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 Nouveaux horizons, nouvelles perspectives

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MessageSujet: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyJeu 20 Nov - 0:06

Un rayon de soleil insistant vint solliciter sa rétine à travers sa paupière fermée.
Émergeant d'un sommeil épais, Léonardo se tourna sur le côté. Il prit conscience de l'absence de drap en même temps qu'un petit vent frais se mit à courir sur son échine. La conscience soudaine de sa nudité le réveilla alors aussi efficacement qu'un seau d'eau qu'on lui aurait jeté dessus.

Hébété, il était assis sur une petite plage, aussi dévêtu qu'au jour de sa naissance. Comment était-il arrivé là ? Il chercha à se souvenir... La veille, il était alité au château de Cloux et … Et il était mort ! Il se rappelait sa dernière pensée quand son cœur avait cessé de battre, ce sentiment de désespoir de ne pouvoir terminer l'étude de ce Cypripedium Arietinum qu'on lui avait rapporté des Amériques.

Mais que se passait-il ? Avait-il rêvé sa mort ? Etait-ce l'influence d'une drogue hallucinogène ? Et pourquoi l'aurait-on drogué ? Et puis tout ceci semblait si... réel ! Trop réel, d'ailleurs, beaucoup trop !

Son bras nu passa devant lui dans un mouvement involontaire. Son regard fixa la pilosité de son bras. Ce n'était pas possible ! On n'avait jamais vu des poils blancs redevenir sombres ! Mais ses jambes et son torse ne firent que confirmer : l'inéluctable invasion de coups de pinceaux blanc qu'il subissait depuis déjà quelques années avait été brutalement repoussée. Et les muscles sous sa peau avait retrouvé un volume et une tonicité plus adéquat dans un corps de jeune homme que dans celui du vieil homme fatigué qu'il était devenu.

Se pouvait-il qu'il soit réincarné dans un autre corps ? Les religions venues d'Inde auraient-elles raison contre toute logique ? Il se contorsionna pour vérifier la présence d'ailes dans son dos. Si une religion devait expliquer la vie après le trépas, pourquoi ne serait-ce point celle de La Sainte Eglise ? Si c'était le cas, les ailes restaient l'apanage des anges. Quel dommage ! Cela aurait constitué une superbe opportunité pour l'étude du vol !

Dans l'immédiat, Paradis ou pas, il fallait trouver urgeament des réponses à certaines questions :
* Cet endroit était-il désert ? *
* Pouvait-on souffrir de la faim ? *
* Si oui, où trouver de la nourriture ? *
* Cette eau est-elle potable ? *
* Où trouver de quoi se vêtir ? *
* Y-a-t-il des animaux dans les environs ? *
* Si oui, sont-ce des proies ou des prédateurs ? *
* Où trouver de quoi fabriquer les outils qui permettront de fabriquer les armes pour chasser ou se défendre le cas échéant ? *
* Quel type d'habitation construire ? *

Cette dernière question éveilla son intérêt plus que de coutume. S'emparant d'une brindille, il commença à tracer dans le sable quelques traits. Maison en hauteur... mmmm... échelle de corde... fabrication de corde.... machine à tresser (on verra plus tard)... échelle de bois ? Escalier ? Ascenseur ? Mmm... treuil... fabrication de poulies... une là... une autre... non, plutôt comme ça... avec un taquet ici pour bloquer la corde de rappel..

Pendant quelques minutes il resta là, à dessiner sur le sol en marmonnant, effaçant de temps en temps du pied quelques traces illisibles.

Un craquement à la lisière de la forêt le rappela à la réalité.


Dernière édition par Léonardo Da Vinci le Dim 4 Jan - 15:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyJeu 20 Nov - 22:02

Cherchant une meilleure position, la jeune femme s’était retournée et avait constaté avec horreur qu’elle n’était pas dans son lit douillet de l’hôtel Beau-Rivage de Genève mais bel et bien allongée… sur le sol ! Elle avait ouvert des yeux effarés et s’était épouvantée en constatant sa nudité :

Irrrmaaa ! avait-elle hurlé en réclamant sa dame de compagnie. Irma venez vite m’apporter ma robe de chambre !

Mademoiselle Stzaray ne répondit pas. L’Impératrice voulut récidiver son appel avant de se rendre compte de l’incongruité de la situation : elle n’était pas seule !
Autour d’elle, maints hommes et femmes se retrouvaient dans le même simple appareil et semblaient également posséder… le même âge. La grande majorité paraissait aussi stupéfaite qu’Elisabeth. Les gens semblaient ne pas reconnaître leur corps, elle ne fit pas exception.
Cette plastique qu’elle avait maintenue à force d’exercices et de privations lui était revenue et pour ça, elle loua le Seigneur dans une prière muette. Car, à n’en pas douter, ce jour était celui attendu par les croyants : c’était celui de la résurrection des morts. Elle était donc au Paradis !
Les souvenirs affluaient mais sa nudité la préoccupait. D’autres aussi en étaient gênés. Aussi fit-elle comme eux, elle se leva et fila dans les bosquets proches.
Là, elle arracha des feuilles qu’elle tressa habilement. Depuis sa prime enfance, Sissi avait toujours aimé les arts. La vannerie en étant un, elle s’y exerça à nouveau. Au moins Sophie ne lui tomberait pas sur le râble en prétextant que la tapisserie était plus noble à pratiquer.
Tout en nattant les fibres végétales, l’ex-impératrice se rappela ses derniers instants terrestres.
Ce qu’elle avait pris pour un coup de poing à la sortie de l’hôtel fut donc plus grave que prévu ? Qu’était-ce ? Elle avait perdu conscience et ne s’était réveillée… qu’ici.
Bientôt, de ses doigts agiles naquirent paréo et soutien-gorge. En grimaçant sous la rugosité de ce « tissu » inusité, Sissi se vêtit. Que dirait la cour si elle la voyait attifée de la sorte. Déjà qu’on ne l’aimait pas beaucoup…
Peu importait après tout. Une nouvelle vie commençait ; elle comptait bien en profiter.
Fini le protocole idiot, les sourires hypocrites et autres obligations. Elisabeth se sentait pousser des ailes, au figuré. Apparemment, personne ne possédait la paire espérée, dommage.


Maintenant « habillée », elle consentit à quitter son refuge. La foule dispersée, l’endroit était bien désert. Elle se permit de détailler son environnement. Derrière elle s’étendait des bosquets prolongés par une sorte de forêt. Un peu plus loin, on distinguait une haute muraille rocheuse très impressionnante. Devant, Sissi fut soufflée par la beauté de l’immense fleuve bleuté qui serpentait paisiblement entre deux rives assez éloignées l’une de l’autre. Impossible de distinguer ce qui se passait à l’opposé même en se rapprochant du bord.
Poussée par la curiosité, elle s’avança vers l’eau miroitante. Des hautes touffes de végétations l’en séparaient, elle les franchit en prenant soin de ne pas s’écorcher la plante des pieds qui ne rata pas une branche morte. Quelle surprise en débouchant de ce fouillis : un homme en tenue d’Adam dessinait sur le sable !
Une rougeur d’embarras empourpra ses joues. Se détournant de l’inconnu, elle s’exclama :


Monsieur, couvrez-vous, je vous prie. Nous sommes ressuscités tels que notre Seigneur nous a créés mais… nous ne sommes pas encore habitués à nous exhiber ainsi. Désirez-vous que je vous tresse un pagne ou… préférez-vous demeurer dans cet état ?En ce cas, je ne vous parlerai pas

Sans attendre sa réponse, elle commença à arracher des végétaux qu’elle natta rapidement.
Tout à son ouvrage, elle se demanda qui était cet inconnu fort bien bâti pour le peu qu’elle ait pu en juger. Si l’on s’interrogeait souvent sur le sexe des anges, ici point de doute : la mixité était de mise.
Rapidement un pagne réussi se confectionna. Sans se retourner, elle l’expédia en arrière en attendant une réaction.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptySam 22 Nov - 20:52

La voix féminine aux inflexions germaniques l'avait fait sursauter. Dans un réflexe de pudeur, Léonardo lâcha sa brindille et croisa ses mains sur ses génitoires avant de se tourner vers les arbres.

La nouvelle venue n'était pas visible mais s'adressait quand même à lui. Comprenant à retardement qu'elle lui faisait reproche de l'avoir surpris dans le plus simple appareil, il sentit ses joues et ses oreilles rougir de confusion.

Il se mit à bredouiller « Madame, je suis désolé... je ne voulais pas... j'aurais du.... il ne faut pas croire que... enfin, je veux dire, ce n'est pas... » Cherchant désespérément du regard un abri derrière lequel il aurait pu mieux se dissimuler, il reculait vers la rive, finissant de piétiner son dessin, le rendant définitivement impropre à toute lecture.

Un paquet d'herbe atterrit non loin de l'endroit où il s'était tenu. En deux bonds, il s'en empara et le plaça devant son bas-ventre, réussissant ainsi à regagner un peu de dignité. Au toucher, il perçu des nœuds dans les fibres végétales. Jetant un œil plus attentif, il réalisa que les herbes s'entrecroisaient pour former une espèce de cylindre.

Vérifiant qu'aucun observateur ne le voyait dans cette position ridicule, il enfila ses jambes dans le cylindre et le remonta jusqu'à la taille. En retenant d'une main ce pagne, il libérait ainsi l'autre pour esquisser un salut de remerciement.

« Mille mercis, Madame ! Je vous sais gré de me sortir de cette fort inconfortable situation. »

N'attendant pas de réponse, il enchaîna.

« Sauriez-vous me dire où nous nous trouvons ? Ou au moins dans quel royaume ? »

Son esprit rapide avait enchainé les déductions et déterminé qu'il ne pouvait se trouver au Paradis. Il tirait principalement cette conclusion du fait que les habitants n'auraient alors pas été offusqués par sa nudité involontaire. Après tout, derrière la notion de pudeur se trouvait celle du péché et ceci ne pouvait se concevoir dans un lieu divin...

Il s'agissait donc soit d'une autochtone soit d'une autre victime du même sort que lui. Dans le premier cas, elle montrait une certaine volonté d'assistance mais elle avait parlé en allemand, langue qu'à sa grande surprise il avait parfaitement compris alors que ses connaissances se résumaient à quelques bribes. Or il était évident que ce rivage bénéficiait d'un climat qui n'avait rien de germanique.
Dans le cas de la seconde hypothèse, et bien si elle savait confectionner des vêtements, elle avait donc du en faire de même pour elle. Il en ressortait donc qu'elle était arrivée avant lui et donc avait des chances d'avoir quelques connaissances de la situation. Dans tous les cas, ce serait quelqu'un qui pourrait l'aider à diagnostiquer cette étrange situation.

«  Savez-vous par quel sort ou enchantement nous nous retrouvons ici ?  Et comment retourner chez moi ? Messire le Roi va finir par s'inquiéter de mon absence..

Il avait hésité avant de faire référence à François mais, sans préciser de qui il s'agissait, il pourrait plus tard nier si jamais il se retrouvait en présence d'ennemis de la France. En tout cas, se présenter comme un personnage important pourrait lui rendre service en favorisant les attitudes conciliantes...
Finalement les leçons de son ami Machiavel étaient plus utiles qu'il ne l'aurait cru...
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyDim 23 Nov - 17:13

L’homme l’avait remerciée avec un langage assez fleuri aux intonations italiennes. Sa culture et ses voyages lui avaient appris à jongler avec diverses dialectes, aussi Sissi ne se surprit pas de comprendre tout ce que cet Adam racontait. Il semblait bien marri de s’être vu découvert dans ce simple appareil. Prudemment quand même, l’ex-impératrice osa pointer son nez hors de la forêt.

