Débats

Le retour dans leur pavillon fut riche en divertissements divers. Darken ne se plaignit pas du gage imposé par Miranda puisqu’elle n’exigea qu’un savonnage du dos auquel se plia plus que volontiers le milliardaire désargenté. Bien évidemment ce massage savoureux dégénéra en d’autres jeux aquatiques stimulants. Affamés après ces joutes, les amoureux se réchauffèrent des lasagnes surgelées. Aussi doués l’un que l’autre à l’art culinaire, les plats tout prêts « commandés » au champignon leur convenaient parfaitement.
Tout en mastiquant, ils discutèrent sur l’avenir immédiat :

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment présenter les nouveaux aux villageois. Ils vont hurler à l’imposture… Si le Grec s’énerve… On devrait demander à Owen un tranquillisant, non ?
M’enfin, après tout… Si on a gobé leur histoire, les autres la goberont aussi, je pense.
Ce qui m’ennuie est le changement de maire. Qui verrais-tu à la tête de cette population ? LeGollec était un grognon mais sa poigne maintenait l’église au milieu du village.

La réponse de Miss Fairchild le fit s’étrangler copieusement. Il dut avaler deux verres d’eau pour se remettre.

Impossible ! Ils ne voudront jamais et n’auraient pas tort. Burton, s’il n’était pas nouveau venu, en ferait un parfait, je crois. On mettrait Achille à la police… ça en réglerait des différends.

Déjà il imaginait le héros en train d’empoigner les dissidents et les expédier valser dans la nature… comme pour le toubib.
Une sieste leur accorda un repos mérité.
La journée se traîna en interrogations, la nervosité montant à mesure que l’heure avançait. Il leur fallut un temps fou pour décider quoi porter pour l’événement. Il souhaitait que les illustres se soient changés également. A cette question, Miranda lui sourit de manière mitigée. Qu’avait-elle envisagé ? On verrait bien.
Darken était sur des charbons ardents. Cinq fois il tenta de nouer sa cravate puis y renonça. Un costume lui paraissait un peu déplacé mais les shorts habituels l’étaient tout autant. Rafraîchis à nouveau, Il opta finalement pour un pantalon beige et une chemise blanche à manches courtes. Miranda le trouvait superbe, lui jugeait qu’elle était… divine ce qui n’était pas sans l’inquiéter vaguement. Même s’ils venaient de se prouver leur attachement, Seb ne pouvait se départir de ses a priori sur la gent féminine. Au moins, ici, il ne pouvait nier que ce n’était pas l’argent qui avait fait tomber Miranda dans ses bras. Ses qualités physiques semblaient la satisfaire mais en comparaison au géant blond… Ce tracas ajouté aux autres lui minait le moral.
Enfin, il fut temps de se rendre au pavillon principal. Main dans la main, ils s’avancèrent parmi la foule de curieux que leurs affiches avaient attirée. Sourire crispé ici, petit mot là, l’estrade préparée semblait le défier. Si Miranda ne l’y avait poussé, il aurait fait un demi-tour express.
Coincé, acculé, impossible de reculer. Julie sortit de la masse et vint se joindre à eux. Il lui délégua un regard reconnaissant ainsi qu’à Owen débarqué enfin.
Les murmures allaient croissants, quelqu’un devait lancer le débat. Trois paires d’yeux lui intimèrent de se jeter à l’eau ; moite soudain, il empoigna le micro sur la table.

Mes… Mesdames, Messieurs… je… Je suis content de vous voir si nombreux ce soir. (Vu sa tête, c’était loin d’être le cas) Nous… Nous avons pris la liberté de vous convier à cette réunion car des choses importantes se sont produites ; elles peuvent nous affecter tous.

Un fois lancé, Sébastien prit de l’assurance.

Vous me connaissez, je suis Sébastien Darken, parmi vous depuis plusieurs mois maintenant après le naufrage du Meredith II. Vous nous avez recueillis et accueillis ; nous nous sommes intégrés à votre communauté à la vie de laquelle nous avons plusieurs fois contribué notamment dans diverses missions.

Des murmures peu engageants lui parvinrent. La population semblait quasi convaincue que seule leur arrivée avait perturbé le Champignon.

Il est vrai(il répéta en haussant le ton) Il est vrai que notre débarquement à coïncidé avec les troubles de vos coutumes. Néanmoins, c’est nous qui avons découvert la mine de diamants, grâce à elle tous pouvons encore être nantis d’un certain confort. Franchement, vous croyez que ça me fait marrer d’aller piocher dans ce trou ? Détrompez-vous, je n’ai jamais su planter un clou avant d’arriver ici et, encore maintenant, je rate souvent mon but.

Sans fierté, voire piteux, il montra ses mains où ampoules et coups l’avaient meurtri. Son humilité et humour firent retomber la vapeur.

Mais le débat n’est pas là, ce soir, mes amis. Lors de notre récente expédition, nous avons eu une… euh… Une grande surprise. Hum... D’après des échos, certains d’entre vous ont déjà pu croiser l’un ou l’autre des trois nouveaux résidents. Je… sais que leur histoire peut paraître aberrante et soulever de multiples questions. Je vais les laisser se présenter à vous. Messieurs, approchez, s’il vous plaît…

D’un geste anxieux, Seb engagea les illustres dissimulés derrière des pans de tenture à s’avancer sur l’estrade. Un brouhaha énorme régna.
Heureux de céder parole et micro, Darken fourra ce dernier dans les mains de Richard puis se rassit en s’épongeant. Par un miracle ignoré il les vit habillés… normalement. Heureusement sinon on aurait cru à Carnaval avant l’heure. Sa main chercha celle de Miranda et ne la lâcha plus.

Désoeuvrée, Alysson s’ennuyait. Certes moult changements s’étaient effectués depuis son arrivée sur ces îles. La mission à laquelle elle avait participé l’avait édifiée sur le caractère singulier des autres aventuriers. Ils essayaient de se montrer à la hauteur et y parvenaient… au petit bonheur. La découverte de la mine de diamants et son utilité facilita la vie de tout le monde car, durant leur absence de quelques jours, le Champignon avait cessé de fonctionner normalement et, au lieu d’accorder des dons, il les reprenait. Miss Rockwell s’était retrouvée dans un pavillon vidé de la plus élémentaire des nécessités. Plus de toilettes, douche, cuisine… juste une paillasse informe à mode de couche. Au moins avait-elle un toit sur la tête car dormir à la belle étoile pour cette héritière d’un empire commercial eut été la pire déchéance.
Que les diamants servent à « nourrir » le champignon fut une révélation fortuite due à Darken. S’il fallait se salir les mains pour gagner sa pitance… soit ! Alysson s’y plia, comme tous. Des tournantes et des quotas furent instauré par le maire en fonction : LeGollec. La jeune fille ne l’aimait pas... elle le redoutait lui et ses colères. Elle était de corvée diamants quand la seconde expédition fut lancée. Elle avait hésité à accompagner le trio qui se « dévoua » mais, elle avait la tête ailleurs et nulle envie d’aller se perdre Dieu sait où. Sa production de gemmes ayant été satisfaisante, elle avait pu s’octroyer à nouveau une habitation confortable, à alimenter régulièrement, bien sûr.
Elle rata le retour de l’expédition mais pas l’affichette placardée dans l’avant-midi.

*Une réunion à la salle principale au coucher du soleil ? Amenez vos chaises ?* Soit, elle ne raterait ça pour rien au monde.

Il y avait eu tant de disparitions, quelques têtes nouvelles valaient sûrement le détour.
Ne sachant pas trop à quoi s’attendre, n’ayant jamais participé à ces débats, Alysson se vêtit discrètement. T-shirt bleu foncé sur jeans délavé, sa tenue habituelle quoi.
Quelle foule ! La majorité avait répondu présent, sans conteste. Intriguée, énervée malgré elle, elle vit les frais aventuriers pénétrer dans la salle.

*Toujours l’air aussi paumé, ceux-là !*

Miss Lousiane les rejoignit sur l’estrade ainsi que le médecin du village. Un Darken pataud bafouilla un début de discours qu’elle finit par juger intéressant. Il défendait la cause des rescapés du naufrage. En étant aussi, elle jugea bon de se ranger de ce côté, en pensées du moins. Pas question qu’une dame de sa qualité ne s’exhibe face à la populace.
Lorsque Seb convia les nouveaux à se montrer ouvertement, la mâchoire d’Alysson faillit rejoindre ses orteils.

*Wow ! Quels morceaux !*

Qui méritait-il le mieux son attention. Le grand brun ? Le géant blond ? L’avorton ?
Dans leur tenue des plus ordinaires, ils ne manquaient pas de…majesté. Le brun reçut le micro en main avec des yeux interrogateurs auxquels Darken ne répondit pas, préférant se raccrocher à Miranda comme à une planche de salut. La suite du débat ne manquerait pas d’intérêt. Miss Rockwell ouvrit grand les oreilles.

