, elle aurait bien le temps de revenir pour essayer de la retrouver. Main dans la main, ils s'orientèrent vers les installations soutteraines où la jeune femme retrouva une douche bien chaude et surtout avec du savon ! Une dizaine de minutes plus tard, fraiche et souriante, elle retrouva Jess dans la partie cuisine.

C’est prêt dans une minute. Veux-tu du vin ? J’en ai trouvé une bouteille. Tu as l’air tellement fatigué, mon amour. Si tu veux… euh… tu peux aller te reposer de suite. On ira sur Bêta plus tard.

Rester aisni tout les deux, lui rappela le jour où ils s'étaient connus. C'était il y a quelques mois mais Océana avait l'impression de connaitre Jess depuis beaucoup plus. En faite, elle ne se voyait pas vivre sans lui. Dégustant avec délice le repas qu'il lui avait préparer, elle s'apprétait à l'aider à ranger mais celui-ci s'y opposa.

Va t’allonger, je m’occupe du reste.

Trop fatiguée pour réppliquer, la miss s'étendit sur l'une des couchette et plongea rapidement dans un sommeil sans rêve ... Quand elle s'éveilla plusieurs heures plus tard, elle remarqua qu'elle était seule. Se levant, elle entra dans la cuisine et s'installa à la table avec son sac à dos qu'elle avait pensé à ramasser avant de suivre Jess. L'ouvrant, elle en vida le contenu avant d'attraper le carnet qui l'interressait tant. Plongée pendant plusieurs minutes, elle ne remarqua pas tout de suite la présence de son compagnon. Enfin, elle leva les yeux et le découvrit.

Oh Jess ! T'es là ? Tu as bien dormi ? Moi comme un bébé, ça faisait bien longtemps !

En faite, elle commençait à se demander vraiment ce que lui avait fait Ana parce qu'habituellement ses nuits étaient troublées par des visions. Elle vit le regard de Jess posé sur le carnet et sourit.

Tu te demande d'où il vient, n'est-ce pas ? Viens t'asseoir, je vais te raconter ce qu'il s'est passé depuis ma ... disparition, jusqu'à ce que tu me trouve.

D'une voix douce, en essayant de ne rien oublier, Océana raconta son histoire. Elle pourrait paraitre incroyable mais ici, tout le monde savait que des choses bizarres se passaient.

Voilà, maintenant tu sais tout.

Regardant son compagnon, elle poussa le carnet vers lui, sachant qu'il voudrait le voir.

Le plus heureux des hommes ? C’était bien possible. Retrouver la femme qu’il aimait rendait Jess dans un état presque euphorique.
Il aurait astiqué le souterrain complet si elle le lui avait demandé. Qu’elle aille dormir sans lui avoir parlé ennuyait assez le médecin mais quelque chose lui soufflait qu’il faudrait user de patience afin qu’Océana ne se confie. Longuement, il l’avait contemplée dans son sommeil, résistant à l’envie de caresser ses cheveux si soyeux. A pas de loup il s’était éclipsé, la laissant reposer, s’installant sur une autre couchette, non loin d’elle.
Lève-tôt habituel, pas besoin de réveil matin pour que Jess se redresse. Un œil attendri à son aimée lui prouva qu’elle écraserait probablement encore un bon moment. En douce, il alla préparer du café puis se doucha. Au sortir de la salle d’eau, il eut l’agréable surprise de la découvrir assise face à une pile de bouquins épandus sur la table, assez intéressée par une sorte de carnet qu’elle manipulait. Se rendant compte qu’elle était observée, elle tourna vers lui son radieux visage :

Oh Jess ! T'es là ? Tu as bien dormi ? Moi comme un bébé, ça faisait bien longtemps !

Tu m’en vois ravi, ma chérie !

Il s’approcha pour déposer un léger baiser sur ses lèvres puis ne put s’empêcher d’arquer un sourcil interrogatif vers le carnet.

Tu te demandes d'où il vient, n'est-ce pas ? Viens t'asseoir, je vais te raconter ce qu'il s'est passé depuis ma ... disparition, jusqu'à ce que tu me trouves.