« Sauriez-vous me dire où nous nous trouvons ? Ou au moins dans quel royaume ? »
« Savez-vous par quel sort ou enchantement nous nous retrouvons ici ? Et comment retourner chez moi ? Messire le Roi va finir par s'inquiéter de mon absence...»


Avec une lenteur consommée, après s’être assurée que sa tenue soit « décente », elle s’avança vers l’homme :

Bonjour. En voilà un questionnaire ! Je ne puis hélas que vous répondre que moi-même je suis désorientée. Je me suis réveillée quelque part par là ( geste vague vers la forêt). J’ai fait comme beaucoup, j’ai fui dans les buissons pour me confectionner cette tenue. Dieu aurait pu penser à notre pudeur humaine. Ce n’est pas un reproche que je lui fait mais…

Elle soupira profondément:

Il n’est pas question de sort ou d’enchantement, selon moi. Nous sommes morts et ressuscités… au paradis. Auriez-vous une autre idée pour expliquer ce phénomène ?

Vu la tête du jeune homme, il gambergeait à vive allure. Elisabeth se sentit soudain bien minable d’être ainsi dépouillée de tous les attributs et fastes auxquels elle était habituée même si elle les détestait souvent. Soudain, elle réalisa qu’elle ne s’était pas présentée. Chose absolument non-conforme à la courtoisie élémentaire.


Excusez mon impolitesse. Je dois être déboussolée par ce qui m’arrive. Je suis Elisabeth Amélie Eugénie Wittelsbach. J’étais impératrice d’Autriche et… je suis morte à 60 ans.
Vous-même, qui êtes-vous ?


Une fois n’est pas coutume, Sissi se fourra l’index en bouche, se rongeant l’ongle à défaut d’autre chose. Jamais elle n’avait imaginé qu’elle pourrait avoir faim au Paradis. Pourtant…
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyMar 2 Déc - 22:27

Bien qu'il l'eut craint un moment, l'étrangère n'avait pas fui pendant qu'il se rendait présentable. Malheureusement, les réponses qu'elle lui apporta ne firent aucune lumière sur les évènements récents. Au contraire, le mystère semblait s'épaissir plus encore.

Elle prétendait être atteinte du même coup du sort que le sien, pour autant qu'une résurrection dans la force de l'âge en soit un ....

Mais était-ce bien sûr ? N'était-ce pas menteries que tout cela ? Ses connaissances en politique n'étaient pas bien vastes mais, pour pouvoir espérer recevoir commande des très hauts princes, il fallait mieux se tenir informé. Et aucune famille Wittelsbach n'était connue de lui, il était sûr de ne jamais avoir entendu prononcer ce nom. L'Autriche, ce morceau du Saint Empire Catholique Romain était une des possessions des Habsbourg, il en était certain.

Comment cette femme, fort jolie au demeurant comme il avait pu s'en assurer depuis qu'elle était sortie timidement des buissons, comment cette femme pouvait prendre le risque de s'attirer la colère d'une si puissante famille ? Sans compter celle de Rome... Il fallait qu'elle soit bien sûre que personne n'aille répéter ses paroles. Où bien qu'elle se sache hors d'atteinte des représailles que ses propos irréfléchis risquaient de lui attirer...

Mais quel bénéfice pouvait-elle escompter de ses mensonges ? Peut-être simplement voulait-elle l'impressionner en se prétendant de sang royal ? Après tout, il avait fait de même dans une moindre mesure en faisant référence à François de France... En attendant d'en savoir plus, il décida de jouer son jeu.

Je suis charmé de vous rencontrer, Madame. Je me nomme Léonardo da Vinci, ingénieur à la cour du roi de France, et je me retrouve ici post-mortem comme vous et bénéficiant du même traitement de jouvence que vous. Si vous m'en voyez fort aisé, j'aimerai malgré tout discuter promptement avec une autorité du lieu, qu'il soit ange ou sanctifié peut importe, car je voudrais m'enquérir des règles et us ayant lieu séant.... Pourriez donc accéder à ma requête, Madame, vous aurez droit à mon éternelle reconnaissance.

Songeant soudain que le qualificatif d'éternel pouvait être lourd de conséquence en ce lieu, il s'abstint de poursuivre sa tirade.

Elle avait mentionné d'autres personnes... La prudence était-elle de mise ici ? S'agissait-il d'autres ressuscités ? Peut-être... Mais une approche circonspecte était facilement compréhensible, peu de risque qu'on lui en fasse reproche...
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyJeu 4 Déc - 19:52

Pour étrange, la situation présente ne dépareillait pas avec celle vécue un peu plus tôt. Ne voilà-t-il pas que, tels des gens de parfaite éducation, Sissi recevait un discours très courtois et plein de déférence, ce qui l’agréa. Au moins, cet homme connaissait les usages. Ce qui lui raconta, la stupéfia cependant :

Je suis charmé de vous rencontrer, Madame. Je me nomme Léonardo da Vinci, ingénieur à la cour du roi de France, et je me retrouve ici post-mortem comme vous et bénéficiant du même traitement de jouvence que vous. Si vous m'en voyez fort aisé, j'aimerai malgré tout discuter promptement avec une autorité du lieu, qu'il soit ange ou sanctifié peut importe, car je voudrais m'enquérir des règles et us ayant lieu séant.... Pourriez donc accéder à ma requête, Madame, vous aurez droit à mon éternelle reconnaissance.

Déjà que ses idées étaient à l’envers, Sissi prit plus d’une minute pour encaisser la tirade. Puis…

Léo… Léonardo Da Vinci ?


Il y avait de quoi tomber des nues de se retrouver en face de pareille sommité de la renaissance. Très lettrée, adorant tout ce qui touchait aux arts, l’ex-impératrice n’eut aucun mal à avouer :

En vérité, j’ai toujours été une fervente admiratrice de vos œuvres. J’ai eu l’occasion de voir votre Mona Lisa dans un musée parisien. Vous serez sans doute heureux de savoir que votre cher roi a été profondément affecté par votre départ, au point qu’il aurait dit au sculpteur Cellini

« Il n'y a jamais eu un autre homme né au monde qui en savait autant que Léonard, pas autant en peinture, sculpture et architecture, comme il était un grand philosophe. »

Elle trouvait le compliment charmant et souhaitait que son compagnon en goûterait la valeur. Le reste de la tirade de l’illustre artiste visionnaire l’embarrassait pourtant.
Elle soupira :


Quant à vous éclairer sur les règles en vigueur ici, tout comme vous mener à une des autorités régentant ces lieux, vous me voyez marrie de ne pouvoir accéder à votre requête : je suis au même point que vous et que tous les autres. J’attends qu’un être suprême vienne guider nos pas en ce territoire inconnu.

Machinalement, elle se mit à observer le ciel sans doute pour y trouver un nuage sur lequel des anges harpistes annonceraient la venue divine souhaitée.
Hormis un magnifique ciel bleu où très haut voletaient des animaux ailés, rien ne lui permettait d’escompter l’imminence d’une visite par la voie des airs.
La jeune femme haussa ses épaules osseuses :


Ce sera pour plus tard, dirait-on. Ne devrions-nous pas chercher un moyen de s’abriter ? Nous allons cuire sous ce soleil. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de séjourner dans des îles du sud, ma peau supporte mal ces rayons ardents. En plus, c’est idiot, j’ai… faim. Pas vous ? Comment allons-nous faire ? J’aimerais retrouver ma dame de compagnie, elle était de si précieux conseils qu’elle saurait que faire.

Lentement mais sûrement, Sissi recula vers l’ombre des arbres, engageant Léonardo à la suivre, s’il le désirait.
De par ses connaissances sur cet homme au cerveau prodigieux, elle savait ne rien avoir à redouter de lui. Une présence rassurante à ses côtés serait la bienvenue.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyLun 15 Déc - 21:14

L'attitude de la jeune femme conforta Léonard dans ses soupçons. Il était maintenant presque certain que cette histoire de sang royal n'était qu'une fable. Une telle exubérance dans le comportement était tout simplement impensable dans une famille de haut lignage. Même pour le peu qu'il tâchait de se tenir informé, il aurait forcément eut connaissance d'une dame de haute noblesse se comportant avec l'extravagance d'une courtisane.

Il s'agissait donc d'une comédienne qui, pour une raison inconnue, cherchait à se bien faire voir de lui. Après réflexion, une jeune femme sans défense, perdue sans ressource ni vêtement dans la nature ne pouvait rien faire d'autre que se mettre sous la protection du premier individu qu'elle rencontre, surtout s'il ne semble pas agressif, ce qui était certainement son cas.

Il y avait donc de fortes chances qu'elle n'ait jamais réellement entendu parler de lui. Cette histoire de compliment royal qu'elle avait rapportée n'était qu'une invention de sa part, même si cela lui rappelait quelque peu des dires qu'on lui avait déjà rapporté. Sûrement elle avait entendu ces mêmes rapports et avait inventé cette histoire...

Mais après tout, pourquoi accorder autant d'importance à cette usurpation de titre ? Ses problèmes actuels étaient autrement plus urgents et, de toute façon, les comédiens tombent le masque à un moment ou à un autre, non ? Le plus simple était de faire comme si il n'avait pas découvert sa supercherie.

Cette résolution une fois prise, son esprit se libéra. Seule une petite voix lui sussurait encore ** Et d'ailleurs comment aurait-elle pu être au courant de ce qui s'est dit après ta mort ? Tu n'es mort qu'hier, n'est-ce pas ? Cette personne aurait du être présente à la cour de France pour pouvoir rapporter ce dit, or tu connais au moins d'aspect tous ceux qui naviguent dans ces eaux troubles... ** Il choisit d'ignorer cette voix et se concentra sur le présent.

Pendant ces quelques instants de réflexion, la jeune dame s'était retirée sous la frondaison, l'invitant implicitement à le suivre. Un piège ? Possible... Mais pas certain. Le danger pouvait être aussi bien ici que là-bas. Si l'espace découvert dans lequel il se trouvait lui permettait d'apercevoir l'approche d'une menace, elle ne lui offrait aucune cachette pour s'y soustraire. Une fuite éperdue serait alors son seul recours. La pseudo impératrice avait parlé d'un abri ce qui était très censé. Elle pouvait être plus au courant que ce qu'elle prétendait.

Il se mit à chercher dans sa mémoire l'exactitude des dernières paroles de celle qui ne signalait plus sa présence que par quelques craquements de brindilles quand il réalisa qu'il lui fallait prendre une décision rapidement, faute de quoi il risquait de ne plus retrouver cette dame.

Et puis les traquenards ne devaient pas exister au Paradis. Réajustant son pagne primitif qui commençait à glisser, il se dirigea vers les bruits en regardant où il posait les pieds.

Une dernière pensée concernant le fleuve le traversa tandis qu'il atteignait les premiers arbres. Une pensée tentée de regret car c'était à la fois une source d'eau et de nourriture qu'il quittait. Quoique, à voir la couleur du limon charrié dans ces eaux, il doutait qu'on puisse la boire sans la faire bouillir. Et sans feu ni chaudron, tout cela n'était que possibilités irréalisables. Mieux valait tenter sa chance ailleurs. Le sentiment de regret s'évapora aussitôt.