Rarement Burton n’avait rigolé autant. Son humeur était au beau fixe car l’endroit où ils avaient débouché s’assimilait assez bien à ses visions du paradis. Y étaient-ils enfin ?
Lorsqu’Achille s’inquiéta du sort de Louis, Richard commença à se marrer. Ceux-là… Les deux faisaient la paire ! Ils se tapaient autant l’un que l’autre sur le système mais qu’il arrive quelque chose à l’un, l’autre réagissait au quart de tour. Dans la mini-jupette lui servant de tunique le Grec réapparut, Burton n’émit aucune remarque. En lui-même il pensa :

*Les émeutes de la gent féminine vont faire des remous*

Il laissa son compagnon s’enquérir du monarque endormi tandis qu’il surveillait la cuisson du poulet soustrait à l’enceinte glaciale.
Peu de temps après, Achille rentra portant en travers de l’épaule un roitelet toujours inconscient :

Il y a une réunion, ce soir, pour nous présenter à la ronde...faudra réveiller celui là! Au fait...faut amener sa chaise!

Ah ! Soucis en perspective. Le Britannique plongea dans des réflexions profondes qui furent interrompues par des cris de putois échaudé.

*Il ose laver Louis ! Il en avait grand besoin, bon amusement !*

Vociférations diverses ne l’atteignirent pas. Seul le fumet de la volaille rôtissant l’intéressait. Bientôt un Louis ressemblant à un chiot tombé dans un lac reparu de méchante humeur :

Cesse ton cirque Loulou, les arènes étaient pour Commode ! Assieds-toi, nous allons manger et discuter.

Les parts furent vite servies, Richard réfléchit à haute voix :

Notre arrivée risque d’en embarrasser plus d’un, ici. La réunion prévue pour nous présenter sera un interrogatoire en règle, je le crains. Je souhaite que tous deux vous fassiez un bilan historique approfondi. Pas question de se couper où ils nous prendront pour des affabulateurs. On a du temps devant nous. Révisons nos souvenirs, voulez-vous ? Achille, qui sont tes pères et mères ? Louis, à quel âge es-tu monté sur le trône ?^/b]

S’il pouvait leur poser des questions dont il connaissait les réponses, son cas personnel ne serait éclairé par aucun des deux…
L’heure s’avança, la frénésie gagna Louis surtout. Il jugeait ses habits trop souillés pour être présentable. Dans les manuels des installations, Burton avait trouvé une rubrique concernant un lave-linge. Tenté mais circonspect, il s’était abstenu de manipuler l’engin.
Ils auraient l’air fin de se présenter aux habitants dans ces nippes défraîchies.
Le miracle se produisit avec l’apparition timide d’un factotum étranger. Avant de détaler, il déposa un paquet qu’il dit avoir été commandé par Miss Fairchild. Tout y était : vêtements, chaussures adaptés.

[b]*Elle a l’œil, pas à dire* apprécia Richard en déballant le colis.
Au trot ! ordonna-t-il. On s’habille. Louis, si tu n’es pas content, tu la mets en veilleuse quand même… Tes derniers exploits me tapent sur le système.

15 minutes plus tard, la diplomatie de l’explorateur faillit voler en éclat. Voir ses compagnons ceints de ces nippes et tournures inédites lui secoua les côtes. Par amitié, il se contint. Un billet, issu de Darken, leur demandait d’aller le plus tôt possible dans la salle de réunion et de s’y tenir caché derrière des tentures.

*Il tient à ménager ses effets ou quoi ?*

Des idées folles l’assaillant, son esprit rationnel tentant de surnager, il obéit. Tous trois n’en menaient pas large. Avant peu, on les soumettrait à une sorte de tribunal qui déciderait de leur sort. Le discours de Seb fut ni grandiloquent ni banal. N’empêche que de se voir fourrer en main un cornet qui n’était pas glacé, déconcerta l’ex-ambassadeur. Devait-il réellement parler là-dedans ?

Je… Euh… Je n’ai pas l’habitude de ces objets ni de parler en public, je m’en excuse d’avance auprès de vous. (Silence mortel) Je suis…*NDD ils vont hurler* Je suis Sir Richard Francis Burton, sujet de sa grandissime majesté Victoria de Hanovre. (Les imprécations montèrent d’un cran) ça a l’air fou, débile, dément mais je mets au défi quiconque de me mettre en défaut ainsi que mes compagnons qui ne sont pas moins qu’Achille le héros de Troie et Louis, 14ème du nom !

Rires, quolibets, Richard attendit les tomates qui ne vinrent heureusement pas. Par contre de timide, le feu de questions passa à un tir nourri. Quelques-uns de cette assemblée disparate semblaient férus d’histoire. L’un d’eux, un gros lourd et gras, osa :

Et pendant tes pseudos explorations, qui c’est qui b**** ta femme ?

Sans qu’il le voulût, Richard blêmit. La chemise de Darken imitée au teint, il fallut le bras d’Achille sur le sien pour l’empêcher de sauter sur l’outrecuidant :

Et la tienne, qui s’en occupe actuellement ? rageât-il, canines dehors.

Oubliées bonnes manières, diplomatie, on attentait à la vertu d'Isabel, c’était plus que les ignominies prévues : intolérable.
Une douce voix s’éleva, calmant aussitôt la déferlante. Un peu honteux de son emportement, Richard céda le micro. Isabel… Jamais il ne pourrait oublier son doux visage et ce qu’il lui avait infligé. Suave, la voix de Miranda prit le relais.

Ah, quel plaisir être de retour chez soi! Miranda n'aurait jamais crû pouvoir s'attacher tant à ces quatre murs, sans trop de charme et pourtant elle adorait ce bungalow. Après avoir vécu une existence oisive, entourée de luxe et commodités, on aurait pu s'attendre à une mine longue en contemplant leur peu de possessions mais pour surprenant que cela puisse paraître, pour elle, ceci représentait ce qu'elle n'avait jamais eu: un foyer. Le sien. Le leur.

L'innocente requête de voir son dos frotté dériva au delà de la simplicité requise. Encore là, pas de quoi se plaindre. Elle sentait Seb abattu et fit de son mieux pour lui remonter le moral. Mais il semblait avoir des soucis insurmontables pour le moment. Force cajoleries et un "bon" repas elle perça enfin le pourquoi des comment de cette préoccupation. Faut dire que celle ci n'était pas des moindres:

J’ai beau retourner le problème danstous les sens, je ne vois pas comment présenter les nouveaux aux villageois. Ils vont hurler à l’imposture… Si le Grec s’énerve… On devrait demander à Owen un tranquillisant, non ? M’enfin, après tout… Si on a gobé leur histoire, les autres la goberont aussi, je pense.

C'est ça qui te tracasse tant? Je ne vois pas pourquoi les autres ne croiraient pas cette histoire...euh! il se passe tant de trucs bizarres dans ce coin, qu'un de plus... quant à Achille, je ne pense pas qu'il soit un sauvage. Un peu impulsif mais de là à représenter une menace...hum! (sourire songeur!) pas du tout.

Ce commentaire lui valut un regard de travers mais déjà Darken suivait sur sa lancée:

Ce qui m’ennuie est le changement de maire. Qui verrais-tu à la tête de cette population ? LeGollec était un grognon mais sa poigne maintenait l’église au milieu du village.

Là, elle partit d'un rire joyeux et posant ses couverts considéra son chéri, d'un œil pétillant.

Toi! Tu es l'homme parfait pour ce poste. Tu connais le village, les gens, nos problèmes. Tu es mignon, pas grognon et plus accessible que cet ogre de Le Gollec qui gueulait pour un oui ou un non!

Sa réponse n'était sûrement pas l' espérée car il manqua de peu de s'étrangler avec un morceau de sa lasagne. Elle souriait de toutes ses dents, ravie de sa trouvaille et convaincue de ne pas avoir tort. En fait, cela n'avait même pas effleuré sa conscience!

Impossible ! Ils ne voudront jamais et n’auraient pas tort. Burton, s’il n’était pas nouveau venu, en ferait un parfait, je crois. On mettrait Achille à la police… ça en règlerait des différends.

Arrête de donner aux autres de valeurs que tu as toi même, bon sang! Si toi même pense que tu ne vaux rien..ben alors, ça fera joli voir ce que les autres pourraient dire...mais toi mon chéri, tu es plein de qualités que tu ne connais même pas (ni moi!). Tu as mené avec succès deux missions périlleuses, tu as découvert les plaques ascenseur, la mine de diamants...

De continuer ainsi, elle finirait par y croire elle même. Dorer la pilule va et passe...nourrir l'égo déjà gonflé du milliardaire...euh! pourquoi pas!? Elle l'aimait et se plaisait le voir s'écarter (enfin!) de son rôle d'inutile bon à rien, se plaignant jour et nuit de tout et de rien. Devenir le chef du village le maintiendrait occupé et gagnerait le respect de tout le monde.

Pas de bile à se faire. En plus tu es le seul candidat possible. Pas un seul des gars du village ne pourrait faire ce travail. On en parle plus, M. le Maire...allons plutôt nous reposer, question d'être frais pour ce soir!

Chose dite, chose faite. Elle se réveilla pourtant de cette bienfaisante sieste avant son bien aimé et en profita pour mettre son plan en exécution. Mine de rien, la petite Miranda avait sa tête bien en place et quand elle ne perdait pas le temps à faire des chichis ridicules était même capable d'avoir des bonnes idées. Sa petite liste dressée et quelques diamants, bien comptés, elle alla jusqu'à la porte de leur résidence et attendit.

Albert! Albert...viens ici!!!

L'interpellé, un petit jeune homme binoclard d'aspect timide, galopa vers elle, un sourire ravi aux lèvres.