Si elle lui proposait de s’asseoir, c’est que son récit serait ou long ou extraordinaire ou… les deux. D’abord le médecin leur servit une grande tasse de café puis s’installa en s’attendant au pire.
Il ne fut pas déçu par cette narration assez étonnante. Il prit le temps de réfléchir tout haut :

Si j’ai bien compris, le matin où tu as disparu, tu croyais recevoir une vision puis tu t’es sentie… disparaître. Tu n’aurais repris conscience qu’au sommet d’une tour abandonnée dans laquelle tu as piqué tout…, tout ça ? Tu t’es remise en marche aussitôt après vers la cascade…

Embarrassé, il se gratta la nuque :

Ça fait quand même près d’un mois que tu es « partie » ma chérie. Tu n’as aucun souvenir de euh… d’avant ça ?

Elle secoua sa jolie tête en poussant le carnet vers lui :

Voilà, maintenant tu sais tout.

La belle affaire ! Qu’avait-elle fabriqué pendant tout ce temps ? Comment la jeune Ana s’était-elle trouvée pile à l’endroit où Océana était arrivée ? Il n’osa pas l’interroger sur le geste qu’il avait surpris entre la gamine et son aimée, sans doute cette dernière l’ignorait-elle elle-même.
Certes, le carnet l’attirait mais moins que la splendide jeune femme qui le lui proposait.

Nous le consulterons plus tard, sur Béta. Prépare-toi, nous allons prendre la mer, si le temps le permet ; je vais au canot, rejoins-moi là-bas.

Pendant qu’elle rassemblait leurs affaires et faisait sa toilette, Owen monta mettre le nez dehors. Ouf ! Un ciel serein serait de la partie.
Il vérifia moteur et carburant puis, la voyant arriver, courut l’aider à porter son sac, le sien étant déjà embarqué.
Peu après, ils voguèrent vers l’île habitée.
Le voyage se passa sans anicroche, peu de mots s’échangèrent. Si peu que Jess s’en inquiéta :

*Serions-nous devenus des étrangers l’un pour l’autre ? Pitié, tout mais pas ça !*

Rangeant l’embarcation près des autres au port abrité, il se sentit très « fier » d’escorter la jeune femme jusqu’à leur bungalow sous les regards parfois surpris de la populace locale. Le dispensaire l’attendrait encore un peu. S’il n’avait tenu qu’à lui, il serait resté chaque minute auprès de Miss Sealight, de peur d’encore la voir s’évaporer.

Veux-tu une boisson quelconque ? J’ai plusieurs ouvriers à ma solde contre soins gratuits. Moi, je n’ai pas le temps d’aller piocher à la mine mais ces échanges de services sont fructueux.

Océana s’installa dans le hamac extérieur tandis que Jess amenait verres et… carnet.

On va étudier ça ensemble, si tu veux.

Il avait surtout envie d’étudier une anatomie particulière mais s’abstint de se montrer trop empressé. Chaque chose en son temps.

Si j’ai bien compris, le matin où tu as disparu, tu croyais recevoir une vision puis tu t’es sentie… disparaître. Tu n’aurais repris conscience qu’au sommet d’une tour abandonnée dans laquelle tu as piqué tout…, tout ça ? Tu t’es remise en marche aussitôt après vers la cascade…

Océana hocha la tête sans quitter Jess du regard. Il paraissait soucieux comme si quelque chose n'allait pas. Pourtant il savait que jamais elle ne lui mentirait.

Ça fait quand même près d’un mois que tu es « partie » ma chérie. Tu n’as aucun souvenir de euh… d’avant ça ?

Elle retint un cri d'exclamation à cette remarque. 1 mois ! C'était vraiment long ! Pour elle, elle n'était partie que depuis quelques heures ...

Nous le consulterons plus tard, sur Béta. Prépare-toi, nous allons prendre la mer, si le temps le permet ; je vais au canot, rejoins-moi là-bas.