Un abri. De la nourriture. Tout cela n'aurait pas dû avoir d'importance dans un monde habité par les anges et les bienheureux... Mais rien ne ressemblait à l'endroit merveilleux dépeint par les écritures... L'atmosphère était plutôt inquiétante, sinistre même.

Le soleil avait bougé dans le ciel depuis son réveil, ce qui voulait dire deux choses.

La première, c'était qu'il était plus probablement dans un royaume terrestre que dans un lieu céleste car un tel lieu tenant la plus haute des positions, la lumière ne pourrait venir d'un au-dessus inexistant.

La seconde, c'était qu'il allait bientôt faire nuit. Par prudence, il fallait donc mieux trouver un abri et de la nourriture comme l'avait suggéré avec justesse cette charmante intrigante. Avant cela, il faudrait bien évidemment trouver de l'eau, fluide vital entre tous, et un moyen de faire du feu.
Ce dernier représenterait bientôt le moyen indispensable pour tenir à l'écart le froid et les bêtes féroces qui pouvaient être les dangers amenés par la nuit approchante.

Cette fois il n'entendait plus de bruit. Cette maudite manie de trop réfléchir !

« Madame ! … Madame ! Attendez-moi, je vous prie, je viens avec vous... »

Il pressa le pas. Ne voulant pas trébucher, il se concentra sur les endroits où ses pieds se posaient en hâte. Il ne vit pas la branche basse qu'il percuta du front avec violence, mais celle-ci exerça sa vengeance en l'expédiant à terre, dos au sol, son pagne de fortune rompu par le mouvement involontaire qu'il fit pour se rattraper.

Il ne perdit point connaissance. Affolé par la crainte de s'être perdu seul dans une nature hostile, voyant encore trouble sous l'effet du choc, il récupéra ce qui restait de sa dignité et rajusta tant bien que mal le misérable vêtement autour de ses reins.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyVen 19 Déc - 13:37

En prenant bien soin de regarder où elle posait ses pieds dénudés, elle avait repris sa marche sans se soucier de savoir si Da Vinci la suivait.
Elle était heureuse que son premier contact « humain » en ce paradis inattendu fût avec un aussi illustre personnage. Il avait laissé dernière lui tant d’œuvre magnifiques et de nombreux schémas d’inventions extraordinaires.
Elle… De quoi pouvait-elle se vanter ? D’avoir méprisé son peuple au profit de sa vie propre ? Ce n’était pas tellement reluisant comme bilan. Au moins, ici, avec ce climat, elle ne risquait pas une rechute de cette faiblesse poitrinaire qui l’avait tant handicapée durant des années.
Le fouillis de branchages était assez dérangeant dans ce territoire. Pourquoi se dirigeait-elle par là, elle ne le savait pas. Il lui sembla que dans les divers trouées de végétation, elle avait distingué une sorte de construction. Soudain, elle perçut comme un écho :


Madame, madame…


Elle se retourna et constata l’absence de l'homme talentueux. Rebroussant chemin, ce qu’elle entendit ressemblait beaucoup à un bruit de chute.
Inquiète, Sissi héla
:

Où êtes vous Signore Da Vinci ? Que…

Elle écarta un rideau de feuille qui lui révéla :


Oh mon Dieu, êtes-vous blessé ? s’épouvanta-t-elle en se portant au secours du jeune homme assis par terre.

Le fait que Léonardo pensât d’abord à rajuster sa mise plutôt qu’à examiner son front amusa légèrement Elisabeth qui s’approcha doucement.


Laissez-moi voir… Allez-vous bien ? Vous avez une belle bosse mais ça ne saigne pas.
Puis-je vous aider à vous relever ?


Elle lui tendit une main secourable.
Remis debout, il lui sembla qu’il allait bien puisqu’il ne retomba pas.


J’ai connu plusieurs chute de cheval, ça secoue. Si vous vous en sentez la force nous pouvons avancer.

Au fond d’elle-même, Sissi se reprochait de ne pas avoir constaté l’absence de son compagnon. A deux c’était quand même plus rassurant de circuler en terrain inconnu.


Venez, dit-elle. J’ai vu quelque chose qui m’a l’air intéressant non loin d’ici, une sorte de bâtiment. Il y aura peut-être des gens ?

Elle le guida sur le chemin déjà traversé puis tendit le bras.


Regardez, là-bas ! On dirait une sorte de gigantesque dolmen. On y va ?
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyDim 4 Jan - 16:11

Une fois debout, la tête de Léonardo se mit à tourner et, ses mains occupées à retenir les morceaux de son pagne rompu, il faillit perdre de nouveau l'équilibre.

Heureusement, le monde rétablit assez rapidement son sens habituel de la verticalité et il put de nouveau se concentrer sur autre chose que la simple préservation de sa dignité.

Sa nouvelle compagne était revenue sur ses pas avec de bonnes nouvelles : des traces de présence humaine. Elle n'avait pas précisé le type de bâtiment, ce qui indiquait probablement qu'il ne s'agissait ni d'une seigneurie ni d'un quelconque château où ils auraient pu espérer une assistance décente. Il devait donc s'agir d'une demeure de paysans ou d'une auberge. Mais ce serait de toute façon suffisant pour trouver le chemin qui leur permettrait de revenir chez eux. A condition de parler la même langue qu'eux...

Tous comptes faits, il valait mieux tomber sur d'humbles personnes qui ne risqueraient pas de se montrer belliqueux. Tout au juste surpris de voir débarquer deux personnes vêtues de feuillage...

En y réfléchissant encore, un peu de prudence était encore de mise car les gueux avaient cette nette tendance au paganisme qui menait rapidement au bûcher. Comme ils pouvaient très bien être pris pour des esprits sylvestres, une approche circonspecte semblait le meilleur choix, une torche est si vite partie...

Au moment où il allait faire part de ses craintes à la jeune comédienne, celle-ci s'écria :

Regardez, là-bas ! On dirait une sorte de gigantesque dolmen. On y va ?

Il y avait donc de fortes chances pour qu'ils soient dans l'ouest du royaume de France. Sa connaissance venait d'un document en possession des Borgia qu'il avait pu consulter lors d'une visite à Castel Bolognese. Il y avait trouvé une fort intéressante étude des rites païens mais l'usage de ces mégalihiques tables de pierre était resté obscure. Il s'était donc fait la promesse d'aller en étudier quelques-uns. Le temps lui avait encore manqué, comme pour tant de choses...

* Voici donc une occasion de commencer un nouveau Codex * Songea Léonardo.

Malheureusement, c'était aussi dans ces régions que les superstitions païennes étaient les plus ancrées.

« Madame ? Ne pensez-vous pas que nous devrions prudemment observer au lieu d'adopter cette approche ouverte ? J'ai quelques notions de stratégie militaire et ils me crient actuellement de ralentir le pas et de chercher refuge contre les regards. La maitrise de la situation passe par la maitrise de l'information. De plus nous serions bien en peine de repousser un quelconque agresseur dans ce pauvre équipement... Enfin... Je veux dire qu'il me serait malaisé de garantir votre sécurité dans ces conditions ! »
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyJeu 8 Jan - 16:18

Son compagnon l’avait suivie docilement ce qui n’étonna pas Sissi. De mémoire, elle se souvenait comment on considérait Léonardo, de son temps : grand savant, uniquement préoccupé du temps qui filait. Le cerveau tournant sans cesse à plein régime, il en oubliait souvent le côté matériel des choses. Elisabeth le pensait donc doux, voire inoffensif et se sentait en sécurité avec lui.
A l’approche du « dolmen », Da Vinci sembla hésiter à poursuivre plus avant :


« Madame ? Ne pensez-vous pas que nous devrions prudemment observer au lieu d'adopter cette approche ouverte ? J'ai quelques notions de stratégie militaire et ils me crient actuellement de ralentir le pas et de chercher refuge contre les regards. La maitrise de la situation passe par la maitrise de l'information. De plus nous serions bien en peine de repousser un quelconque agresseur dans ce pauvre équipement... Enfin... Je veux dire qu'il me serait malaisé de garantir votre sécurité dans ces conditions ! »

Elle le trouva charmant de tant de prévenance et l’approuva entièrement. Dans le fond, la situation l’amusait. Cela lui rappelait un peu sa jeunesse en Bavière quand elle jouait avec ses frères et sœur près du lac de Starnberg.

Oui, oui, murmura-t-elle animée. Cachons-nous, nous ferons les sioux !

Elle réalisa avec un cran de retard que jamais Léonardo n’avait dû entendre parler de ces indiens aussi embraya-t-elle :

Ça veut dire se dissimuler et observer en douce ce qui se passe.

Aussitôt, elle mit sa tactique en pratique. Pliant les genoux pour diminuer sa taille, elle commença à écarter la végétation avec beaucoup de délicatesse afin de ne pas trop faire bruire le feuillage. Par chance son déplacement ne déclencha aucun envol d’oiseau ou de cris d’animaux. Elle se retourna plusieurs fois, s’assurant ainsi que son compagnon ne disparaissait pas comme tout à l’heure.
Au bout d’un moment de progression silencieuse, l’ex-impératrice s’arrêta. Main en visière, elle observa soigneusement les alentours. Peine perdue, elle n’y découvrit âme qui vive. Fallait-il se réjouir ou se plaindre ? Si du secours aurait été le bienvenu, rencontrer des êtres hostiles n’était pas souhaitable.
Piquée au « jeu », Sissi regarda le visionnaire en s’appliquant un doigt sur la bouche. Elle mima ensuite avec l’index et le majeur une course en direction du champignon avant de se pointer elle-même du doigt. Finaude, elle se doutait que cette solution ne plairait pas à l’amour propre de l’homme. Sissi avait toujours été primesautière, voire téméraire dans son enfance. Cela ne la dérangeait pas du tout de jouer à l’éclaireur, au contraire. Sans laisser à Léonardo le temps de l’en empêcher, elle fila droit vers la clairière où trônait le « Dolmen ». Un œil à gauche, un à droite lui confirma l’absolue sécurité du site. Alors, elle se redressa complètement et appela Léonardo.


Vous pouvez venir, il n’y a personne.

Plus franche à présent, tout en demeurant sur ses gardes, elle franchit les deniers mètres la séparant de cette curieuse chose de… pierre( ?) Haut, massif, vu de près cet objet n’avait aucun rapport avec un mégalithique antique mais plutôt avec un gigantesque champignon fossilisé. Curieuse, Sissi le contempla en se demandant ce que ce truc faisait là. Un autel pour des rites païens ? On pouvait carrément entrer debout sous le linteau sans risquer de s’arracher le crâne. Elle préféra s’abstenir de toucher cette chose et d’y entrer. L’esprit ludique la reprit. Se comparant à une druidesse, en riant, elle s’adressa au champignon :

Ô noble et illustre machin vénéré, accorde ma supplique, je voudrais…


Que diable souhait-elle le plus, elle manquait de tout. Elle sourit :


Je voudrais une bonne paire de chaussures !

Là, l’ex-impératrice écarquilla les yeux de saisissement car, devant elle, se matérialisèrent de solides bottines de cuir. C’était trop fou, dément. L’émotion l’étreignit au point qu’elle tituba méchamment puis s’assit lourdement, au bord de l’évanouissement.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyMar 10 Fév - 21:59

La vie semblait bien plus captivante après la mort qu'avant.