Miss Miranda...en quoi puis je vous être utile?

Un peu méchant de sa part de se servir de ce pauvre garçon qui aurait plongé dans un ravin pour un de ses sourires mais ce ne serait pas ce détail infime qui l'arrêterait.

J'ai besoin que tu ailles au champignon pour moi. Voici la liste de ce que tu dois demander et les diamants pour payer...il y en a un petit, pour toi. Des que tu auras les choses, tu iras les porter au bungalow des Perry...il y a là des gens nouveaux. Tu remettras ca soit à un grand brun soi à un grand blond...Inratable. VA, mon bon Albert et merci de tout cœur.

Ravie, elle rejoignit Sebastien qui s'ébrouait.

Faudrait se dépêcher déjà...je me demande ce que je vais mettre?

Debout devant sa garde robe elle passait en revue les quatre ou cinq tenues dignes d'être tenues en compte...les seules qu'elle eut. Depuis le crise de folie du Champignon, elle avait décidé de s'en tenir à un style simple et passe partout...à son grand dam, pas de Valentino ni d'Armani! Mais il fallut enfin se décider...une petite robe blanche, type tunique grecque (sans faire exprès!) la vêtit gracieusement. Elle s'en déclara ravie. Seb avait lui aussi choisi une tenue toute simple, mais il était d'une élégance racée, il se voyait bien avec n'importe quoi!

Un vrai prince, mon M.le Maire. Allons y!

Consciente que Darken n'était pas du tout à l'aise avec cette réunion, elle ne cessa de papoter chemin faisant alors qu'il suivait...avec les chaises....question de lui remonter le moral et ne pas lui laisser trop de temps pour réfléchir à fond.

Pour du monde, il y en avait. Pas un seul ne semblait avoir manqué à l'appel. Sans désemparer un instant son candidat favori, elle arriva près de l'estrade et arrivée là, propulsa pratiquement son chéri à l'arène et croisa les doigts.

Buttant un peu au début de la présentation, le père de son futur enfant gagna peu à peu de l'aplomb. Il tira des rires à l'assistance et cela le mit à l'aise...pour procéder á introduire en lice les nouveaux arrivants.

*Oh mon Dieu!!!*

Seule la main de Sebastien broyant la sienne l'empêcha d'applaudir...en fait elle avait envie de rire, de crier, de siffler...de se livrer à un spectacle sans doute pendable...mais ils le valaient. Même dans leurs habits modernes ils ne perdant miette de leur dignité imposante...Sir Richard Burton, Louis XIV et Achille, héros de Troie...jaugeaient calmement un public, soudain silencieux...

*Et maintenant avec vous...l'histoire la plus débile de tous les temps!*

Sir Richard avec tout l'aplomb qu'on pouvait attendre d'un diplomate du XIVème siècle accepta le micro que lui fourrait Seb dans les mains et le contempla sans trop comprendre quoi faire avec. Mais l'homme ne perdait pas les moyens pour autant. Un peu nerveux, et qui ne le serait pas face à un public comme celui là? il commença:

Je n’ai pas l’habitude de ces objets ni de parler en public, je m’en excuse d’avance auprès de vous. Je suis Sir Richard Francis Burton, sujet de sa grandissime majesté Victoria de Hanovre.

*Oups...autant dire...je suis Superman! Ces tarés...*

Sir Richard ne se laissa pas démonter, sûrement les tribus au Soudan étaient aussi amènes.

Ça a l’air fou, débile, dément mais je mets au défi quiconque de me mettre en défaut ainsi que mes compagnons qui ne sont pas moins qu’Achille le héros de Troie et Louis, 14ème du nom !

*Ben pas facile à avaler...Seigneur...ces brutes...*

Elle fut tout de même étonnée par les connaissances en histoire que certains étalèrent. Pas à croire...on avait des académiciens dans le coin ou c'est qu'ils tuaient le temps perdu en lisant l'encyclopédie...au cas où il en aurait une!

Bien entendu, ne manqua pas un, un lourdaud inculte qui ne trouve d'autre argument qu'un commentaires grivois. qui atteignit l'anglais mieux qu'un soufflet lui faisant oublier son investiture d'ambassadeur, seul le bras d'Achille put le retenir de se ruer sur l'imbécile de service...qui l'aurait bien mérité mais on ne se trouvait pas dans une taverne et on allait régler cette histoire d'une fois pour toutes.

Lâchant la main de Seb, interloqué, elle avança, décidée vers l'estrade et souriant à Sir Richard...à Achille et au Roi en passant, Miranda s'empara du micro:

Du calme, je vous prie...du calme. M. Pierce, je vous croyais un peu mieux élevé mais bien sûr on peut se tromper. Au prochain commentaire disgracieux, croyez moi, je n' hésite pas un instant à vous faire sentir de quel bois je me chauffe.

Elle n'était pas bien grande mais ses yeux lançaient des éclairs pleins de promesses. Un gentil silence plana sur l'assistance.

Voilà qui est mieux. Ce que vous a dit Sir Richard, n'est que la plus pure des vérités. Dur à croire mais il n'y a rien d'une mystification quelconque là dessous. Dans quelle fin, me direz vous? Que gagnerions nous en vous racontant une histoire si extraordinaire? Ces hommes sont bel et bien qui ils disent être...tout autant que le dinosaure que nous avons rencontré hier était bel et bien vivant (remous d'incrédulité parcourant la foule)...oui, un dinosaure...au Allosaurus pour être exacts...si vous ne voulez pas me croire...dites donc moi d'où j'ai pu avoir ceci? ( sorti d'où on ne sait où, elle exhibait un croc gigantesque)...c'est dégueulasse, ça a encore du sang et de la chair collé dessus...vous m'excuserez, mais je suis une piètre dentiste!

On lui prit le croc de la main et celui ci commença à circuler entre les présents. Calme et gracieuse comme si elle assistait au comité des Dames Volontaires du Rotary Club, Miranda poursuivit:

Vous pouvez poser des questions pertinentes à ces trois personnages...je suis sûre qu'ils se feront un immense plaisir de vous répondre. Cette vérité est aussi incontournable que notre présence ici...cette présence que personne ne peut expliquer sciemment, tout autant que les disparitions inespérées, ou ce Champignon étrange qui nous manipule à son bon vouloir?...ou ces plaques ascenseur qui nous transportent d'un endroit à l'autre. Ou la force inexplicable qui nous empêche de sortir d'ici? Ou encore l'existence de cette porte mystérieuse qui nous a conduits au Crétacé?...Ici, Sir Richard, Achille et Sa Majesté Louis XIV..se posent la même question...que font ils ici, parmi nous à défendre leur vérité la plus légitime...celle d'être ce qu'ils sont...de vivre au lieu d'être morts. Questionnez vous tous...là dehors, il y a une force qui nous manipule à son bon loisir...pourquoi pas n'aurait elle pas aussi joué avec le temps et l'histoire?

Avec un petit hochement de tête, elle se tourna vers les trois personnages de l'histoire.

Messieurs...à vous la parole!

Après avoir dit à Achille que si il rencontrait n’importe quels problèmes, il pourrait venir la trouver et elle serait enchantée de lui prêter mains forte, même si sur ce point là n’en n’avait aucunement besoin. Avant que le jeune homme n’aille récupérer le roi soleil, Julie lui souhaita une bonne nuit, il déclara :

Bonne nuit?...Il est encore tôt si j'en juge au soleil, qui ne s'est pas encore couché mais si...tu es si fatiguée, rien de mieux qu'un bon repos...même s'il faut en croire à ce que dit cette affiche, là, derrière toi...ce soir, il y aura une réunion pour nous présenter au village.

Une réunion ce soir ? Elle se retourna et vit qu’il avait raison et bien avant d’aller à cette fameuse réunion, elle irait se reposer un peu, les évènements de ces derniers jours l’avaient complètement épuisé. Il leva ensuite la main et caressa la joue de Julie comme elle l’avait fait un peu plus tôt, sa main était douce et chaleureuse, des idées pas très honorable lui traversa l’esprit, ces mêmes mains caressant d’autres partie de son anatomie……. Revenant de son nuage, elle répondit par la positive, qu’elle serait avec eux pour la présentation. Le laissant regagner le chalet de Jess, elle remonta vers sa demeure où une bonne douche ainsi que son lit l’attendait, le repas serait vite prit.

Prenant une chaise sous le bras, Julie vêtue d’une robe de mousseline jaune, s’avança vers la mairie, Miranda et Seb étaient déjà là installés sur une estrade derrière une grande table, elle leurs fit des signes de la main et les rejoignit. Assise bien au fond de son fauteuil , la jeune avocate regarda la pièce se remplir avec frénésie, les habitants très curieux étaient venus en masse pour élire le nouveau maire et surtout pour apercevoir les nouveaux.
Sébastien commença à parler, au début un peu mal à l’aise, mais plus il parlait et plus il prenait de l’assurance, enfin après plusieurs explications le rideau tomba sur les historiques, chacun des habitants y allèrent de leurs questions, certaines plus pertinentes que les autres. Julie ne regardait que son héro Grec dans une tenue qui lui allait à ravir, ses muscles lisaient encore plus sous sa chemise blanche, hum, elle en ferait bien son quarte heure…… Ses pensées se perdirent qu’en elle entendit Richard se mettre en colère contre un habitant pas très intelligent, si Achille n’avait pas été à son côté, l’ambassadeur se serait rué sur l’outrecuidant. Miranda prit à son tour le micro pour faire retomber les tensions, elle savait bien parler et son discourt était clair. Ce qui choqua la jeune avocate c’est quand la futur maman sortit de son sac une dent du dinosaure, qui passa de mains en mains et les visages des villageois étaient tous devenus blanc. Comment croire que trois personne de notre époque aient pu découvrir et tuer un carnivore de la période du Jurassique supérieur et qu’ils soient revenu sain et sauf en compagnie de trois grands personnages de l’histoire ? Et bien il n’y avait aucune explication à tout cela et la seule chose à faire était de faire avec.
Lorsque Miranda eut fini son petit discours, elle regarda les trois hommes et dit :

Messieurs...à vous la parole!