Perdue dans ses pensées, elle mit plusieurs minutes avant de réagir. Hochant la tête, elle se leva et se dirigea vers la salle de bain où elle prit rapidement une douche, froid d'ailleurs pour essayer de se reveiller de ce mauvais rêve. Disparue pendant un mois ... Elle n'arrivait pas à le réaliser ...
Rangeant ses affaires, elle sortit des tunnels et se dirigea vers le rivage où Jess avait amarer la barque. Ce dernier vint lui prendre son sac tandis que la demoiselle embarquait.
Le voyage se passa en silence, Océana étant toujours troublée par ce mois d'absence. Jess allait-il vraiment la croire ou bien chercher à l'examiner pour voir si elle était normale ? Se mordant les lèvres, Océana suivit son compagnon jusqu'à leur bungalow. Sa main dans la sienne lui donnait le courage d'avancer devant les regards très surprit des habitants. Elle était la première "disparue" à revenir. Pourquoi ? Elle n'en savait rien mais était certaine qu'Ana devait avoir la réponse à cette interrogation.

Veux-tu une boisson quelconque ? J’ai plusieurs ouvriers à ma solde contre soins gratuits. Moi, je n’ai pas le temps d’aller piocher à la mine mais ces échanges de services sont fructueux.

Océana sourit doucement. Etant le seul medecin de l'île, Jess devait avoir énormement de travail et la disparition de la demoiselle avait dû lui causer un soucis de plus. Acceptant la boisson, elle s'installa dans le hamac, se posant quand même quelques questions sur sa "seconde chance".

On va étudier ça ensemble, si tu veux.

Se redressant, elle fit de la place pour son compagnon, prit le verre mais repoussa le carnet.

Je n'en ai guère envie pour le moment. Ce que tu m'as dit tout à l'heure m'inquiète plus. Je suis partie 1 mois et je ne me souviens de rien ! C'est quand même étrange. Pourquoi suis-je la seule disparue a être revenue ? Suis-je normale ?

Ce n'était pas son genre de montrer une quelconque faiblesse mais des larmes perlèrent au coin de ses yeux.

J'ai peur Jess. Que m'arrive-t'il ?

Les choses étranges qui se passaient sur l'île avait toujours été une curiosité pour la demoiselle mais cette fois, c'était elle-même qui était concernée.

Y'a-t'il eu des choses bizarres pendant mon absence ? D'autres disparitions ou apparitions ?

Peut-être n'était-elle pas la seule concernée après tout ...

Toute cette étude du journal avait fatigué le médecin. Rien au monde cependant ne lui aurait fait quitter cette place privilégiée de « gardien » d’Océana.
C’était un véritable « miracle » que de l’avoir retrouvée pile sur les lieux de leur première rencontre. Dans le fond, Jess avait depuis belle lurette mit le rationnel au placard. Depuis le début de cette aventure, rien n’était ce que l’on pouvait appeler « normal ».
Alors… Autant s’y faire et prendre ce que le hasard ou destin leur donnait.
Son ange dormait dans le hamac. Dieu qu’elle était belle. Il avait tellement craint qu’elle ne se soit évaporée pour de bon comme tant d’autres. Ce qui lui était arrivé demanderait approfondissement. Mais pas de suite. La pauvrette devait d’abord reprendre des forces avant d’affronter son passé récent, pour autant qu’il soit possible de raviver ses souvenirs.
Quand elle s’éveilla, Owen en prit presque immédiatement conscience. Elle le troublait tellement avec ses grands yeux larmoyants qu’il ne trouva rien de mieux que de lui proposer à manger. Puis elle accrocha sa main avec un tel désespoir que son cœur s’emballa :

Jess, j'ai besoin de toi. Je ... je tiens toujours à toi mais ... quand est-il pour toi ?

Emotionné, il dut se racler la gorge pour émettre un :

Ben… c’est pareil, ma douce. Je t’ai attendu jour et nuit.