Cet endroit n'empruntait rien aux descriptions infernales ou paradisiaques dont les religions abreuvaient leurs fidèles. Il n'était pas pour autant imprégné de ce prosaïsme de la vie terrestre.

Cette folle après-midi l'en avait convaincu, il devait être dans un lieu intermédiaire situé entre Terre et Ciel, entre Paradis et Enfer, entre Vie et Mort, entre la Jeunesse et la Vieillesse !

La stupéfaction avait atteint son paroxysme à cause de cette jeune femme, la première personne rencontrée depuis son étrange éveil, lorsqu'elle avait fait apparaître à ses pieds la paire de chausses de ses désirs.

Ce qu'on aurait immanquablement qualifié de miracle dans son pays et qui aurait propulsé la demoiselle au statut de sainte (sous condition de réchapper de l'enquête ecclésiastique pouvant la mener au bûcher), ce tour de magie semblait ici simplement surprenant ! Peut-être était-ce dû à leurs sens qui ne fonctionnaient plus comme avant ? Ou bien était-ce un monde de rêves où la réalité semble tourner ses pages brutalement en introduisant de nouveaux composants ou en en modifiant d'autres ?

Il ne se rappelait plus exactement quelles furent ses pensées à cet instant précis mais seulement le regret de ne pouvoir immortaliser cet instant. Cela devait fort ressembler à un vœu pour le faiseur de miracle car, comme pour rétablir une sorte d'équité dans les apparitions, un brouillard bleuté apparut dans l'herbe, laissant deviner une forme de minuscule boite aux reflets métalliques pourvue d'une minuscule lunette.

Intrigué, il s'était approché mais l'objet sembla se fondre dans le brouillard. Quand il fut arrivé sur place, ce dernier s'était évanoui et, sur le sol gisait une épaisse reliure de peau accompagnée d'une trousse à outils en cuir épais.

S'approchant avec prudence de cette nouvelle apparition, il jeta un coup d'œil aux alentours mais ne vit que « sa majesté » qui, encore un peu pâle mais avec un léger sourire aux lèvres, l'observait d'un air penché tout en serrant contre sa poitrine l'offrande du destin.

Du bout du pied, il toucha le volume. Le livre était lourd mais aucune inscription ne figurait sur la couverture. La sacoche de cuir était aussi remplie comme en témoigna le léger bruit métallique qu'elle fit lorsqu'il la remua à son tour.

Utilisant cette fois la baguette souple et flexible qu'il avait ramassé tantôt, il ouvrit courageusement la couverture qui dévoila une magnifique page blanche. D'une main d'abord hésitante puis rapidement impatiente, il tourna les autres pages. Toutes vierges. Fallait-il penser que les livres étaient ici écrites avec des mots invisibles ?

Dans sa vie, il avait couvert des milliers de pages de son écriture inversée pour abriter ses secrets de la curiosité malsaine des ignorants malintentionnés. Peut-être était-ce ici la même démarche ? Mais peut-être la jeune femme, arrivée ici avant lui, aurait une réponse ? Le premier pas qu'il fit dans sa direction buta dans quelque chose. La trousse à outils avait renversé son contenu à ses pieds. Parmi une multitude de crayons, pinceaux et fusains, quelques petits ciseaux à pierre et un marteau d'honnête taille. Son pied écrasait un tube dont s'échappait un ocre vif.

Il y avait là tout ce qu'il aurait pu mettre dans son panier pour une partie de dessin de nature – le matériel de sculpture excepté – Et les feuilles de papier qui manquaient devaient constituer le mystérieux recueil immaculé. Au comble du bonheur, il laissa échapper un rire et s'assit dans l'herbe pour inventorier son trésor.

La faim qu'il avait ressenti tout à l'heure s'était évanouie. Il fallait qu'il essaie de tracer quelques esquisses... tiens, ce mégalithe étrange, ce menhir coiffé d'un drôle de chapeau, par exemple.

Il était vraiment curieux d'ailleurs. Il s'était passé tant de choses que son sens habituel de l'observation avait bizarrement négligé cet objet qui ressemblait plus à un végétal pétrifié qu'à un monument construit de la main de l'homme.

Il semblait distinguer comme une légère brume bleue autour de lui mais, s'il essayer de fixer son regard dessus, la brume se dissolvait pour se reformer à la périphérie du regard. C'était comme les brouillards de fatigue qu'il avait éprouvé dans son autre vie, lorsqu'il lui fallait fermer les yeux quelques instants pour voir plus net. Sauf qu'ici, son truc n'avait pas l'air de fonctionner.

Pendant qu'il observait l'étrange objet, ses doigts faisaient voler sur la première page du recueil des traits vifs et légers. La danse du crayon laissait s'incruster l'image qu'il avait devant lui, la silhouette féminine de l'impératrice judicieusement placée à l'endroit où elle se trouvait tout à l'heure et, bien qu'elle ne s'y trouvait plus, la mémoire de Léonardo l'avait fixé dans l'essentiel de sa posture.

Il aurait bien voulu analyser plus précisément l'objet mais la lumière commençait à baisser. Il dessinait de mémoire des arbres qui étaient déjà presque fondus dans l'ombre du soir tombant. Tout en continuant de copier l'image qu'il avait en tête plus que devant les yeux, il lança « Nous devrions tâcher de trouver un abri pour la nuit, ne croyez-vous pas ? Et peut-être un moyen de faire du feu ? »

Sans attendre la réponse, il chercha dans sa mémoire où il avait vu cet affleurement de silex. Il pourrait peut-être sacrifier un de ses ciseaux pour produire les étincelles nécessaires ?
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyVen 13 Fév - 21:07

Dire qu’elle avait été sur le point de s’évanouir était peu dire. Quelle émotion ! Voir un vœu se réaliser sous ses yeux était la chose la plus inattendue qui soit au monde hormis dans les contes pour enfant. Un long moment, Elisabeth resta inerte à contempler la paire de bottines offerte par le champignon. C’était dément !
Peu à peu elle recouvra ses sens et observa son compagnon qui griffonnait à cœur joie sur un livre épais.


*Il n’a demandé que de quoi écrire ? Il est fou…*

Lentement elle se redressa et s’approcha pour juger les esquisses de son compagnon. En traits précis, il avait reproduit le champignon, le décor, ainsi qu’elle-même dans la posture qu’elle venait d’abandonner.


*Seigneur que je suis jeune !*

Cela la réjouit tout en l’effarant. Puis vint lancée d’un ton négligé puisque l’esprit se concentrait à autre chose :

Nous devrions tâcher de trouver un abri pour la nuit, ne croyez-vous pas ? Et peut-être un moyen de faire du feu ?

Il est vrai que la luminosité décroissait. D’ici une heure, on ne verrait plus le bout de ses pieds.

Vous avez parfaitement raison mais j’aimerais me livrer à de petites expériences… avant.

Le laissant à des dessins, elle s’approcha à nouveau de l’étrange construction à laquelle elle voua une autre prière Après tout, ça avait fonctionné une fois, pourquoi pas deux, voire trois ?

Ô illustre ! Je t’implore, fasse que je sois vêtue de façon … commode.

Un ensemble de veste-pantalon à sa taille se matérialisa à ses pieds non encore chaussés.

Ô illustre, dans ton infinie bonté m’accorderas-tu un moyen d’allumer un feu et de me restaurer.

L’arrivée d’une boîte d’allumettes et un poulet plumé lui rendirent le moral.

Voyez, cher Da Vinci ! Il suffit de prier, tout est accordé. Ce soir, nous dînerons de volaille rôtie et… de ce que vous souhaiterez. Puissiez-vous réclamer de la boisson et… deux paillasses moelleuses. Nous serions alors tels des coqs en pâte.

Elle prit les vêtements octroyés et s’éloigna dans les fourrés afin de se débarrasser des nattes fibreuses qui la démangeaient.
Ne disposant d’aucun miroir pour s’admirer, elle se jugea suffisamment potable pour reparaître près de son compagnon.


Bâtissons un foyer ici même, grillons la volaille et ripaillons. Qu’en dites-vous ?

Sans trop lui laisser la réplique, Sissi fureta les alentours afin de ramener de quoi alimenter le feu prévu. Le soir tombait, elle ne distinguait pas grand-chose. Elle hurla en confondant serpent et bout de bois. Il eut plus peur qu’elle et disparut alors qu’elle continuait sa collecte de bois sec.
Ramenant sa provende, Sissi se prit les pieds dans une racine mais se moqua de sa chute. Equipée comme elle l’était à présent, même à la garçonne (chose réprouvée à son époque), entrain et optimisme étaient revenus au grand galop.
Elle aurait bien sacrifié quelques pages du bouquin de Léonardo pour faciliter l’allumage mais craignit d’offenser son compagnon par ce quasi sacrilège. Du feuillage sec remplit cet office, bientôt, un beau feu ronfla devant eux.
Embrochée d’une tige dénudée, le poulet fut soumis aux braises. Durant la cuisson, Elisabeth eut du mal à tenir sa langue :


Léonardo, l’histoire conte des propos parfois, euh, tendancieux sur vous. Serait-ce indiscret de ma part de vous demander explications ? Nous sommes entre gens du beau monde. Ma culture n’arrive pas à la cheville de votre génie. Néanmoins, je souhaiterais en connaître plus sur le vrai homme que sur celui traduit de par son travail acharné.

Elle se tut, fixant son regard sur la volaille qui dorait doucement.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyMer 4 Mar - 21:35

La jeune femme ne semblait pas du tout s'inquiéter de la situation. Elle semblait presque s'en amuser. L'idée de se mettre à l'abri ne sembla même pas remuer la moindre inquiétude en elle.

Pourtant la suggestion sembla provoquer une réaction inattendue. Dans un simulacre de cérémonie religieuse, inspiré par un sens évident du spectacle, elle lança avec emphase une requête de vêtements. Léonard ne put retenir un sourire devant cette dramatique démonstration de la coquetterie éternelle des dames qui se révélait la première de leurs préoccupations, y compris dans les circonstances les plus étranges.

Les vêtements délivrés en retour apparurent dans un étrange tremblement de l'air. Leur coupe était pour le moins étrange. Puis, lorsque la demandeuse porta à hauteur de son visage ravi une paire de haut-de-chausses au lieu de la robe que la bienséance aurait exigé, le florentin retint à grand peine un éclat de rire devant la plaisante erreur du faiseur de miracle.

Le fait de s'habiller en homme ne semblait pas la rebuter ni même la choquer. Au lieu de reformuler sa demande, elle ajouta encore un autre vœu à sa liste. Après l'extérieur, c'était le tour de l'intérieur puisqu'il fallait satisfaire cette fois l'estomac. Elle avait heureusement pensé à demander un moyen de faire du feu au lieu de demander simplement un repas cuit. Cette fois encore, la réalisation de la demande fut presque immédiate mais, à la place du conventionnel briquet de circonstance, c'est une boite aux formes droites se matérialisa aux côtés d'une volaille plumée et à la tête coupée.