Julie lança un petit clin d’œil à Achille pour qu’il puisse prendre le relais, à moins que le roi soleil voulait d’abord se présenter, elle tourna ensuite la tête vers les habitants qui attendaient tous que les deux autres parlent.

Tout c’était bien passé, venait l’heure d’élire enfin le nouveau maire, Julie prit le micro et se leva de sa chaise :

Mesdames et messieurs à présent que les nouveaux viennent d’être accueillit…… Je propose que nous votions le nouveau maire puisque Ian à disparut et qu’il ne serait pas bon de rester sans un bon dirigeant, alors voyons, je vais proposer plusieurs personnes ; la première n’est autre que Monsieur Darken qui a fait beaucoup de chose pour la communauté, ensuite……. Il vont me prendre pour une folle….. Monsieur Richard Francis Burton qui a de surcroît une très bonne expérience puisqu’il était ambassadeur et pour finir notre très dévoué médecin, Monsieur Jess Owen. Si vous avez d’autre personne à proposer n’hésitez pas.

Assise de nouveau elle dévisageait le beau blond qui était perdu dans ses pensées, elle ne le verrait pas dans le rôle de maire mais plutôt dans un autre ; la sécurité du village..... Et la sienne.

Comme réveil en fanfare, Louis fut servi ! Lui qui ronflait gentiment ne reçut rien de moins qu’une averse glacée sur le rable :

Au secours ! A moi ! On m’assassine ! se débattit-il en luttant contre les élément déchaînés avant de réaliser qu’il était tassé au fond d’’une cuvette de porcelaine et que le déluge reçu était provoqué par un Achille hilare.

Arrête-ça ou je t’embastille !

Le Héros le maintint cloué au sol tandis que son autre main tenait toujours une sorte de petit arrosoir. De furieux, Louis devint larmoyant :

Je vais attraper la fièvre ! Mes médecins m’ont déconseillé les ablutions trop fréquentes. Tu veux ma mort ? Je te croyais mon ami.

Les explications de ce traitement particulier quant à certaines odeurs corporelles vexèrent profondément le roi.

Je n’ai plus mes parfums, et…

Inutile de parlementer, Achille ne le lâcherait qu’à condition qu’il se savonne de la tête au pied. Grognon, Louis obtempéra. Il tourna le dos au Grec, enleva ses vêtements trempés et prit la première douche de sa vie. De mauvais poil, il s’abstint d’avouer qu’il avait trouvé ça assez agréable au final. N’empêche qu’il n’avait plus de quoi s’habiller sinon d’une chemise douteuse dans son sac. Il enfila donc une serviette de bain et lessiva son linge tant qu’à faire puisque c’était commencé.
S’il avait espéré un soutien contre maltraitance de la part de Burton, il fut déçu :

Cesse ton cirque Loulou, les arènes étaient pour Commode ! Assieds-toi, nous allons manger et discuter.

Manger, Louis était d’accord. Les assiettes trouvées dans des armoires l’intéressèrent beaucoup. Blanches, vernissées et… cassantes ça changeait du fer blanc ordinaire. Il en rompit deux sans l’avoir voulu avant de se montrer plus précautionneux. Les couverts l’intriguèrent. La petite fourche était bien pratique finalement. N’empêche qu’il lui préféra ses doigts tout en écoutant Burton discuter sur de futurs interrogatoires.

J’avais cinq ans quand mon père est mort. J’ai dû en baver avant d’avoir un vrai pouvoir. Tu crois qu’ils vont nous croire ?

La situation lui parut soudain très embarrassante. Les trois qui les avaient trouvés n’avaient pas été trop longs à la détente. Les autres seraient-ils plus méfiants ? C’était très possible et le fait de devoir prouver son identité tracassa beaucoup le monarque. D’habitude, c’est lui qui expédiait les gens à la justice. Ici…
Le problème de l’habit à porter énervait Louis. Sa tentative de lavage n’était pas fameuse. Il avait mis son linge à sécher sur des sièges près du feu mais doutait qu’il soit sec avant le soir.
Un paquet apporté résolut une part de la question. Des vêtements neufs apparurent.

Quoi ? s’étrangla-t-il. Jamais je ne porterai ça. J’aurai l’air de quoi, là-dedans ? Pas une seule dentelle ni fil d’or ! Je…

Le regard lourd de ses compagnons l’obligea à l’impossible. Devant le miroir, Louis grimaça. Sa Françoise hurlerait de rire ou… se sauverait si elle le voyait ainsi. Burton s’abstint de commentaires. Louis avait noué ses longs cheveux en catogan et se jugeait assez séduisant ainsi. Par des détours incompréhensibles, ils durent se grouper derrière une tenture tandis que leur sauveur faisait rire la foule. Être transformé en bête curieuse ne plut pas au XIV du nom lorsqu’ils furent amenés à comparaître ouvertement. Richard, celui qu’il avait toujours considéré comme l’homme le plus calme du monde, faillit perdre contenance devant l’effronterie de ces gens étranges. Heureusement Achille veillait et la mignonne épouse de Darken obligea les agités à reconnaître certains faits. La dent du dinosaure fit son effet.
Il voulait aussi le cornet, lui ! Quand il le reçut des mains de Miranda, il l’admira sur toutes ses facettes. Il avait vu les autres s’en servir aussi évita-t-il de le sucer comme il en avait eu l’intention au départ. L’ennui fut qu’il l’approcha d’une caisse tendue d’une toile noire et déclencha un sifflement épouvantable. Le médecin, semi amusé, l’écarta de la caisse. Le bruit cessa, Louis put parler. Au moins, ce bruit avait rendu l’assemblée attentive.
Evidemment, parler dans ce machin demanda des adaptations de distances. Tantôt trop proche, ou trop loin, l’engin renvoya sa voix amplifiée ou pas ce qui en fit rire plus d’un :
Po… Posez-moi… c’est moche ce truc. Posez-moi les questions que vous voulez ou… je peux vous raconter ma vie… seulement ça risque de durer ; j’ai vécu 77 ans savez-vous. Vous, madame, je vois que vous avez envie de me demander quelque chose. A d’aussi jolis yeux, je ne puis rien refuser.

On se serait cru dans un talkshow sans caméra. Bon, d’accord, Louis faisait son cinéma sans savoir ce que c’était. Charmeur, voire coquin, en ne ménageant pas les œillades incendiaires, il conquit bien des suffrages… féminins. C’était marrant. Donner des détails sur sa vie intime ne l’embarrassa pas le moins du monde mais quand Miss Lousiane lui prit son nouveau joujou, Louis bouda.

Mesdames et messieurs à présent que les nouveaux viennent d’être accueillis…… Je propose que nous élisions le nouveau maire puisque Ian a disparu et qu’il ne serait pas bon de rester sans un bon dirigeant, alors voyons, je vais proposer plusieurs personnes ; la première n’est autre que Monsieur Darken qui a fait beaucoup de chose pour la communauté, ensuite……. Ils vont me prendre pour une folle….. Monsieur Richard Francis Burton qui a de surcroît une très bonne expérience puisqu’il était ambassadeur et pour finir notre très dévoué médecin, Monsieur Jess Owen. Si vous avez d’autre personne à proposer n’hésitez pas.

*Et moi, non ? Sans doute ? Je fus chef d’Etats*

Ce débat-là ne l’intéressait qu’à moitié. Il ne connaissait qu’un peu des trois qui les avaient sauvés. Aussi, toujours fanfaron, il rafla à nouveau le micro pour y crier :

Darken ! Moi je vote pour lui, même si ma voix n’a plus son poids d’antan. Il est parfait. J’ai eu des ministres plus… moins… enfin pas très ou trop capables. Je sais reconnaître les qualités nécessaires à un dirigeant. Il les a, croyez-moi.

Son sens de la politique reprenait le dessus. Se proposer lui ou un de ses compagnons n’était pas correct. Ils débarquaient, eux. Sébastien, tout imbécile qu’il se crut, possédait un caractère parfait à ce rôle. Le médecin pouvait être agrée mais serait trop pris par sa fonction. Donc…

Le bain de Sa Majesté fut désopilant! Il avait presque mal aux côtes de tant rire, surtout face à la colère de Louis qui n'y put rien pour s'en délivrer. Il serait en rogne un moment puis trouverait autre chose à quoi occuper son temps!