Cela ne sembla pas convaincre la demoiselle qui s’accrocha de plus belle, vraiment tourmentée :

Je t'aime toujours Jess. Ne me laisse pas, je ne pourrais pas le supporter.

Choqué sur le coup, il faillit rire de soulagement. Franchement, il devait avouer avoir eu la trouille qu’elle lui débite tout le contraire sur ses sentiments. Comprenant qu’elle avait besoin de réconfort, il l’attira sur ses genoux et la berça comme une petite fille en lui caressant les cheveux :

Je n’ai aucune intention de te laisser nulle part d’autre que près de moi. Je t’ai aimée dès que mes yeux ont croisé les tiens et rien ne changera ça, jamais.

Doucement, il lui embrassa le cou, remontant sa jugulaire pour affleurer sa joue en cherchant ses lèvres. Il ne voulait rien brusquer mais il fallait la convaincre de sa sincérité :

Je n’ai jamais aimé une femme comme je t’aime, toi. Tu es tout pour moi. Je suis devenu à moitié fou quand tu as disparu et seul un travail acharné m’a empêché de sombrer. Demande autour de toi dans le village, si tu veux en être sûre : personne ne m’a consolé pendant ton absence. Là, je suis le plus heureux des hommes puisque tu m’aimes aussi.

Les caresses se firent plus appuyées. Il était prêt à tout arrêter si elle se cabrait sous ses doigts audacieux qui palpèrent son corsage. Loin d’être rétive, Miss Sealight entra dans la danse, lui rendant caresse et baisers avec un feu grandissant.
Ils ne pouvaient pas rester ainsi sur la terrasse d’où n’importe quel habitant pouvait les voir.
S’assurant que les bras d’Océana enserraient bien son cou, il la releva dans ses bras et la porta à l’intérieur de leur pavillon.
Avec beaucoup de délicatesse, il l’allongea sur le lit qu’elle avait déserté depuis longtemps.

Si… Si tu veux qu’on en reste là… ça ne fait rien. Je peux encore attendre que…

Non, pas d’interruption. Décidément, Océana avait autant envie que lui de lui prouver sa flamme.
Ardents, les amants batifolèrent gaiement tout à la joie de receler leurs accordailles. Leur corps non plus ne s’était pas oublié, ils s’accordaient parfaitement.
Pour la première fois depuis plus d’un mois, Jess s’endormit un sourire aux lèvres, en serrant contre lui la femme qu’il adorait.
Au petit jour, il laissa Océana dormir pour lui préparer un petit déjeuner complet. C’est le médecin qui parlait. Il n’avait pas été sans remarquer des stigmates de privations ainsi que quelques blessures ou griffures sur l’épiderme de son aimée. Il devrait l’examiner à fond, sous l’éclairage cru du dispensaire mais, avant tout, Miss Sealight devait reprendre des forces.
Radieuse en le rejoignant, Océana s’enquit du programme de la journée :

Je dois filer au dispensaire dès que j’aurai fini ce café. Le nouvel assistant est bon, mais… enfin tu comprends. Tu pourras m’y rejoindre tout à l’heure, si tu veux. Ou alors habille-toi vite et on y va ensemble ?

Il espérait qu’elle accepterait de l’accompagner au plus tôt car ce que ses doigts lui avaient révélés l’intriguait au plus haut point

Pour une belle nuit, Owen ne pouvait se plaindre. Faire ceinture un mois ne l’avait pas gêné tant que ça mais retrouver celle qu’il aimait et leur passion intactes l’agréait au plus haut point.
La jeune femme dévora gaillardement le petit déjeuner proposé puis Jess annonça qu’il devait partir travailler. Il sentait Océana… nerveuse. Qu’elle désire l’accompagner était somme toute naturel.
En quelques minutes, elle fut prête.
Le dispensaire n’était pas loin mais la jeune fille semblait tourmentée, comme craignant le regard des autres. Il est vrai qu’après s’être évaporée un mois, ceux qui la connaissaient, ne fut-ce que de vue, devaient s’interroger sur ce retour inédit.
Ensemble, ils gagnèrent le pavillon médical.