D'une main experte, la jeune femme l'ouvrit, révélant à la fois sa structure interne et son contenu. Il ne s'agissait en fait que d'un tiroir de carton empli de minuscules buchettes toutes décorées à un bout par une extrémité sombre. On ne pourrait tirer d'une si faible quantité de bois qu'une minuscule flambée, pas même de quoi faire chauffer une petite fiole, pensa-t-il, sauf si ce bois chauffe avec une chaleur intense. Avant qu'il ait pu avertir sa compagne d'infortune de prendre des précautions devant cet étrange cadeau, celle-ci s'était emparé d'une des bûchettes et en avait frotté d'un geste vif le bout sombre contre le côté du tiroir. Dans une minuscule bouffée de flammes la tige de bois commença son ignition qui se transforma bientôt en une belle flamme jaune. « Je vois. Très ingénieux » pensa Léonard « Mais le nombre de ces... allume-feu est réduit, il aurait tout de même été préférable d'obtenir un briquet ». Un souffle vif et un geste sec éteignirent la flamme en même temps que se refermait la boîte.

Avec une grimace de dégout, il jeta aussi un œil sur le repas fourni. Une carcasse de poulet prête à rôtir ! Et , malheureusement, sans aucun légume pour l'accompagner. La faim qui commençait à le tirailler n'était pas si intense que cela, décida le végétarien qu'il était devenu ces dernières années. Il trouverait certainement demain quelques tubercules comestibles qu'il saurait utiliser à bon escient.

Avant de disparaître, la jeune femme lui avait demandé de réclamer boisson et couchage. Cela semblait raisonnable bien que, jusqu'à présent, toutes les demandes aient été accordées avec une note de travers, comme si celui qui accordait ses dons était pourvu d'un sens douteux de la plaisanterie.

Contrairement à son étrange compagne qui avait disparu pour revêtir son déguisement d'homme, il avait peur d'émettre un autre souhait. Même pour calmer le grondement de son estomac. Après tout, il ne savait pas s'il y avait un prix à payer pour tout cela. Par précaution, mieux valait ne pas être trop redevable si jamais le jour des comptes devait arriver !

La réapparition de la demoiselle ne se fit pas attendre, démentant le dit-on qui énonçait que le beau sexe prenait toujours le temps de soigner ses atours. Mais l'allure conquérante et le regard brillant de la pétulante ressuscitée lui fit soudain l'impression d'avoir affaire à une autre personne.

Le dessin qu'il était toujours en train de terminer dans l'obscurité grandissante montrait bien le même visage et la même expression un peu triste mais le port des épaules et la tenue du buste témoignait d'une confiance retrouvée. L'énergie qu'elle dégageait était presque palpable.

Voyant qu'il était toujours occupé à dessiner, elle ne lança aucun reproche et partit ramasser une ou deux brassée de petit bois. Il entendit à un moment un cri bref qui lui fit barrer d'un grand trait son dessin. Laissant tomber ustensile et livre, il se redressa d'un bond pour aller voir ce qui se passait, mu par un réflexe d'assistance qu'il ne se connaissait pas. Son élan fut brisé par la réapparition de la ramasseuse de bois, les bras chargés d'un beau fagot et un sourire contrit sur les lèvres.

Léonard tendit spontanément les mains pour aider au transport mais elle ne sembla même pas s'en apercevoir. Avec des gestes assurés, elle assembla un tas de feuille sèches et disposa dessus quelques brindilles. Sans un mot, Léonard s'assit à son côté et ajouta rapidement une petite structure de branchettes à la façon des feux qu'il avait allumé dans son enfance. Une nouvelle fois, le petit tiroir fut prélevé d'une nouvelle tige et le miracle de Prométhée se propagea au fragile assemblage de petit bois.

La carcasse de la volaille était déjà vidée de ses organes et c'était un soulagement car, sans instrument tranchant, ils auraient eu du mal à le faire. Ne souhaitant pas être obligé d'ouvrir le prochain gibier avec les dents, Léonard se promit de faire un inventaire complet de sa trousse à outils dès le lendemain car il avait vu un certain nombre d'outils métalliques susceptibles d'être affutés. Sans la frénésie de croquis qui s'était emparé de lui, ils auraient peut-être déjà à leur disposition un quelconque outil tranchant qui aurait facilité le travail d'embrocation qu'avait entreprit sa partenaire.

La réserve de bois disparaîtrait vite. Aussi, profitant des dernières lueurs, il laissa le travail de la cuisine et partit à la recherche de quelques bûches ou morceau de branches suffisamment massives pour leur fournir chaleur et lumière pour le reste de la nuit.

Sans outil adéquat et les pieds nus, sa récolte fut maigre et douloureuse mais il réussit à briser quelques branches mortes et encore utilisables sur un vieux tronc qui gisait non loin de là et qu'il avait découvert d'un impact d'orteil.

Finalement, le froid et la fatigue le ramenèrent s'installer près du feu où le rôtissage commençait à émettre des odeurs envahissantes. A sa grande honte, il sentit sa salive se mettre à couler dans sa bouche. Cherchant des prétextes pour mettre de côté ses résolutions de végétarien, il décida que son respect de la nature devait commencer par lui-même, après tout, il était une création de Dieu au même titre que tout le reste.

Assis près du feu, n'ayant rien d'autre à faire qu'attendre que la volaille soit suffisamment cuite, il pouvait se laisser aller aux réflexions. Le jus de cuisson gouttait dans les braises en lançant de joyeux grésillements. La jeune femme attaqua soudain :

« Léonardo, l’histoire conte des propos parfois, euh, tendancieux sur vous. Serait-ce indiscret de ma part de vous demander explications ? Nous sommes entre gens du beau monde. Ma culture n’arrive pas à la cheville de votre génie. Néanmoins, je souhaiterais en connaître plus sur le vrai homme que sur celui traduit de par son travail acharné. »

Un peu effaré par l'effronterie du préambule, l'intéressé hésita à rabrouer celle qui lui jetait un regard innocent. Consterné que les rumeurs que les envieux faisaient courir sur lui se soient manifestement répandu sur l'Europe, il décida de faire comme s'il n'avait pas entendu la pique. Le roseau est bien avisé de courber l'échine quand souffle la bourrasque tandis que l'olivier se brise. Cette fable d' Esope lui était si familière qu'il n'eut pas de mal à la mettre encore une fois en pratique. Pour le reste, une petite mise au point s'imposait.

« Madame, cela fait plusieurs fois que vous m'attribuez le qualificatif de génie mais, bien que flatté par cette forme d'éloge, je ne puis que décliner cette élévation. Voyez-vous, je ne suis qu'un simple observateur de la nature et ne fais que m'inspirer des merveilles de la création que je tente bien maladroitement de détourner à notre usage.
L'époque des véritables génies, comme Archimède, est bien révolue car la plupart de ce qui pouvait être découvert par l'intelligence humaine l'a déjà été, que ce soit par eux, les véritables lumières qui ont guidé l'humanité ou par d'autres dont le nom est resté dans l'obscurité.

Les seules terres qui recèlent des espaces encore inconnus sont les mathématiques mais je n'y excelle point, à mon grand désarroi, malgré l'application que je prend à les utiliser dans mes réalisations »


La jeune femme ouvrit la bouche comme pour rétorquer mais Léonard n'en avait pas encore fini.

« Je pense qu'on a du vous présenter mes travaux sous un jour flatteur mais, si je devais résumer mon œuvre, je dirais que c'est celle d'un modeste ingénieur militaire qui s'intéresse un peu aux arts. Le divin créateur m'a doté de quelques talents pour cela et, bien que surpassé par d'autres, j'ai pu attirer sur moi l'attention de quelques protecteurs. D'ailleurs, en tant que membre d'une famille royale, vous devez connaître le dernier qui m'a fait don de son amitié, à savoir le valeureux François, le roi de France ? »

Sa dernière tirade l'avait entrainé sur des terrains qu'il avait voulu éviter mais maintenant, il ne pouvait plus faire machine arrière. Puisqu'elle n'avait pas pris de gant, il se décida à lancer la question qui lui trottait dans la tête depuis leur rencontre.

« Voyez-vous, je suis assez familier des noms de familles royales et ai eu l'occasion de croiser nombre de leur représentants en France ou à la cour des Borgia. Pourtant votre nom de famille ne m'est pas familier et, excusez ma curiosité, mais je n'ai jamais vu non plus de princesse qui se comportait comme vous le fîtes tantôt. Je ne voudrais pas que vous vous vexassiez mais si vous empruntâtes ce titre pour qu'il vous soit d'une protection quelconque, soyez rassurée sur mon compte et interrompez céans cette dangereuse imposture. Car si nous sommes encore sur Terre, les crimes de lèse-majesté sont punis par décapitation dans la plupart des contrées. »

Le sourire de la jeune femme avait disparu mais, au lieu de la peur qu'il s'attendait à voir apparaître, le regard courroucé qu'elle lui jeta lui fit reprendre.

« Soyez rassuré sur mon compte, Madame. Je sais me taire et ne trahirai pas votre secret, quel qu'il soit. Si vous ne souhaitez pas me le confier, je saurais en prendre mon parti mais j'aurai aimé que nos relations soient établies avec sincérité afin que la confiance soit totale car j'ai l'impression que nos épreuves sont très loin d'être terminées »


Baissant le regard sur ses mains, il aperçu son cahier sur lequel étaient griffonnées des ébauches de cabanes exploitant astucieusement les branches des grands arbres qu'on pouvait encore voir à la lisière de la zone éclairée. Un élévateur hydraulique partiellement dessiné dans la marge et des notes prises de la main gauche pendant que la droite dessinait venait finir de couvrir la surface.

Tout en ramassant le livre, il jeta un œil à la dérobée sur la cuisinière dont l'expression était difficilement déchiffrable sous cette lumière tremblotante. Un instant, il cru voir couler une larme. Mais l'instant d'après, elle avait l'air de chercher une réponse particulièrement mordante. Léonard, regrettant son énorme manque de tact, chercha à détendre l'atmosphère.

« Je gouterai bien une cuisse de ce volatile avant qu'il ne s'échappe en fumée, vous savez ? »
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptySam 7 Mar - 23:10

C’était vraiment magique que de rajeunir et d’obtenir ce que l’on voulait auprès des déités du lieu. Leur nature importait peu à Sissi. Pas de pape pour l’excommunier en cas de parjure, elle se sentait l’âme tranquille et profitait des bienfaits accordés.
Son compagnon avait voulu aider au feu, elle en eut un sourire de reconnaissance. La volaille proprement embrochée rôtissait doucement dans des odeurs suaves à faire saliver n’importe qui d’affamé.
Un peu déçue que son compagnon n’ait rien demandé au champignon, ce qu’elle reçut comme discours lui fit froncer les sourcils. Il se disait familier des noms de nobles illustres et – le cuistre – osait prétendre qu’elle usurpait son titre.


« Voyez-vous, je suis assez familier des noms de familles royales et ai eu l'occasion de croiser nombre de leur représentants en France ou à la cour des Borgia. Pourtant votre nom de famille ne m'est pas familier et, excusez ma curiosité, mais je n'ai jamais vu non plus de princesse qui se comportait comme vous le fîtes tantôt. Je ne voudrais pas que vous vous vexassiez mais si vous empruntâtes ce titre pour qu'il vous soit d'une protection quelconque, soyez rassurée sur mon compte et interrompez céans cette dangereuse imposture. Car si nous sommes encore sur Terre, les crimes de lèse-majesté sont punis par décapitation dans la plupart des contrées. »

Elle bondit sur ses pieds, furieuse :

Imposture ? Crime de lèse-majesté ? Monsieur vous m’offensez.