Les habits envoyés par la prévoyante Miranda firent bien l'affaire pour ne pas avoir l'air d'épouvantails, en plus que ça leur donnait une allure un peu plus accorde aux circonstances...décidément sa tunique semblait trop attirer l'attention! (C'était pas la tunique mais lui, dans la tunique, petite différence!)

La fameuse réunion débuta à l'heure prévue. Ils étaient arrivés, avec leurs chaises, comme indiqué et avaient attendu le début du spectacle, dissimulés derrière un rideau. Cela lui donna de quoi penser! Le discours de Darken mit les gens en alerte, leur apparition n'arrangea pas trop l'ambiance, qui commençait à chauffer...d'entrée, ces rustres les prenaient pour des imposteurs.

*Ma foi, si les Troyens avaient été aussi méfiants avec notre joli cadeau...ça aurait tourné autrement!*

En premier rang se tenait Julie, venue comme promis. Elle lui sourit et il fit de même mais déjà le public agressait Richard et celui ci, chose inédite, perdait patience. Sans le brusquer, Achille le retint...pas besoin d'avoir une rencontre à coups de poing avec la populace, même s'ils le méritaient largement.

La femme de Darken, toute énergique dans sa douceur ramena l'ordre au poulailler, exhiba un croc monstrueux prélevé au monstre qui avait voulu déguster leurs historiques peaux, sema la doute et finit par leur céder la parole. Lui, il n'avait aucune envie de se lever et donner un discours. Ce n'était pas son fort, à part haranguer ses soldats avant la bataille, il n'avait que faire...en plus qu'il se voyait mal en train de les assommer avec ses origines et autres ...par contre Louis...ah, celui là! Il ne se priva pas du plaisir et sauta sur l'occasion. À le voir, on aurait crû qu'il n'avait fait que ça de sa vie...avec le truc qui amplifiait sa voix en main, il s'en donna à cœur joie...on en apprit des belles sur sa royale existence. Le public déridé n'en demandait que plus. Louis aussi. On aurait pu y rester de la nuit mais, très sensée Julie intervint et dût lui prendre le micro...presque de force. Louis bouda.

Fais pas cette tête...qui sait, demain on pourra te laisser de nouveau jouer avec!

Il eut droit à un regard noir, mais il était déjà habitué. On passa ensuite à un très démocratique, ben la Grèce avait laissé ses traces!, à l'élection du maire. S'il n'avait pas mal compris, le dernier avait disparu sans laisser de traces. Les débats ne furent pas trop longs...Trois candidats furent présentés, entre eux, Richard...son style avait frappé plus d'un! Darken et le toubib, qui n'avait pas l'air ravi. Une boule de nerfs, ce mec. Par majorité aplatissante, le tueur de dinosaures fut l'élu! La petite Miranda était aux anges...pas de doute, elle adorait son grand bêta de maire.

Finies les festivités de la soirée, il fallait bien regagner les habitations, chaises en sus. Il ne fut surpris qu'à moitié, quand à mi chemin de la sortie, Miss Lousiane le rejoignit, en portant sa chaise. Drôle de coutume!

Ça ne s'est pas si mal passé après tout!

Comme entrée en matière on avait entendu mieux. Elle se montra un peu curieuse sur le fait qu'il n'ait pas pipé mot au cours des présentations. Louis et Richard prenaient les devants, non sans, de la part de Louis d'un petit coup de coude entendu, fourré dans ses côtes...la discrétion en personne, le Quatorzième!

Je ne suis pas très porté sur les discours...je laisse ça aux rois!

Antique mais poli, Achille ne put que s'offrir à porter la chaise de la jeune femme, c'est ainsi que le héros de Troie, nanti de deux chaise modernes, béni soit Zeus, pliantes, accompagné d'une superbe femme du XXIème siècle, se mit en chemin en se demandant quelle serait la suite...s'il en croyait à ses pressentiments, la soirée était loin de finir.

Ils allaient où? La plage tout proche semblait une bonne alternative. La nuit était belle, l'air tiède, on avait droit à un concert de cigales...Au bout d'un moment, il en eut marre de porter partie du mobilier et abandonna les fameuses chaises appuyées à un palmier.

Tu crois qu'elle seront là plus tard?...Ou est qu'il y a des voleurs de chaises dans le coin?

Il voyait mal quelqu'un détalant dans la nuit en trainant ces deux trucs...mais enfin, sait on jamais?

La lune voulait être de la partie. Sa douce clarté baignait le décor leur permettant de voir assez bien. La mer calme, étalait paisiblement ses rouleaux d'argent qui venaient mourir sur la plage, faisant bruire les coquillages.

J'ai été élevé au bord de la mer. Ma mère, Thétis, était une divinité maritime...ça explique pas mal de choses...j'aime la mer, moi aussi....et toi?

Se baissant, il ramassa quelques coquillages et petites pierres, et se mit à les lancer un à un dans l'eau.

Je me demande si elle est encore là...ma mère, je veux dire...avant, elle venait quand je l'appelais...mais je pense que beaucoup de choses ont changé...même ça...

Il lança le dernier caillou d'un geste rageur puis se retourna vers Julie, qui ne l'avait pas quitté des yeux. Il sourit...une certaine tristesse dans son regard.

Parle moi de toi...je suis curieux de savoir plus sur ton temps.

Dire qu’il était tracassé était peu dire. Owen recula un peu quand le baraqué prétendu Achille refit son apparition à l’infirmerie y prendre ledit Louis comme un sac de patates. Bien sûr, il ne raterait pas la réunion du soir dont il avait eu des échos. La population était intriguée mais calme, heureusement. Plus que lui, en tout cas.
Il n’eut que quelques plaies et bosses sommaires à soigner le restant de la journée. Rentré chez lui, déplorant une fois de plus l’absence d’Océana, il se rafraîchit et se vêtit simplement.
Il tourna en rond dans le salon, un verre à la main pour prendre des forces avant la soirée qu’il devinait houleuse. Pas besoin de posséder le don de sa belle pour flairer que le village entier crierait à l’imposture dès que les nouveaux déclineraient leur identité. Pourtant… Aussi fou que cela puisse paraître, lui il les admettait. Un « je ne sais quoi » dans leurs attitudes, paroles, prouvait qu’ils ne mentaient pas.
A l’heure dite, Jess prit un siège pliant et se dirigea vers le chalet principal. La chaise était légère en comparaison de ses pieds qui lui parurent peser une tonne tant il avait peu envie d’arriver à destination.
Voir Darken et Miranda sur l’estrade lui donna le coup de fouet qui lui manquait. Si ceux-là osaient affronter la populace, il ne pouvait faire moins. Bravement, il alla les rejoindre. Le discours de Seb ne fut pas grandiloquent mais réussit à intéresser, voire amuser, les habitants venus en masse. Les critiques et questions plurent sur les illustres qu’il eut presque du mal à reconnaître dans des habits modernes.
Richard, celui qu’il considérait comme le plus pondéré, faillit se jeter sur un type très grossier. La prestation de Louis faillit le faire hurler de rire surtout quand la mignonne Julie lui déroba le micro.
Grâce à Fairchild et la totale sincérité des nouveaux, les villageois se calmèrent. Aussi dingue que la situation puisse paraître, tous la gobaient.
Vint ensuite l’élection du nouveau maire. Ce fut très vite réglé. Pour sa part, Owen refusait l’honneur d’être proposé. Cette fonction demandait du temps ; il en disposait peu.
Darken maire ? Pourquoi pas ? L’ayant fréquenté en diverses occasions, Jess devait admettre que sous des dehors patauds, ce gars avait du bon sens et de l’audace. Les gens du cru, liés ensemble depuis plus d’une année, tentèrent bien de glisser l’un ou l’autre dans le choix ; la majorité l’emporta.

*Il n’a pas l’air tellement heureux, le nouveau maire… Que va-t-il décider…*

Pour la première fois de la soirée, Jess prit le micro :

Félicitations, Mr Darken. J’approuve entièrement ce choix. Cependant… une question me turlupine depuis l’arrivée des… personnages historiques. Selon leurs propres paroles, ils étaient nombreux du côté… du fleuve. S’ils ont trouvé un passage vers nous, d’autres pourraient le faire. Alors, je m’interroge… Si un dinosaure débarque… ou une troupe de gens haineux… quelles mesures envisagez-vous de prendre ?

Oups ! Le tollé général ! Owen s’en voulut de déjà pousser Darken à des décisions mais, selon lui, c’était une question pertinente qui touchait à l’avenir de la communauté.
Etrangement, le futur père se montra à la hauteur en donnant clairement des ordres à suivre. Des tours de surveillances des « ascenseurs » seraient établis. On n’en connaissait que deux, d’autres pouvaient exister ; des explorations poussées seraient exécutées.
Pas déçu de la soirée, Jess plia son siège et regagna ses quartiers où la solitude lui pèserait une nuit de plus.