Je m’occupe de toi, très vite, dit Jess est lui déposant un bisou sur les lèvres.

S’intéressant aux patients présents, lisant quelques rapports préparé par son assisatnt, Owen donna quelques directives et soins avant de revenir chercher sa compagne qu’il entraînan vers un lit. Tirant le rideau de séparation, il toussota :

Ma chérie, j’aimerais que tu dévêtes. Cette nuit, j’ai remarqué des trucs que je voudrais voir autrement que du bout des doigts.

Misère, il s’y prenait comme un manche à balai. De quoi flanquer la trouille à n’importe qui. Il la vit si tremblante qu’il s’en voulut de son indélicatesse. S’approchant d’elle, il la serra contre lui :

Ce n’est sûrement rien de grave, je t’assure. Si tu veux, je t’aide…

Ce déshabillage mit ses sens en émoi. Elle était si belle, magnifique. Peau dorée, douce comme une pêche… Même un peu maigre, il l’aurait bien croquée mais le professionnalisme reprit le dessus.
Allongée doucement sur le drap, Jess contempla plus froidement son aimée. Ses doigts ne l’avaient pas induit en erreur. Ça et là, des cercles rougeâtres imprimaient son épiderme satiné.

*Qu’est-ce que c’est que ça ?*

La nature curieuse du médecin domina tout sentiment. S’emparant d’une loupe, il examina chaque trace, non sans rassurer Miss Sealight d’une caresse ou l’autre.

Des piqûres, ma chérie. On t’a piqué en de nombreux endroits… Je dois te faire passer des analyses.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Une aiguille se planta dans une veine gonflée d’un garrot au bras, plusieurs tubes s’emplirent. Les prenant, Jess embrassa à nouveau la jeune femme :

Ne bouge pas de là, je les donne à Steven.

Moins de deux minutes plus tard, il revenait dans l’alcôve tendue de plastique et y trouva une jeune femme au bord des larmes. Que faire d’autre que de la consoler ? D’autant que c’était très agréable. Sauf que, lui embrassant le visage, Jess remarqua autre chose près du front d’Océana. Pas besoin de loupe, ces traces près du cuir chevelu ne signifiaient qu’une chose : pose d’électrodes.

Mais qu’est-ce qu’ils t’on fait, bon Dieu !

Là, Jess angoissait à son tour.

Ma chérie, si tu es assez en forme, on pourrait tenter l’hypnose… cela réveillerait peut-être des souvenirs. Veux-tu essayer ?

Ce n’était pas de gaité de cœur que Jess avait entrepris d’hypnotiser sa douce Océana. La pauvre mourait d’angoisse de révéler ce qu’elle avait fabriqué pendant tout le mois de sa disparition. An son réveil, la jeune femme remarqua immédiatement la mine décomposée de son compagnon et s’inquiéta :

Jess ! Que ... que s'est-il passé ? Qu'ai-je dis pour que tu sois aussi pâle.

Embarrassé, le médecin entreprit d’abord de la rassurer en l’enlaçant tendrement :

Rien de grave ; tu n’as rien à te reprocher… mais il vaut mieux que je te passe la bande.

La voix d’Océana, déformée par le haut-parleur, débita d’un ton morne :

« … Je passe sous le champignon. On dirait qu’il y a un long tunnel sombre qui s’éclaire progressivement.

-Jess : Que vois-tu à présent.

-O : Un couloir aux murs de pierre est couvert de grand panneaux lumineux. J’avance encore. Des gens sont là : deux hommes et une femme.

-J : A quoi ressemblent-ils ?

-O : Ils sont jeunes, très blonds aux cheveux longs. Tous portent une grande toge immaculée. Ils sourient.

-J : Ils te disent quelque chose ? Que disent-ils ?

(La voix d’Océana change, elle devient plus grave, masculine)

- H1 : Bienvenue Océana. Nous t’attendons depuis longtemps. Aurais-tu oublié ton rendez-vous ?

-O : Oui ; pardon Uriel.