L’autre fit comme si sa réaction n’avait aucun écho et poursuivi du même ton docte :

« Soyez rassuré sur mon compte, Madame. Je sais me taire et ne trahirai pas votre secret, quel qu'il soit. Si vous ne souhaitez pas me le confier, je saurais en prendre mon parti mais j'aurai aimé que nos relations soient établies avec sincérité afin que la confiance soit totale car j'ai l'impression que nos épreuves sont très loin d'être terminées

Passé ce premier mouvement outré, Sissi tergiversa quelque peu avec la réplique cinglante dont elle voulait fustiger ce… goujat. Puis le rire prit le dessus. Elle se rassit, mi-hilare mi-outrée, tandis que l’autre réclamait une cuisse de la volaille :

Si je n’étais pas si bien élevée, cette cuisse je vous l’enfoncerais au bout du gosier, histoire de vous étouffer avec vos énormités. JE SUIS IMPERATRICE D’Autriche… ou du moins je l’étais.
Comment diable pourriez-vous connaître mes ancêtres ? Vous êtes mort en 1519 et moi née en 1837. Vous désirez mon arbre généalogique ? Eh bien allons-y. Je suis une wittelsbach qui est une famille souveraine d'Allemagne méridionale, l'une des plus anciennes et des plus puissantes qui régnèrent sur la Bavière et sur le Palatinat. Famille princière, issue d'Othon Ier de Scheyern, comte palatin de Bavière, acquéreur du château de Wittelsbach en 1124. Ma famille est une branche de la maison de Babenberg.
Ça vous suffit ou vous en voulez encore ?
Euh pas du poulet mais de leçon d’histoire ?


Elle se rendait compte qu’elle avait flambé mieux que le foyer allumé mais se voir traitée d’imposteur ne l’agréait guère. Tout en tempêtant, elle la lui avait découpée cette volaille, se servant au passage.


Pour votre gouverne, la Terre a tourné et les mœurs évoluées depuis votre mort. Les princesses ni les impératrices ne sont plus des poupées de vitrine. On a essayé de m’y enfermer ; je m’en suis échappée, à ma façon. J’en suis redevable à mon papili qui a toujours été conciliant avec mes excentricités en m’en conférant beaucoup des siennes. Et tant pis si ça ne vous plaît pas.

Un coup de dents bravache mordit l’autre cuisse du poulet qu’elle trouvait trop fade.

Vous auriez pu demander du sel mais, oh, suis-je bête, j’ai omis que vous étiez végétarien. Ne bougez pas votre auguste personne : je m’en charge, telle la soubrette que vous supposez que je sois.

Bouillante d’énervement, elle retourna vers la construction bizarre qui lui accorda aussitôt sa requête. Un plat de carottes et navets cuits en main, elle le fourra dans celles de Léonardo.

Bon appétit. Croyez ce que vous voulez, je n’ai jamais menti.

Là, sa voix se brisa. Elle haussa les épaules et se chercha un coin pour couver son chagrin. Cet idiot n’avait même pas réclamé les paillasses désirées… elle était trop fatiguée et déçue pour y retourner. Le sable était doux après tout. Elle s’y nicha et… pleura.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyDim 12 Avr - 19:16

La lueur de l'aube balaya enfin l'obscurité de cette sinistre nuit.

La soirée avait été pour le moins désastreuse. Léonardo avait encore une fois commit le pêché de franchise et le coût de sa stupidité pouvait être aussi élevé que la perte de sa seule alliée dans un monde inconnu et potentiellement hostile.

Malgré les longues conversations avec son ami Nicolas, il avait encore oublié que, dans le monde des humains, les apparences sont plus importantes que les vérités profondes et ses propos avaient déclenché une vague d'hostilité.

La violence de la réponse l'avait d'ailleurs prit de court et il avait subit le courroux de la jeune furie sans dire un mot. Peu de temps après avoir déversé son ire, elle avait eu une réaction irrationnelle en lui apportant un repas au lieu de le chasser loin d'elle puis s'était allongée de l'autre côté du feu en prenant soin de lui tourner le dos. De légers soubresauts peut-être du à des sanglots réprimés la parcoururent mais, au bout de quelques minutes, l'immobilisme et la respiration calme de la jeune femme indiquèrent clairement que, soit elle s'était endormie, soit elle simulait pour couper court à des excuses tardives.

Ce répit permit au florentin de réfléchir quelques temps. Il n'avait d'ailleurs plus sommeil. Alimentant le feu pour laisser la flamme dispenser sa lumière et sa chaleur mais ménageant les combustibles pour que sa maigre réserve puisse tenir jusqu'au matin, Léonard récapitula son étrange journée.

Le matin même, il était... absent. Il ne trouvait pas d'autre terme pour décrire sa situation puisqu'il n'était pas présent sur cette Terre. De fait, avant son apparition sur la plage, son précédent souvenir était sa chambre mortuaire, dans le château d'enfance de François, son ami royal. Il crut même se rappeler que, lorsqu'il avait senti son cœur s'arrêter pour ne plus repartir, sa dernière pensée avait été * Finalement ce n'est pas si douloureux * puis une vague noire l'avait submergé.

Entre ce dernier souvenir et son réveil étrange, combien de temps s'étaient écoulé ? S'il fallait en croire les dires de cette Eugénie -son prénom venait se surgir spontanément du fond de sa mémoire après qu'il l'eut cherché en vain toute la journée- S'il fallait en croire ses dires, cette prétendue impératrice serait née plus de 3 siècles après sa mort. Et elle avait vécu sa vie entière avant de renaître elle aussi. Combien de siècles s'étaient écoulés ensuite après sa mort ? trois ? trente ? Trois mille ? Se pourrait-il qu'ils soient arrivés à la fin des temps où tous les morts se réveillent ?

Et ce champignon, serait-ce comme la pomme du jardin d'Eden ? Une fatale tentation mise en évidence pour faire chuter les pêcheurs ? Il étudia un instant le parallèle biblique... Finalement, le fait qu'aucune interdiction n'ait été prononcée le rassura quelque peu. Il avait été à deux doigts de jeter son matériel au feu. La résolution de ne pas solliciter sans réelle urgence le phallus minéral – la forme générale pouvant permettre plusieurs interprétations, et le phallus, source de vie, lui paru soudainement une comparaison appropriée bien que grotesque -

La lune fit son parcours habituel dans le ciel et allait disparaître à l'horizon quand Léonard remarqua sa présence rassurante. Cette image connue le ramenait dans la campagne de son enfance où il passait des heures à la fenêtre de sa chambre à observer le ciel nocturne. Il pouvait presque se sentir chez lui. Un papillon nocturne s'enflamma soudain pour s'être trop approché des flammes, ramenant le rêveur dans le présent.

Il devait se réassurer ses alliances (C'était comme si Nicolas lui parlait au creux de l'oreille) Aussi détacha-t-il de son bloc une feuille de papier où il écrivit ceci.

« Madame, je ne saurai décrire dans quel abîme de confusion votre juste colère m'a plongé.
Je n'imaginais pas que vous fussiez d'une autre époque que la mienne et avais interprété votre contenance avec une honteuse ignorance.

Jamais il ne me serait venu à l'esprit de vouloir vous offenser, que vous fussiez d'un noble lignage ou non mais que vous fussiez de sang royal me rempli d'effroi.

Je ne sais si les crimes de lèse-majesté contre lesquels je vous mettais en garde sont encore punis de mort aujourd'hui mais je vous assure que c'est en toute innocence que j'aurai commis celui de douter de votre rang.

Je ne puis que vous offrir de me racheter en vous offrant mes services afin d'obtenir votre pardon. »


Après quelques instants de réflexion, il ajouta encore :

« Ne vous effrayez pas si vous vous réveillez seule, je ne vous ai pas abandonné, je suis simplement parti à la recherche de nourriture et d'un abri. Je serai de retour sous peu.

Je voulais aussi porter à votre connaissance que nous ne savons pas si l'usage des vœux est sans conséquence et qu'il serait prudent d'en limiter l'usage tant que ce point n'est pas élucidé.

Votre serviteur respectueux,
Léonardo da Vinci »


Après une rapide relecture, il hésita un instant puis, se levant avec une souplesse dont il avait perdu l'usage depuis longtemps coinça le billet dans la fourche d'une branche qu'il planta dans le sol au pied de l'impératrice – qu'il avait encore du mal à la qualifier ainsi -

Après une seconde de réflexion, il fixa une autre branche à l'horizontale dans la fourche et l'orienta vers l'Est, tel un panneau indicateur et partit dans cette direction.

Le crépitement des dernières braises fut le seul bruit pendant quelques minutes puis un bruit s'approcha de la dormeuse.

Léonardo déboucha d'un buisson pour s'approcher de son assemblage, détacha la branche indicatrice de sa direction et la jeta au feu. * inutile qu'elle essaye de me suivre, cela ne ferait que compliquer la tâche de la retrouver * songea-t-il avant de se redresser et de repartir.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyMer 15 Avr - 1:10

Vaincue par la fatigue de cette extraordinaire journée si riche en événements, ses larmes taries, Elisabeth s’endormit profondément. Dormir à la belle étoile n’était pas dans ses habitudes passées, peut-être seraient-elles celles de son futur. Comment avait-elle gagné ce paradis ? Car, aucun doute ne l’habitait. Pour rencontrer un personnage décédé depuis si longtemps, c’est donc qu’elle aussi l’était. Aucun souvenir de sa mort ne la hantait, ni souffrance… rien. Son sommeil ne fut dérangé ni par une bête quelconque, ni par son étrange compagnon.
Au petit jour, quelque chose la gêna ; une sorte d’irritation sur les mollets. Ces pantalons étaient moins confortables que ceux portés sous ses robes d’antan mais de là à gratter de la sorte… Inquiète soudain, elle se redressa et n’eut d’autre recours que d’ôter ses chaussures et le vêtement afin de voir ses jambes nues. Horreur ! Des fourmis ou bestioles apparentées, grasses et noires, grimpaient à l’assaut de son anatomie. Sissi décampa de sa couche improvisée, en sautillant et frottant ses tibias. Elle fit tomber une fourche de bois plantée près d’elle mais ne s’en soucia pas, pas plus que du feuillet qui glissait au loin, emporté au gré de la brise. Un peu déboussolée par ce réveil en fanfare, l’ex-impératrice secoua les pantalons tout en constatant… sa solitude. Consternée, les épaules lui en tombèrent.


Monsieur se serait-il vexé d’être remis à l’ordre ? murmura-t-elle cynique.

C’est alors qu’elle remarqua la fourche qui, selon sa mémoire, n’était pas là la veille.

*Aurait-il voulu m’indiquer un chemin ? M’a-t-il au moins laissé un mot ?*

L’œil rivé au sol, elle eut beau chercher, elle ne trouva rien. D’abord boudeuse, elle s’assit près du feu qu’elle ranima de quelques branches.
Toutes sortes d’idées lui traversèrent l’esprit sans qu’aucune n’arrive à la satisfaire :


*Il t’a plantée là parce que tu es trop violente. Il va revenir… c’est un être civilisé. Il n’abandonnerait pas une faible femme dans de telles conditions de précarité, ni… son bloc à dessins. Peut-être en a-t-il simplement eu assez de te supporter…*


Le temps s’écoula sans apporter de signes de vie. Comme hypnotisée par les flammes, repliée en elle-même, Sissi ne réalisa pas de suite les borborygmes émis par son estomac affamé. Une crampe plus sévère la rappela à la réalité. Point de restes de volaille ; tout avait été sucé et la carcasse mise au feu. Il n’y avait pas d’alternative, elle devait à nouveau faire amende honorable au champignon. Révérencieuse, elle trotta jusqu’au géant dressé à quelques mètres. Au passage d’un taillis, elle cueillit une sorte de fleur étrange qu’elle déposa en offrande contre un des piliers. Si les salamalecs étaient peut-être inutiles, tant pis. Mieux valait ne pas froisser la déité du lieu. Aussi pria-t-elle timidement :

Ô souveraine présence, accorde à ta dévote servante de quoi subsister en ce jour.