L’élection du maire fut rapide, Sébastien Darken étant élu avec un nombre de voix impressionnante, il répondait déjà aux questions du toubib et à d’autres avec beaucoup de répartie, il savait quoi faire pour que le village soit en sécurité. Le chalet se vida très vite et Julie prit sa chaise sous le bras et s’en alla rejoindre son pavillon, seule, mais regardant devant elle, elle vit les trois historiques discuter ensemble, en quelques enjambées elle les avait rattrapé. Achille afficha un sourire en la voyant, il était vraiment craquant dans ses habilles moderne….
Le regard de la jeune femme en disait long sur ses intentions, elle voulait oublier ses déboires amoureux avec lui, mais cet homme ne connaissait rien du monde moderne et si elle s’aventurait à le draguer il s’effaroucherait. Achille commença à parler de la réunion de présentation, elle acquiesça d’un signe de tête, oui tout c’était bien déroulé, à part quelques personnes encore réticente qui ne croyaient en rien l’histoire des trois hommes, mais elle n’en avait que faire, elle savait qu’ils disaient vrai et rien ni personne ne la ferait changer d’opinion. Puis Richard marcha un peu plus vite en compagnie de Louis pour les laisser seul, Julie ne disait rien mais elle se demanda pourquoi le Grec n’avait pas dit un mot durant la présentation, il dût le percevoir car il déclara :

Je ne suis pas très porté sur les discours...je laisse ça aux rois!

Oui sans doute, lui était fait pour la guerre et non pour les longs discours, où pour traîner dans un bureau à donner des ordres, il préférait s’investir dans la bataille que de la diriger, c’était un manuel et non un intellectuel, même si il savait se servir de ses méninges. Il proposa à la jeune avocate de porter sa chaise le reste du chemin, elle lui tendit avec joie et ils continuèrent à avancer, mais pas vers sa maison, vers la plage, la nuit avait déversé ses étoiles dans le ciel et la lune brillait rien que pour eux. C’était magique, l’air marin était doux et l’océan calme, Achille déposa les deux chaises pliantes contre un palmier et dit :

Tu crois qu'elle seront là plus tard?...Ou est qu'il y a des voleurs de chaises dans le coin?

Des voleurs de chaises, non je ne crois pas, si elles disparaissent ce sera forcément un mauvais tour du champignon.

Un fou rire avait éclaté de la gorge de Julie lorsqu’elle avait prononcé ces paroles, elle reprit vite contenance quand il lui parla de sa mère, elle avait lu beaucoup de livres concernant l’histoire d’Achille mais le voir en vrai et pouvoir converser avec lui était inimaginable, elle pouvait lui demander énormément de chose pour justifier ce que l’histoire avait dit de lui, mais la seule chose qu’elle voulait c’était de se retrouver dans ses bras musclés, sentir son odeur et sa force, et surtout pouvoir l’embrasser…….

La mer, oui je l’adore, ces douces vagues venant s’échouer sur le rivage, son bleu profond, c’est fantastique, moi je n’ai pas eut la chance de vivre près de l’océan mais à présent j’en profite un maximum.

Achille lança des coquillages dans l’eau et parla encore une fois de sa mère, Julie s’était assise sur le sable encore chaud et le scruta, elle ne pouvait pas regarder ailleurs que dans sa direction, sa simple présence l’électrisait, elle essaya de penser à autre chose qu’à cet homme mais rien à faire, il avait prit un part importante dans son esprit.
Lançant le dernier caillou dans l’eau, il se retourna pour faire face à la jeune femme, avec un sourire à faire damner un saint, puis il lui demanda :

Parle moi de toi...je suis curieux de savoir plus sur ton temps.

Il y a tant à dire….. Tout d’abord, viens t’assoir à côtés de moi et je te dirais tout….

Elle attendit un instant qu’il prenne place, son épaule frôlant la sienne, un frisson l’envahit tout entière, c’était incroyable, ne tenant pas compte de ses désirs elle commença à parler tout en regardant la mer :

Commençons par le monde moderne, les femmes ne sont plus ce qu’elles étaient, à ton époque, elles devait rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères, des enfants et attendre gentiment que leurs époux rentrent de la guerre où de leurs travail, et de plus c’était le père de la jeune fille qui décidait avec qui elle devait se marier tout…… A présent ce n’est plus du tout la même chose, la femme est l’égal de l’homme, elle travaille comme lui, gagne sa vie et se marie avec l’homme qu’elle a choisi…… Nous sommes indépendantes et n’attendons rien d’un homme que….. Enfin voilà, sinon le monde moderne recèle de merveilleuses choses que tu découvriras par toi-même, où si tu veux je pourrai te donner des cours…..

Julie tourna la tête et regarda à présent le jeune homme, elle devait parler d’elle ce qui était un peu plus difficile, elle tentait d’oublier un passé très douloureux.

Qu’en à moi et bien je m’appelle comme tu le sais déjà Julie Lousiane je suis née en France, mes parents sont des avocats très renommés, et j’ai donc suivit leurs carrières pour devenir avocate également, je suis célibataire depuis peu…… Mon fiancé m’a faussé compagnie le jour de notre mariage, et notre lune de miel je l’ai passé seule dans ma cabine de bateau….. Oui le même bateau qui a sombré dans l’océan. Sinon je suis quand même heureuse d’avoir put te rencontrer…..

Devait-elle prendre l’initiative où pas ? Elle se pencha vers le jeune homme et posa ses douces lèvres sur sa joue.

Merci de m’avoir aidé à porter ma chaise…… J’ai une idée, chez moi j’ai un transistor qui produit de la musique, tu n’as qu’à m’accompagner et je te ferai écouter des chansons ?

On ne pouvait pas dire que Julie était avare en information. S'il avait ressenti de la curiosité pour le monde moderne, il fut servi, surtout en ce qui touchait les femmes de ce siècle.

Nous sommes indépendantes et n’attendons rien d’un homme que…Enfin voilà, sinon le monde moderne recèle de merveilleuses choses que tu découvriras par toi-même, ou si tu veux je pourrais te donner des cours…

Découvrir lui tout seul les merveilles de ce temps résultait engageant, qu'elle s'offre, si gentiment, à lui donner des cours, franchement irrésistible. Achille avait beau venir de la lointaine Antiquité, cela ne le gênait pas du tout à l'heure de se trouver en compagnie d'une jolie femme, surtout quand elle semblait si bien disposée envers lui.

Suivit un rapide résumé de la vie de la demoiselle, qu'elle soit avocate ne lui disait rien mais l'épisode avec le fiancé rétif lui donna de quoi penser.

*Des imbéciles il y en a toujours et partout!*

Sinon je suis quand même heureuse d’avoir put te rencontrer…

Il ne s'en plaignait pas non plus. Là, il n'y avait pas de guerre à livrer, du moins pas encore, quoique si on pensait à ce qu'avait exposé le toubib, il se pourrait qu'il y ait de surprises pas trop agréables...mais le moment n'était pas à penser à cela...

Je suis aussi content de t'avoir rencontrée, assura t'il en souriant, très...

Avant qu'il ai pu placer un mot de plus, elle se penchait vers lui et l'embrassait sur la joue. Ce contact si doux éveilla en lui une sensation de plaisir presque oubliée...la tendresse...Bon sang, combien de siècles s'étaient passés depuis la dernière fois qu'une femme avait eu un geste semblable pour lui? Trop, sans doute!

Il y avait tout de même des choses qui n'avaient pas trop changé. Il suffit d'un mouvement infime du visage pour trouver sa bouche sous la sienne et la sentir répondre à cet attouchement avec évidente complaisance. La sensation était absolument plaisante.

Et dire qu'elle le remerciait de l'avoir aidée à porter sa chaise.

C'était le moindre à faire, s'empressa t'il de dire, en la prenant dans ses bras et renouvelant le baiser avec un plaisir bien partagé.

J’ai une idée, chez moi j’ai un appareil qui produit de la musique, tu n’as qu’à m’accompagner et je te ferai écouter des chansons ?

Il n'avait pas la moindre idée de quoi elle parlait mais cela n'avait aucune importance. Quelque chose qui produisait de la musique? Même si faire des découvertes scientifiques n'était pas dans ses priorités immédiates, cela serait sans doute intéressant.

Pourquoi pas? Je suis curieux de voir à quoi ça ressemble...cet appareil.

Pas plus que savoir ce qu'elle avait en tête. Sans perdre plus de temps avec des explications, ils se levèrent et prirent le chemin vers la maison de Miss Lousiane.
Au premier coup d'œil, une fois qu'elle ait mis de la lumière, Achille constata que l'intérieur ressemblait beaucoup à la demeure qu'on leur avait assignée, à lui et aux deux autres illustres. Avec la petite différence que là, on devinait la touche féminine...c'était plus coquet et douillet que chez lui.

Julie alla vers un petit appareil posé sur une table basse, toucha un bouton et aussitôt, magie pure, une douce musique envahit l'ambiance. Il resta un instant à regarder l'engin d'un oeil dubitatif avant que la jeune femme ne revienne vers lui et l'entoure de ses bras en lui disant qu'ils allaient danser.

Terpsichore n'avait jamais été sa muse préférée et son talent pour la danse n'était pas des plus louables mais comme il le découvrit au bout de quelques instants, il n'avait pas à faire grand chose à part retenir sa partenaire serrée contre lui et répondre à ses baisers et caresses...décidément, il commençait à l'aimer, la danse!

Une chose entraînant l'autre, la musique continuait à se diffuser mais ils n'y prêtaient aucune attention, trop occupés à se découvrir l'un l'autre avec une fièvre dévorante. Si lui avait des siècles à rattraper, Julie, elle, semblait vouloir oublier, d'un seul coup, toutes les tristesses de sa vie...