-H1 : Nous avons été obligés de t’appeler. Suis-nous.

J : Où t’emmènent ces gens ?

O : Je traverse des couloirs, tous pareils. On entre dans une pièce. Tout est blanc, éclatant. J’ai mal aux yeux. Nathanaëlle me déshabille et m’allonge sur une des tables. On me couvre d’un drap.

J : Que te font ces gens ? Prends ton temps pour répondre. Si c’est trop difficile, je te réveille.

(Silence)

O : Je n’ai pas peur, je n’ai pas mal. Uriel pose un casque avec des fils sur ma tête. Il va a un tableau plein de voyants, manipule des boutons.

(Le cri de douleur d’Océana emplit la pièce)

O : J’ai mal, j’ai très mal. Uriel, arrête. (silence) Il n’a pas arrêté. Je sais qu’il fouille ma tête ; il regarde des images.

J : Quelles images ? Les vois-tu aussi ?

(Là, dans le moindre détail, la jeune femme détailla tous les événements qu’elle avait vécu sur Alpha et Béta depuis les six derniers mois. Manifestement, Océana s’énervait)

J : Calme-toi ma chérie. Je suis là. Je peux tout arrêter.

(Plus sereine, elle poursuit)

-O : Ils regardent à travers moi, tout ce qui s’est passé. Je ne veux pas qu’ils me voient avec toi. On dirait qu’ils ne sont pas contents de nous voir au lit. Après, Nathanaëlle m’a découverte et a placé un instrument métallique en divers endroit de mon corps. Elle a prélevé des échantillons, m’a injecté des substances. Puis à nouveau couverte avant de sortir avec Uriel et Manakel.

-J : Repose-toi. Je vais te réveiller. Je compte jusqu’à cinq puis tu te réveilleras merveilleusement détendue… »

Jess serrait toujours Océana dans ses bras. Dieu qu’elle tremblait son aimée. Il y avait de quoi… Revivre ces événements n’avait dû être très réjouissants.

Tout va bien, ma chérie. Je suis certain que tu as encore beaucoup de souvenirs enfouis mais nous ne devons pas aller trop vite pour les raviver.

Ce récit avait déjà fortement troublé Owen. Il ne faisait aucun doute que la jeune femme connaissait ses tourmenteurs. Serait-elle une sorte « d’agent » placé parmi eux pour les renseigner ? En tout cas, l’espionne n’avait pas entièrement rempli sa mission. Elle avait raté son « rendez-vous » et ils l’avaient rattrapée en chemin. Aux yeux de Jess, vu l’état dans lequel la jeune femme était revenue prouvait qu’elle leur avait à nouveau échappé. Une autre séance le prouverait peut-être. Il était hors de question de fatiguer d’avantage la demoiselle. En attendant, beaucoup de repos et une nourriture saine devrait la retaper un peu. Prêt à se dépenser à n’importe quel prix pour revoir sourire sa belle, le médecin se jura de ne plus la quitter des yeux.
Il l’a réinstalla sur un lit, laissant le rideau ouvert de façon à la regarder aussi souvent que possible, et reprit son travail. Océana ne tarda pas à s’endormir.

Le défilement de l’enregistrement terminé, assez mal en point, Océana accepta néanmoins de regagner son lit. Souvent Jess se tourna vers elle mais l’étude des résultats d’analyse de la jeune femme lui firent baisser la garde. Quand il obtint confirmation du verdict après une seconde vérification, un pli hautement soucieux lui barra le front. D’autant que…
Bondissant de sa chaise sur ses pieds, il interrogea la ronde :

Quelqu’un a vu Océana. Ele était là il y a quelques minutes…

On lui indiqua la porte de sortie, il s’y jeta comme un fou. Où diable avait-elle pu filer ? Ce qu’il venait de découvrir ne requérait aucune attente ! Un instant désorienté entre l’embarcadère et leur pavillon, il opta pour celui-ci. Bien lui en prit. Munie d’un sac, la jeune femme s’apprêtait manifestement à une expédition quelconque :

Où comptes-tu aller comme ça ?