Saperlipopette ! La fleur disparut et fut remplacée par… un fameux repas : pain, eau, beurre, poissons vidés, large potée de légumes divers.

Mer… Merci, balbutia Sissi soufflée par tant de générosité. Pas à dire, elle avait de quoi tenir deux, voire trois jours en se rationnant.

Une idée la fit sourire. Elle, qui avait eu des tendances anorexiques, se voyait pourtant bien en train de dévorer la majorité des mets de suite.
Pourtant, il fallait sans doute mieux économiser les dons de cette chose étrange. Les largesses du champignon pouvaient se tarir subitement…


*Je vais frire les poissons pour qu’ils se conservent plus facilement. J’emballerai le pain dans… des feuilles.*

Son appétit se satisfit vite. La cuisine lui occupa ensuite l’esprit. L’absence de son compagnon se faisait cruellement ressentir. Que faire ? Attendre jusqu’à… la nuit des temps un éventuel retour ? Partir de cet endroit où la manne tombait à la première prière ? Aucune de ces possibilités ne l’agréait. Autant explorer les environs dans un périmètre raisonnable qui lui permettrait de rentrer au campement avant la nuit.
Elle rassembla les provisions, en laissant une large part sous un tas de pierres assemblées patiemment. Avisant le bloc de papier laissé par Léonardo, elle s’empara d’un fusain et gribouilla :


Monsieur, je ne vous en veux point.

Votre désertion sans explication me navre. Pardonnez mon éclat du soir, vous m’aviez vexée, il est vrai. Sans nouvelles de vous, je me dois de fouiller notre environnement. Je rentrerai avant le coucher du soleil si Dieu, dans sa souveraine bonté, daigne qu’il en soit ainsi.
Vous trouverez de quoi vous sustenter sous ce cairn bâti de mes blanches mains. A tout à l’heure mon cher ou… Adieu.

Votre humble impératrice, Elisabeth d’Autriche.


Elle relut, ne trouva rien à ajouter (un vous me manquez lui sembla déplacé)
Soulevant la pierre du sommet du tas, elle posa le papier qu’elle coinça tout en le laissant déborder assez largement pour être visible. Verra, verra pas ? Advienne que pourra.
Son petit paquetage sous le bras, Sissi n’étouffa pas le feu, au contraire. Elle l’alimenta au mieux puis, résolue, se dirigea vers les fourrés jugés à l’Est selon le soleil.
Ses longues randonnées à travers bois en chassant avec son père lui avaient donné un sens aiguisé de la traque. Petit cœur, elle s’arrangeait souvent pour faire fuir le gibier avant les coups de fusil meurtrier. Un éternuement intempestif, un éclat de rire, que de lièvres lui devaient la vie ! Ici, il fallait ouvrir grand les pavillons car, elle n’en doutait pas, le gibier serait peut-être elle cette fois.
Se déplaçant avec précaution, elle avança vaillamment dans les fourrés. Bien pratiques ces chaussures et ces pantalons. Le manque de couteau l’ennuyait. Dans son attirail de pêche, elle disposait toujours d’un canif adapté à ôter l’hameçon. Maintenant…
Des insectes bourdonnaient, quelques oiseaux parcouraient le ciel. La faune n’était pas très abondante, ce n’était pas plus mal.
Au bout de ce qu’elle estima être une heure de marche, enfin un changement se produisit. Un bruit frappa ses tympans, elle l’identifia aussitôt :


De l’eau ! Une cascade !

Joyeuse, elle galopa dans la direction où le son s’intensifiait. Ecartant la végétation, elle put distinguer le plus beau saut qu’elle eût vu. Dévalant une hauteur de plus de trente mètres, une eau claire jaillissait dans un irisement de couleurs projetant des milliers de gouttelettes en un arc-en-ciel sublime. Un gentil lac s’étalait sous le torrent ; il n’attendait qu’elle.
Les vêtements valsèrent. Un plongeon gracieux s’en suivit. C’était froid mais sain. La propreté n’a pas de prix après tant de sueurs depuis la veille. Bien sûr, il ne fallait pas risquer l’hypothermie. Elle fit quelques brasses et ablutions puis revint sur la berge s’y allonger au soleil qui la sécha. Vêtue, elle s’assit en contemplant longuement les flots, tout en grignotant le quignon de pain. Une douce torpeur l’envahit.
Lorsqu’elle ouvrit les paupières, le soleil déclinait. La panique s’empara d’elle :


*Idiote ! Dormir si longtemps ! Comment rentrer à présent ?*

Vite, elle reprit ses affaires, et rebroussa chemin aussi rapide que possible. Avec l’obscurité naissante, elle éprouvait des difficultés à remettre ses pas dans les siens. Combien de fois s’étala-t-elle ? Elle ne les compta pas. Au bout d’un temps interminable, elle s’effondra, perdue.

LEONARDOOOOOOOOO ! hurla-t-elle à la nuit.

Un craquement proche faillit faire défaillir son cœur affolé.
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyLun 20 Avr - 20:09

Les alentours du camp s'étant confirmé comme pauvres en ressources alimentaires, Léonardo s'était éloigné bien plus qu'il n'en avait eu l'intention.

Si sa cueillette était si maigre, c'est aussi parce qu'il n'osait pas récolter des végétaux inconnus or, ici, sa connaissance pourtant solide des plantes ne lui était quasiment d'aucun secours, nouvelle preuve que cet « ici » était bel et bien une terre aussi étrange qu'étrangère.

Il avait vu pas mal d'oiseaux et même certains en train de becqueter une espèce de fruit jaune qui poussait en abondance dans les branches hautes. L'ascension du tronc rugueux avec des pieds nus ne l'enchantait guère mais ce ne fut pas la véritable raison qui le fit renoncer à cet exercice.
En effet, il savait qu'on pouvait manger à peu près sans risque tout ce que consommait les mammifères mais les oiseaux, eux, pouvait ingérer des substances parfaitement toxiques à l'homme. Tant qu'il n'aurait pas vu d'animaux poilus manger des fruits tombés au sol, il s'abstiendrait d'y toucher. Le seul inconvénient de son raisonnement, c'était qu'il fallait trouver ces mammifères et pour l'instant il n'en avait vu aucun.

Même si quelques traces de rongeurs de taille moyenne était discernables par endroit, cela n'indiquait aucunement de quelles feuilles, racines ou baies ils s'étaient régalés.

Une embuscade pour tenter de surprendre un de ces animaux lui avait fait perdre plus d'une heure avant qu'il décide un changement de tactique.

La recherche d'un point d'eau était une méthode plus efficace. Outre le fait qu'elle permettrait un approvisionnement vital, l'observation des abords boueux donnait des indications sur la faune locale, en particulier sur les espèces prédatrices. Le climat lui laissait à penser qu'il pouvait fort bien se trouver en Afrique où les fauves et les reptiles ainsi que tous les animaux dépassant une certaine taille étaient des dangers hérissés de cornes, de dents et de griffes mortelles.

Son expédition s'arrêta près d'une faible dépression de terrain que le fleuve avait comblé d'un lac peu profond par l'intermédiaire d'un petit canal boueux.

Au loin, la surface du fleuve brillait et il crut apercevoir un énorme dos brillant qui souleva quelques instant la surface. Peu après, le même phénomène se reproduisit quelques dizaines de mètres plus loin. Vu sa taille, il s'agissait certainement d'un « éléphant », une de ces énormes et dangereuses bêtes dont la gueule était hérissée de dents monstrueuses. La faible profondeur du lac garantissait au moins l'absence de ces effroyables bêtes toutes droit sorties d'un cauchemar de dément.

S'il n'y avait pas de serpents cachés dans les roseaux, l'endroit ne semblait pas dangereux et même propice à une partie de pêche.

Avant de partir en expédition, il avait fait un rapide inventaire de son outillage providentiel et trouvé un petit scalpel semblable à celui qu'il usait jadis pour affiner ses crayons. L'instrument était fragile mais pouvait quand même infliger des blessures sérieuses à un agresseur. Il avait donc planté le bout pointu dans un morceau d'écorce avant de se le fixer à sa ceinture. Depuis lors, il avait oublié sa présence mais maintenant, son tranchant lui permit une rapide récolte de lianes fines et souples autant que résistantes.

Deux ou trois essais furent nécessaires pour confectionner une espèce de nasse suffisamment résistante. Une longue corde improvisée complétait le tout.

La première fois qu'il la jeta dans l'eau, la nasse flotta bêtement à la surface au lieu de couler comme il l'aurait voulu. Rapidement ramenée à la berge puis lestée, elle ramena la fois suivante une lourde cargaison de vase.

Il fallut quelques tentatives pour déterminer la quantité de lest idéal et la façon de le fixer sans le perdre au moment du jeté.

La méthode aurait surement été plus efficace avec un appât au fond de la nasse mais il n'avait rien qui pouvait en faire office. Seule la patience et la chance pouvaient lui permettre de ne pas rentrer bredouille.
Après quelques heures passées à lancer son panier à l'eau, Léonardo n'en pouvait plus. Il allait abandonner quand il sentit dans sa ligne des secousses inhabituelles. Ramenant aussi vite qu'il l'osait son piège à poisson, il poussa un cri de victoire quand la nasse émergea, un petit poisson essayant désespérément de passer sa tête coincée dans les trous du grossier tressage.

Oubliant son respect des êtres vivants, c'est avec une joie féroce que Léonardo jeta sur la rive sa proie puis lui trancha la tête.

Piquée sur un bâton et fixée solidement au fond de la nasse, celle-ci fut tout de suite recyclée comme appât.

Fût-ce celle-ci qui fit merveille ou bien avait-il attrapé le coup ? Toujours est-il que l'heure suivante lui permit de remporter quatre nouvelles victoires, les têtes et les viscères des nouvelles prises prenant leur tour comme gourmandise pour attirer les candidats.

Il s'aperçut alors que la majeure partie de la journée était passée et que le soleil était déjà dans sa phase déclinante. Heureusement, les repères qu'il avait pris lui permirent un retour rapide au camp.

L'emplacement était désert. Le feu était mort. Les bruits habituels de la forêt qui se taisent en présence des hommes ne se turent qu'à son arrivée, signe que le camp était abandonné depuis déjà un certain temps.

Jetant les poissons au sol, il approcha sa main des cendres. Une faible chaleur se dégageait encore d'un reste calciné d'une grosse bûche. Jetant une poignée d'herbe sèche dessus, il souffla doucement, soulevant un nuage de cendre qui le fit tousser. Après plusieurs tentatives, un reste de braise dissimulé se raviva suffisamment pour enflammer brusquement les herbes.