Le soutien inconditionnel de Miranda permit à Darken de surmonter ses appréhensions et même de réaliser une assez jolie prestation. Il en voulut aux habitants de se montrer si peu accueillants mais on pouvait aussi comprendre leur peur face à une situation quasi inadmissible. Sa chérie avait donc joué au dentiste avec l’allosaurus ? Il n’en était pas plus surpris que ça. Ce qui le fit sourire fut les exploits de Louis avec le micro. A croire qu’il avait rêvé d’être bateleur de charme toute sa vie.
L’humour du roi détendit l’atmosphère puis vint un autre moment redouté : l’élection du maire. Plus les mains se levaient en sa faveur, plus il se sentit rapetisser physiquement même si une sorte d’exaltation le gagnait.

*Maire ? Peut-être que cela aurait plu à maman…*

En tout cas ça plaisait à Miranda ; elle rayonnait. Puis… le coup bas :

Félicitations, Mr Darken. J’approuve entièrement ce choix. Cependant… une question me turlupine depuis l’arrivée des… personnages historiques. Selon leurs propres paroles, ils étaient nombreux du côté… du fleuve. S’ils ont trouvé un passage vers nous, d’autres pourraient le faire. Alors, je m’interroge… Si un dinosaure débarque… ou une troupe de gens haineux… quelles mesures envisagez-vous de prendre ?

Mince, Owen n’y allait pas de main morte. La salle parut soulevée d’agitation. Les interrogations fusèrent de partout ! Rien d’autre à faire que de reprendre le micro et de s’imposer :

Silence ! Silence ! D’abord je vous remercie de la confiance que vous placez en moi comme dirigeant principal du village. L’organisation installée par LeGollec a fait ses preuves jusqu’ici ; le principal sera maintenu tel quel. Au vu des conditions exceptionnelles auxquels nous sommes confrontés, notre estimé Docteur Owen a raison d’insister. L’arrivée inattendue de membres d’une autre communauté peut constituer un embarras pour la nôtre. Aussi mieux vaut nous préparer que d’être pris au dépourvu.
Je prévois de nouvelles explorations de l’île afin d’y dénicher d’éventuelles autres ascenseurs. L’actuel est déjà sous surveillance. Je propose un renforcement de la milice municipale avec patrouilles nocturnes du périmètre.

Cela lui parut sensé et suffisant pour l’instant. Il n’allait quand même pas commander des travaux spectaculaires et faire ériger miradors et barricades. Par contre des armes seraient échangées contre les diamants dont l’extraction serait augmentée. Chaque habitant devrait en verser un quota uniquement destiné à la sécurité et aux installations communes. Bon, ça ressemblait à un impôt mais tant pis. Jusqu’ici, la majorité avait vécu pour soi, il était temps que ça change.
Les résidents ne prirent pas trop mal ces décisions. Peu à peu la salle se vida.
Darken s’attarda avec l’un ou l’autre dont il aimait les avis pertinents. Demain seraient ouvertes des candidatures à divers postes importants. La photocopieuse tournerait à nouveau. En attendant, même s’il avait plus envie de rire avec Miranda, sa récente fonction l’obligeait à une longue nuit laborieuse.
Rentrés au bercail, les tourtereaux soufflèrent un peu en se décontractant devant un verre. Le poids des obligations pesait déjà aux épaules de Seb.

Il va falloir recruter un chef de la milice. Ça ne plaira pas à Christensen d’être rétrogradé mais il est trop jeune et trop mou. Achille serait parfait. Personne n’oserait le contredire et… la guerre, il connaît. Burton et Louis seront aux relations publiques. De bons intermédiaires, je crois. Enfin (soupir), nous verrons si ça leur convient, et qui postulera.

Que de conséquences cette arrivée entraînait-elle ! Finie l’insouciance. Déjà que sa future paternité angoissait Darken, la charge mayorale n’était guère plaisante en perspectives.
Une fois les textes à afficher prêts pour la publication, les doigts agiles de Miranda surent dénouer admirablement ses tentions. Éperdu de félicité, il redevint sérieux :

Je me demande ce que je ferais sans toi, tu sais ? Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Je t’aime Miranda, épouse-moi.

Un petit baiser sur la joue c’était innocent, mais lorsque Achille détourna la tête, leurs lèvres se frôlèrent mais ne voulant pas se séparer tout de suite, elle appuya plus longuement sa bouche sur la sienne pour qu’il sache qu’elle appréciait son geste.
Après avoir dit quelques mots, le jeune homme prit Julie dans ses bras et reprit de nouveau ses lèvres, c’était inouï la sensation qu’elle éprouver. Reprenant son souffle elle lui proposa de l’accompagner chez elle pour lui faire écouter un peu de musique, il accepta de bon cœur, se levant, ils récupérèrent les deux chaises, qui n’avaient pas bougé d’un pouce et marchèrent en direction de l’habitation de Julie.

Arrivant dans le salon, la jeune avocate mit le transistor en marche qui émit une musique douce dans l’air de la nuit, elle regarda le jeune homme qui fut intrigué par l’appareil, puis se sentant d’humeur joyeuse, elle se dirigea vers lui et entoura son cou de ses petits bras.

Je vais t’apprendre à danser, c’est très simple, tu mets tes mains ici….

Elle lui prit les deux mains et les posa sur ses hanches…

Ensuite tu suis le mouvement c’est une musique lente et la danse s’appelle un slow….. Oui c’est parfait comme ça, tu me tiens bien dans tes bras…..

Un pas, puis un autre, Achille se débrouillait comme un chef, et ses mains sur les hanches de Julie, lui procurait des décharges électrique, mais ce qui fut le plus incroyable c’est quand elle leva son visage vers le sien et se mettant sur la pointe des pieds l’embrassa avec une fougue brûlante. Une chaleur intense l’envahit, comme un incendie ravage la prairie en été. Elle ferma les yeux se sentant plus vulnérable que jamais, il n’y avait plus rien au monde que Achille, Achille et le désir, Achille comme une promesse, Achille et cette chaleur bienfaisante. Elle l’embrassait à pleine bouche, à pleines dents, elle se jetait sans ambages dans la passion, le défiant de la suivre, entourant son cou, caressant ses cheveux…..
Tout ce qu’elle voulait à présent c’était lui et encore lui. Et comme si il avait lu dans ses pensées, ils se retrouvèrent tous deux allongés sur le lit et dévêtus, se livrant l’un à l’autre dans une frénésie pure, se donnant l’un à l’autre.

C’était l’un des moments ineffables que l’on voudrait suspendus à jamais, pensa Julie, entre les bras musclés du Grec, jamais de sa vie elle n’avait vécu des moments aussi intenses, et aussi mémorables. Regardant le bel apollon dormir à ses côtés elle se blottit dans ses bras, pour s’enivrer de son odeur.

Le matin pointait déjà son nez et il était temps de se lever, les diamants commençaient à manquer et il fallait absolument qu’elle aille à la grotte pour piocher. Julie devait réveiller Achille, lui caressant les cheveux et sa joue râpeuse, elle le vit bouger un peu mais ses paupières restèrent clauses, alors pour le réveiller totalement, elle se pencha vers lui et l’embrassa de toute la passion qui l’animait……
Le coquin, il attendait tout simplement le baiser de la demoiselle, car dés qu’elle posa ses lèvres sur les siennes, il l’entoura de ses bras et répondit ardemment à son baiser.

Tu es merveilleux, jamais je n’ai passé de nuit aussi torride, tu es un vrai Dieu en ce qui concerne les ébats sexuels…… Tu reviens ce soir ?

Il était temps qu’il retourne dans son chalet, les deux autres devaient se demander où il avait bien pu passer, mais avant tout une douche était de mise, se levant elle tendit la main à Achille pour qu’ils prennent une douche ensemble, ce serait aussi une première pour lui et Julie était sûr qu’il apprécierait.

La réunion se passa mieux que prévu après des débuts tumultueux. L'intervention royale eut beaucoup à voir avec le changement d'ambiance. Elle s'était toujours imaginée Louis XIV comme un personnage très imbu de soi, se croyant très au dessus de ce peuple qu'il menait de main de fer...or le personnage découvert ce soir était l'hybride parfait entre un sage et Billy Crystal aux cérémonies des Oscar. En tout, cas, il maintint le public charmé et il fallut presque lui arracher le micro des mains...Ca promettait. Après une semblable prestation, Achille déclina, très rationnel de sa part, l'honneur de parler au public. Très judicieusement, Julie prit le relais et annonça l'élection du nouveau maire.

Pour son total bonheur, son Seb chéri, l'emporta sans problèmes. Un point pour le village, à son avis...il n'existait rien de plus indiqué pour ce poste que ce bel inutile qui faisait des énormes progrès pour ne plus l'être.

Les paroles du docteur, semèrent un petit vent de panique...Il y avait de quoi. Envisager d'être "visités" par d'autres étrangers, pas aussi charmants que ceux ramenés par eux, ne résultait guère tentant, mais encore là, Seb se montra à la hauteur des circonstances et prit des résolutions ponctuelles, qui furent toutes bien acceptées. Cela entraîna du travail supplémentaire mais Miranda ne s'en plaignit pas, d'emblée elle s'auto proclamait secrétaire du Maire et pas question qu'on vienne lui disputer la place.