Jess, laisse moi passer ! Je ... je dois retourner sur Alpha ...

Pas question que tu partes, Océana !

Avec des gestes doux, il la repoussa à l’intérieur et referma la porte. Elle tenta de plaider sa cause en prétendant devoir retrouver Ana qui, selon elle, en savait plus que ce qu’elle semblait.
S’asseyant sur un siège, Océana pleurait presque en avouant :

Je ne peux pas rester à rien faire, je dois agir ! Si tu veux m'empêcher d'y aller, tu devras m'attacher. Quand tu m'as retrouvée, Ana venait de faire quelque chose sur moi. Depuis je n'ai plus de visions. Je ne sais pas si c'est positif ou négatif mais je dois savoir.

Malgré le sérieux de la situation, Jess émit un sourire triste :

Je ne doute pas que tu veuilles savoir ce que t’a fait cette gamine mais : primo : il n’est pas dit qu’elle soit restée là-bas ; secundo : il y a quelque chose que je viens d’apprendre et qu’il est plus important que tu saches avant de te laisser aller à courir n’importe où vers n’importe qui.

Les beaux yeux noyés de larmes le contemplèrent avec un intérêt surpris. Très embarrassé, Jess la fit se relever pour l’entraîner sur le divan où il la délesta de son sac avant de la prendre dans ses bras :

Ma chérie… les analyses effectuées révèlent que…

Dieu que c’était dur à cracher…

Je… écoute… Je suis certain que pas plus que moi, depuis que nous sommes ensembles, tu n’as connu une autre compagnie… intime. Or… Ma chérie, tu es enceinte !

Oups ! Il lui aurait annoncé que la fin du monde était pour la minute suivante que Miss Sealight n’aurait pas bondi plus, se défendant vivement d’avoir fréquenté quiconque d’autre que lui. Elle semblait mitigée entre bonheur et effarement. La tête d’Owen ne lui laissa pas espérer du bon…

Ce que je ne t’ai pas avoué, de peur de te perdre… Est que je suis stérile, Océana. Je le sais depuis des années. Cet enfant n’est pas de moi, c’est impossible.

S’il s’attendait à une crise, il fut servi. La belle se défendit, rua dans les brancards tant cette situation paraissait aberrante.

Arrête, ma chérie, la conclusion est affreuse, je le concède. Tout porte à croire que les êtres que tu as décris dans l’hypnose t’ont, euh… implanté un embryon.

Avec patience et douceur, Jess parvint à capter l’attention de sa chérie en lui révélant d’autres choses :

Je n’ai encore rien dit aux Darken mais… je suis persuadé que Miranda attend des jumeaux. Quand je l’ai examinée en début de grossesse… j’affirme qu’elle ne portait qu’un seul bébé. Comprends-tu ce que ça signifie… ? Un des enfants n’est pas d’eux… tout comme celui que tu portes n’est pas de nous.

N’importe qui aurait été secoué par de semblables propos. Jess tint à s’assurer du silence d’Océana quant à son état actuel ainsi que sur la suspicion d’un des Darken.

Le mariage de Miranda et Seb donna lieu à l’attaque dont nous avons été témoins. Durant cette période mouvementée, le sujet ne fut plus abordé. La plupart du temps, Miss Sealight resta cloîtrée chez elle. Elle donna des coups de main à l’infirmerie sous l’œil vigilent de son compagnon médecin.
La naissance des jumeaux intervint en plein centre des « festivités », la paix régna ensuite.
Du coin de l’œil (en douce) Jess opéra divers tests sur les nouveau-nés. Ce qu’il suspectait se confirmait douloureusement.
Puis, un jour, Julie Lousiane vint le trouver. Elle avait disparu trois jours sans se rappeler ce qui s’était passé… Tout indiquait une grossesse en cours et il était de notoriété publique qu’elle fréquentait Achille avec assiduité, mais… Bon, là, le toubib manqua peut-être d’honnêteté. Il hypnotisa sa patiente hors accord…