Le départ de feu faillit se propager à sa chevelure mais il retira sa tête à temps et ajouta rapidement quelques feuilles puis des brindilles. Quelques branchettes purent maintenir les flammes le temps qu'il quitte les parages immédiat pour réunir le reste de bois.

Pestant contre la disparition de l'écervelée qui avait abandonné le camp sans alimenter cet élément essentiel à leur survie, il remarqua alors qu'elle avait laissé sous une pierre la petite boite d'allume-feu...

Tout en continuant à maugréer, il accomplit sa corvée de ramassage de bois, alimenta le brasier pour une bonne flambée. Il arrangea ensuite de grosses pierres autour du feu pour maintenir les braises et concentrer la chaleur.

En sueur après cet exercice, il s'installa pour écailler grossièrement sa pêche qu'il enfila ensuite sur de fines baguettes souples. Disposés ensuite près des flammes pour une cuisson douce, les poissons ne tardèrent pas à entamer leur premier et dernier chant grésillant.

Il avait aussi ramené quelques silex et pas mal de lianes dans son panier de pêche. Le temps que les poissons cuisent, il s'essaya à la confection d'un couteau de pierre, à la façon des hommes préhistoriques.

Le résultat fut loin de ce qu'il avait espéré. La provision de silex épuisée, dans tous les débris pierreux qu'il avait obtenu, un éclat au moins avait un bord suffisamment tranchant pour qu'il économise un peu le fil de son précieux scalpel.

Il s'attaqua alors à la confection de couches plus confortables pour la nuit prochaine. Sa compagne ne donnait toujours aucun signe de retour. Il réalisa malgré tout en double exemplaire un cadre de bois sur lequel il tressa une triple épaisseur de feuilles palmées dont la cueillette lui avait permit d'éprouver le tranchant de son nouvel instrument.

Il regarda d'un œil critique son œuvre. Sans être luxueuse, leur prochaine nuit serait sûrement un peu plus confortable. Après avoir retourné les poissons, il planta des petites baguettes aux quatre coins de chaque cadre. Après avoir relevé ces cadres, il planta dans le sol de solides piquets et y fixa fermement les carcasses de lit. De cette façon, ils seraient à l'abri de l'humidité et peut-être aussi des insectes rampants et des serpents.

Les poissons émettaient un signal olfactif qui semblait crier « à table ! »
Si la jeune femme était dans les parages dans la direction du vent, elle ne tarderait pas à revenir. Si, à sa place, d'autres humains s'amenaient, il pourrait même leur offrir l'hospitalité d'un ou deux poissons. Seule manquait la boisson... Ce nouveau problème serait sa préoccupation du lendemain.

Pendant que le repas refroidissait doucement sous une couverture de large feuille qui agissait comme un couvercle, il commença à réaliser une machine à signaler sa présence...

Il en avait eu l'idée tantôt en voyant une certaine plante pourvue de feuilles d'une largeur impressionnante. Il en avait ramené une large provision. Il coupa d'abord un certaine nombre de feuilles dans une forme de grand triangle. Une fine racine permit de les coudre vaguement bord à bord et d'assembler le tout dans une forme circulaire. L'ensemble des pointes réunies au centre furent liée à la longue tige rigide d'un de ces gigantesques roseaux qui poussaient près de son lieu de pêche et dont il avait aussi ramené les exemplaires les plus remarquables.

Secouant d'avant en arrière la tige, il éprouva la solidité de la fixation ainsi que la résistance qu'offrait la membrane circulaire lorsque l'air s'engouffrait dedans. Il resserra ensuite les liens et fixa la base du cône ainsi formé à la hampe de sa lance.

Il avait ainsi un projectile pourvu d'un chapeau flexible qui se fermait lorsque l'ensemble allait vers l'  « avant » et s'ouvrait pour freiner lorsque le système partait en sens inverse.

Satisfait du résultat, il posa le tout au sol et le lança dans une série de moulinets du bras. L'échauffement terminé, il ramassa son projectile bizarre et mima lentement le mouvement du lanceur de javelot.

Il prit alors un bref élan et, de toute ses forces, expédia son assemblage à la verticale en poussant un grand cri. Le tout se ficha dans la frondaison d'un arbre. Un juron ponctua l'exploit. Il avait visé le large espace libre juste à côté.

Certes dépité de son mauvais lancer mais néanmoins satisfait que le système soit resté entier, il se dépêcha d'en fabriquer trois autres sur le même modèle pendant que le jour commençait à décliner doucement.

Sur les trois tentatives qui s'enchaînèrent rapidement, deux réussirent à dépasser le sommet des arbres et flottèrent un instant avant et retomber doucement, en dérivant sous la brise légère du soir, tels des petits arbres symboliques qu'on aurait accroché dans le ciel.

Le signal ne restait malgré tout pas suffisamment longtemps en l'air pour permettre un signalement efficace de sa position. Ce serait plus efficace avec un système d'éclairage mais il devait bien admettre qu'expédier une torche dans les airs pour qu'elle retombe aveuglément au beau milieu d'une forêt était une très mauvaise idée....

Il commençait à se faire du souci pour la jeune impératrice... La nuit approchait à grand pas et elle avait laissé son moyen de faire du feu. Impossible qu'elle l'ait abandonné sciemment. D'autre part, le champignon minéral exerçait un attrait visible sur elle. Il lui était peut-être arrivé quelque chose ?

Cette idée le fit frissonner. Il n'avait entendu aucun cri mais elle gisait peut-être non loin, inconsciente. Son inquiétude grandissait au même rythme que l'obscurité.

Il se décida à faire une expédition dans le périmètre immédiat. Avec une grosse brassée de bois, les flammes du feu montèrent rapidement, projetant une vive lumière facilement repérable. Il vérifia rapidement l'absence de risque d'incendie puis fixa deux petits fagots au bout de deux solides branches.

Une de ses torches à la ceinture, l'autre allumée au dessus de sa tête, un solide pieu épointé dans l'autre main, il s'enfonça dans les bois en criant à intervalle régulier : « Madame ? Où êtes-vous ? »
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MessageSujet: Re: Nouveaux horizons, nouvelles perspectives   Nouveaux horizons, nouvelles perspectives EmptyJeu 23 Avr - 22:03

Longtemps elle avait erré en se traitant d’idiote sans parvenir à retrouver son chemin. Dormir avait été sa plus grande erreur. En plein jour, elle était certaine de ne pas se tromper car elle possédait un sens inné de l’orientation. Maintenant…
Genoux et paumes écorchés des chutes à répétition, elle en aurait pleuré de dépit. A part courir le risque de se faire dévorer crue en restant sur place, elle devait se trouver un abri. Le craquement qui la surprit se révéla être produit non par un sauveur mais par une sorte de lapin. L’animal sembla la flairer assis sur ses postérieures puis détala en bonds souples. Son estomac émis un gargouillis singulier. Si sa soif avait été étanchée à la cascade, la faim la tenaillait à présent. D’autant que, si elle humait bien le vent…


*Poisson grillé… Qui peut bien faire cuire du poisson ?*

Ami ou ennemi ? Peu importait, elle prendrait ses précautions aux abords du feu qui émettait ces relents tentateurs.
Lentement, elle se redressa et tenta de se diriger à l’odeur. Tout alla bien pendant un moment puis, le vent changea la laissant encore plus désorientée qu’avant. Pleurer ne servirait à rien, aussi se retint-elle. Abattue, elle se résolut à chercher une solution de protection.
Les arbres de cette forêt pourraient peut-être lui servir de nid ? Escalader en ne voyant quasi rien ne la tenta pas.
Le moral à zéro, plantée sur place, elle crut divaguer en entendant un faible appel.


*Serait-ce possible ?*

Attentive, elle ouvrit grand les oreilles. A sa plus grande joie, le son se répéta plus distinct.

*Madame… madame…*

Par Iciiiiiiii !! cria-t-elle.

D’échos en échos, ils se rapprochèrent. Entrevoyant une lueur, Sissi sut que Léonardo portait une torche et avançait à sa rencontre.

Loué soit Dieu ! s’écria-t-elle en apercevant Da Vinci.

Pour un peu, débordante de gratitude, elle l’aurait étreint. Ce premier élan fut freiné à cause de la rigueur imposée par sa belle-mère qui ne tolérait pas les démonstrations hors cercle familial, et encore. Elle se contenta donc de lui serrer fortement l’avant-bras :

Vous ne m’aviez donc pas abandonnée ? Vous me cherchiez ? Soyez-en remercié.

Léonardo ne s’était pas égaré, lui. Sans faillir il les reconduisit au campement où une belle flambée les attendait. Son œil ne rata pas les nouvelles dispositions des lieux. Emue, elle le remercia :

Votre ingéniosité n’est pas démentie par votre labeur de ce jour, dirait-on. Vos couchages sont très réussis. Dormir par terre ne me dérangeait pas sauf que j’ai failli être dévorée vive par des insectes. Vous avez pêché quelque chose, n’est-il pas ? De là où j’étais j’ai remarqué un fumet délicieux.

Ça et avouer qu’elle avait faim était identique.
La vue des poissons la mit en joie.


Ils sont très beaux et bien préparés. Je ne connais pas cette espèce, vous oui ?

Tout en dégustant le repas refroidi, Elisabeth narra ses péripéties personnelles.

La cascade est magnifique et l’eau d’une pureté parfaite. J’avoue y avoir fait un brin de toilette puis, sotte que je suis, je me suis endormie.
Mais vous donc, mon ami, à part la pêche et monter ces couches, à quoi passâtes-vous le temps ?
J’eus aimé que vous me laissiez un mot m’exprimant vos intentions. Vous avez trouvé le mien, j’espère ?


Elle l’écouta s’expliquer.
La nuit fut sereine sur les sommiers créés par Léonardo. L’ex-impératrice ne comprenait pas les réticences de ce dernier vis-à-vis du Champignon. Certes, ce n’était pas normal mais se réveiller à proximité d’un homme décédé des siècles avant elle ne l’était pas non plus.
Des gens entrevus à sa résurrection, point de traces. Le feu bien alimenté aurait pu les alerter ; cependant ils demeurèrent isolés.
Au matin, faisant fi des protestations de son compagnon, elle alla prier la déité locale et obtint sans problème un plantureux petit déjeuner.
Il faudrait bien, tôt ou tard, s’extraire de ce « paradis ». A part longer le fleuve, elle n’avait aucune idée sur la meilleure façon de procéder.


En le remontant, on trouvera peut-être des signes de vie d’autrui ? suggéra-t-elle faute de mieux. Ce n’est pas que je m’ennuie en votre présence ; d’autres sont ici, comme nous, j’en ai vu. Ont-ils trouvé quelque chose d’intéressant ? Si vous préférez nous pouvons végéter en ce lieu. Le Champignon pourvoit à tout. Vous avez trouvé de quoi nous alimenter au besoin, je sais où est l’eau potable. C’est vous qui voyez. Je ne suis qu’une faible femme après tout.


Faible, Elisabeth ne l’avait été que sous la contrainte d’un régime rigoureux. Le vent de liberté nouvelle qui soufflait ici lui donnait des ailes.
Elle se sentait prête à affronter tous les dangers, tous les combats hors la tyrannie des préjugés. Il lui sembla que le signor Da Vinci conservait des idées rétrogrades très arrêtées. Peut-être sa longue vie dans un état aux moeurs strictes le freinait-elle à l’ouverture d’esprit?
Elle escomptait bien le faire virer d’optique.
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