De retour à leur bungalow, son adoré arborait toujours un semblant soucieux. Elle lui servit un verre, s'en servit un aussi et alla se nicher dans ses bras, pour l'écouter parler de ce qui le tracassait.

Il va falloir recruter un chef de la milice. Ça ne plaira pas à Christensen d’être rétrogradé mais il est trop jeune et trop mou. Achille serait parfait. Personne n’oserait le contredire et… la guerre, il connaît. Burton et Louis seront aux relations publiques. De bons intermédiaires, je crois. Enfin , nous verrons si ça leur convient, et qui postulera.

Elle leva la tête et le regarda, satisfaite.

Tu sais, mon chéri, je ne sais pas pourquoi tu te fais tant de bile...tu as tous les atouts en main pour mener à bien cette histoire. Je suis du même avis que toi quant au chef de la milice, on ne peut rêver à personne de meilleur qu'à Achille...ça bien sûr, si Julie le laisse respirer...oui, ne me regarde pas comme ça...les femmes nous remarquons de choses, tu sais...Richard est parfait pour les "public relations", pas sa faute s'il a plus de talent dans son petit doigt que tous les gens du village ensemble...pour Sa Majesté...tant qu'on le tiendra loin d'un micro...

Elle l'aida à écrire les textes à afficher, donna des idées, le fit rire et finalement opta pour envoyer le travail au diable pour le reste de la soirée, le convainquant sans trop de difficultés...en fait, il en sembla ravi.

Elle souriait, aux anges, en pensant à mille petits bonheurs...entre autres à leur enfant à naître et...

Je me demande ce que je ferais sans toi, tu sais ? Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Je t’aime Miranda, épouse-moi.

Ces paroles tardèrent quelques secondes à se frayer chemin. Son cœur bondit, affolé, elle ouvrit la bouche pour parler mais ne parvint qu'à émettre un son inarticulé...enfin, récupérant ses facultés, elle s'assit face à lui et le dévisagea, rayonnant d'un bonheur qu'elle n'avait jamais cru pouvoir sentir.

Tu...tu veux que...toi et moi...Oh, Seigneur! Sebastien Darken...tu veux me tuer d'une surprise?...

Elle s'empara de sa main et la posa sur son cœur.

Il va...éclater. Tu...es aussi la meilleure chose qui me soit jamais arrivée...toi et notre bébé, vous êtes les seuls trésors auxquels je tiens plus que ma propre vie. Je t'aime aussi...comme jamais je n'avais pensé qu'on pouvait aimer quelqu'un...

Elle lui jeta les bras autour du cou, l'embrassant follement pour tout à coup s'écarter et le regarder de nouveau, très gravement cette fois.

Et bien sûr que j'accepte me marier avec toi...pas question de laisser qu'une autre fille te mette le grappin dessus.

Une joie délirante la fit se défaire de son étreinte et se mettre à tournoyer comme une toupie, en sautillant, sans savoir si rire ou pleurer...pour enfin se calmer et revenir auprès de son futur époux.

Ça va te sembler idiot...mais je veux un mariage...superbe. Je vais demander au Champignon une belle robe de mariée...des fleurs...je veux de la musique...wow! je vais pouvoir inviter un roi de France, une héros mythologique et l'homme qui a découvert les sources du Nil...Je ne connais pas une seule de ces dindes qui se sont mariées au Plaza qui aurait pu avoir un plus beau mariage que le mien...en plus que j'emporte le plus beau garçon du coin...Yepee!...oui...ça va être somptueux...je demanderai à Julie et à Alysson d'être mes dames d'honneur...

Soudain, elle se tut et s'approchant l'embrassa tout doucement.

Je t'aime, Sebastien Darken...je me marierais avec toi, même si on devait le faire sur un rocher pelé, sans rien d'autre que la mer pour faire de la musique...il me suffit savoir que tu m'aimes comme je t'aime, moi...je n'ai pas besoin de plus...tu es mon tout...

La nuit avait été longue. Après des discussions interminables pour élire le maire, le médecin lança le débat sur une autre voie. Fin stratège, Louis ne trouva rien à redire au plan élaboré par Darken. Lui non plus n’apprécierait pas que débarque un clan de Néandertaliens ou pire, une grosse bébête d’un autre temps !
Au moment de rentrer dans leurs quartiers, le monarque avait constaté le petit conciliabule entre Achille et la délicieuse Julie. Il ne put s’empêcher de dépasser son ami en lui donnant un léger coup de coude dans les côtes. Cela pouvait aussi bien signifier veinard que fais gaffe. Une fois dehors, Louis avait dit à Richard, d’un ton détaché :

La nuit est très douce, je vais musarder un peu.

L’autre émit un sourire ironique et, sans ménagement, l’entraîna jusqu’au pavillon.

M’enfin, lâche-moi ! Je ne vais pas me perdre.

Les remarques de Burton lui prouvèrent que son jeu était percé à jour :

Ben, oui ! J’avais envie de suivre Achille. Tu crois qu’il ne risque rien avec cette fille ? Que sait-on d’elle, après tout ?

L’ambassadeur partit d’un éclat de rire qui vexa Louis. Boudeur, il ne causa plus et ne répondit pas aux souhaits de bonne nuit que l’autre lui dédia.
Là, dans la pénombre, le roi veilla en tournant autour de la cheminée. Au moins dans son bureau au château, il pouvait lire et écrire des tonnes de documents pour tuer le temps. Ici… Rien à faire sinon que d’attendre en discutant à voix basse avec… lui-même. Si Richard n’avait pas été aussi profondément endormi, il aurait entendu de curieux échanges :

Qu’est-ce qu’ils font ? Enfin, Louis, tu t’en doutes bien. Tu es jaloux, n’est-ce pas ? Pas du tout ! Il a de la chance, c’est tout. Avec une carrure pareille, si j’étais de ce bord-là, je lui aurais fait des avances aussi, mais je ne suis pas mon frère, Dieu merci. Alors pourquoi tu ne vas pas dormir ? Tu souhaites lui faire raconter ses exploits à son retour ? Je suis un homme du monde, moi ! Ça ne m’intéresse pas ! Que tu dis… Tais-toi vipère. Je m’inquiète, tu peux comprendre ça ? Et si… elle lui avait tendu un piège ? Dans quel but ? Un bien doux piège, alors... Non ! Que non pas ! Femelle parfois plus cruelle que fiel ! Fallait les voir à la cour, tu te souviens ? Et comment que je me souviens… Toutes à se battre, s’entre-tuer pour un sourire de nos majestés. La mienne, pas la tienne ! Tu sais que tu dérailles, Louis ? Je m’en moque ! Je veux qu’Achille revienne et me prouve qu’il va bien. Bois un verre… tu dormiras, et… Tais-toi, tais-toi.

Exaspéré de ce jeu qui ne lui avait procuré aucun apaisement, le XIVème du nom s’affala dans le divan. L’aube pointa sans qu’aucune trace d’Achille ne se manifeste. La fatigue prit peu à peu le dessus. Un rêve étrange l’investit malgré lui.
Dans un jardin édénique, sous le soleil, le héros Grec dormait sagement le dos appuyé à un noble tronc d’arbre. Tout était calme, parfait. Soudain un mouvement se produisit dans la ramure. Glissant lentement au long de l’écorce quelque chose descendait vers le dormeur qui ne flairait rien. De quoi s’agissait-il ? Louis s’approcha et ouvrit des yeux ronds. Il voulait crier mais nul son ne franchissait ses lèvres ouvertes. Avec horreur, il vit son ami être enroulé par le corps visqueux d’un affreux reptile. Comble de tout, ce serpent avait une face humaine, féminine, tentante : le portrait craché de Julie.
Louis cria en se débattant :

ACHILLE !

Vlam ! Le sursaut le fit choir du siège où il s’était assoupi. Grommelant, ses paupières s’ouvrirent sur de puissants pieds nus. Un premier élan submergea Louis :

A… Achille !

Pour un peu, il lui aurait entouré les genoux de ses bras tant il était soulagé. Sa dignité l’en empêcha d’autant que la rogne montait en flèche. Se redressant, il déclama :

C’est à cette heure-ci que tu rentres ? Tu n’as pas honte de nous laisser sans nouvelles si longtemps ? ça valait le coup, j’espère ? Si j’étais toi, j’irais me laver. Les filles qui se donnent au premier venu portent souvent des maladies, et…

Oups ! Il avait gaffé. Quand Achille avait ces yeux-là… Il bondit derrière le divan.

Pas… Pas que je la traite de catin, m’enfin, on ne sait jamais, hein ? Je… je m’inquiète pour toi, moi ! Euh… Tu as faim, peut-être ? Après l’effort, ce serait normal…

Vu la tête du Grec, son compte était bon cette fois. Haussant soudain le ton qui frisait l’aigu de la panique, Louis beugla :

RICHARD ! Achille est rentré. RICHAAARD !!!

Lui seul contrerait le héros dans les prunelles duquel brillait un éclat meurtrier.
Abandonnant ses espoirs de conciliation, le monarque ne faiblit pas pour autant. Avec un brin de morgue, il déclara :

Frappe si tu veux ; je ne me défendrai pas. A quoi cela servirait-il ? Je ne suis pas de taille et le sais. Si abattre un plus faible te réjouis, je te plains.

Sans sourcilier, il affronta Achille le front haut.